Tournesol ou soja en dérobé, une opportunité qu’il faut anticiper. Recommandations pratiques.

Claire Martin-Monjaret – Vincent Lecomte – Terres Inovia

Votre contact régional  : Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr)

Malgré l’augmentation des charges, l’intérêt économique des cultures dérobées (tournesol et soja en particulier), s’est accru en 2022 compte-tenu de prix de vente des graines très élevé Si l’estimation de la marge est alléchante, la mise en œuvre d’un tournesol en dérobé est conditionnée par des contraintes techniques et nécessite de l’anticipation. Tour d’horizon des recommandations avec Terres Inovia.

La culture du tournesol ou du soja en dérobé ne convient pas à toutes les situations 

Tournesol :  Un tournesol tous les 3 ans, c’est La fréquence de retour conseillée du tournesol dans la rotation. Il est donc recommandé de rester prudent dans les rotations intégrant fréquemment du tournesol en culture principale. De plus, et bien que règlementairement autorisée, la succession tournesol-tournesol reste déconseillée au regard du risque sanitaire qu’elle représente (mildiou notamment). Tournesol et soja : L’irrigation est indispensable.  En conduite pluviale, leur réussite du tournesol est beaucoup trop incertaine. Pour le soja en dérobé les besoins en eau d’irrigation du soja débutent dès le semis.  Le précédent doit libérer la parcelle tôt : le tournesol dérobé n’est envisageable qu’après une culture d’hiver récoltée tôt : un pois d’hiver précoce, une orge d’hiver (escourgeon) précoce, un ail voire une blé dur précoce en zone méditerranéenne, ou une culture spécifique comme un colza semence fauché et andainé. La structure du sol. Cette seconde culture est envisageable à condition que la structure du sol soit correcte car il faudra le travailler à minima afin de conserver l’eau résiduelle.

Anticiper les préparatifs et choisir de préférence des variétés très précoces

Mettre en place une culture en dérobé permettant de cultiver trois cultures en deux ans, relève d’une stratégie d’opportunité. Sa réussite passe d’abord par la commande anticipée des semences de précocité adaptée et suffisamment tôt pour semer rapidement à la récolte du précédent.  Eventuellement, il est envisageable de récolter le précédent légèrement plus précocement suivi d’une ventilation séchante voire du séchage de la récolte (cas d’une orge).

⬧ Pour le tournesol, le semis devra être réalisé (de préférence avec une variété très précoce) au cours des deux dernières décades de juin et au plus tard le 05 juillet : avec une variété précoce le semis est conseillé jusqu’au 25 juin, possible jusqu’au 1er juillet ; avec une variété très précoce le semis est conseillé jusqu’au 1er juillet, possible jusqu’au 5er juillet. ⬧ Pour le soja : Semer le plus tôt possible avec une variété de groupe 0 (avant le 5juillet), 00 ou 000 (avant le 10 juillet), 1 jour de gagné au semis c’est 4 jours à la récolte.  Adaptez la densité pour viser un objectif de peuplement de 450 000 plantes pour un groupe 0, 500 000 et 550 000 pour un groupe 00 et 000 respectivement.

Récolter avant mi-octobre 

Les conditions météorologiques de l’année et le choix de la précocité vont conditionner la date de récolte. Pour le tournesol, il est possible de récolter à partir de 18% d’humidité car les derniers points d’humidité sont très longs, voire impossible à gagner et la qualité de la graine commence à se dégrader (augmentation de l’acidité). Le séchage de la récolte pourra être nécessaire et occasionnera un coût qu’il faut prendre en compte dès le semis.

Tournesol en dérobé : conseils pratiques  

Préparer son sol : la levée doit être sécurisée par un sol suffisamment humide ou un minimum de pluviométrie dans les 3 jours suivant le semis ou assurée par une irrigation (15 à 20 mm). En cas de précédent orge, l’idéal est de pouvoir réaliser un semis avec un semoir équipé d’un chasse-paille rotatif. Une fissuration sur la ligne peut être envisagée. Dans tous les cas, limiter au maximum le nombre de passage. 

Semer au plus vite : semez le plus rapidement possible après la récolte du précédent à 70 000 graines/ha. Un jour gagné en date de semis correspond à quatre jours gagnés à la récolte, et une densité levée suffisante permet une maturation plus rapide des capitules.

Désherber selon le précédent :
• Précédent colza : désherbage de prélevée incontournable avec programme à base de Racer ME 2 à 3 l/ha. Les repousses de colza non contrôlées empêchent le développement du tournesol.
• Précédent pois : le binage reste la meilleure des solutions pour contrôler les repousses.
Si une application de Nirvana a été effectuée sur pois, ne pas réaliser de tournesol dérobé.

• Précédent orge : le désherbage des repousses est incontournable en rattrapage ou en prélevée.

Fertiliser au cas par cas :
• Bore : un apport en végétation est conseillé car le risque de carence est accru (coups de chaud avant floraison).
• Azote : l’apport est inutile derrière pois et colza. Si l’orge a obtenu un rendement correct, il faudra prévoir un apport d’azote de l’ordre de 40 unités en végétation avant un tour d’eau ou une pluie annoncée.
Irriguer est indispensable : Un premier tour d’eau avant la floraison est souvent nécessaire.Récolter le plus tôt possible, dans de bonnes conditions (sol bien ressuyé), sans attendre

Soja dérobé : conseils pratiques  

Sans irrigation, pas de soja dérobé. Les besoins en eau d’irrigation débutent dès le semis (15mm en sol limoneux, 20mm en sol argileux) pour sécuriser la levée et le peuplement. Il est à renouveler en fonction des conditions météorologiques. Une fois implanté, l’irrigation accompagnera le développement de la culture, avec des tours d’eau de 30-40 mm tous les 8-10 jours et devra être maintenue jusqu’à fin septembre pour assurer le bon remplissage des gousses… Ces apports seront modulés en fonction des précipitations et d’un éventuel Outil d’Aide à la Décision. 

Pour un objectif de rendement 28-30q/ha :  en sol superficiel, compter un volume total de 200-250 mm en 7-8 tours d’eau ; en sol profond compter un volume total de 100-150 mm en 3-4 tours d’eau.Soigner la gestion des adventices pour limiter la concurrence. Moins haut et moins ramifié qu’en culture principale le soja mené en dérobé est moins concurrentiel des adventices.   Privilégier un désherbage de post-levée (type Pulsar 40, Davai, Basagran SG, Corum ou divers antigraminées foliaires si besoin) à pleine dose ou en fractionnement en fonction de la flore et de la spécialité commerciale choisie. Eviter les heures chaudes de la journée et les hygrométries trop faibles. Côté désherbage mécanique, les plages d’intervention doivent être décidées de manière à épargner le soja et à maximiser les chances de destruction des mauvaises herbes. Binage (sans protège plants) à partir du stade 1ère feuille trifoliée.

Marges brutes et charges tournesol-soja en dérobé en 2022

Quelle que soit la classe de profondeur de sol (profond, intermédiaire ou superficiel), le contexte 2022 est économiquement particulièrement propice la culture de tournesol en dérobé, mais aussi de soja. En effet la croissance du produit brut prévisionnel observée entre les prix moyens de 2019 à 2021 et ceux de 2022 est plus importante que l’augmentation des charges (charges opérationnelles + frais d’irrigation et de séchage). Les marges brutes indiquées, incluant les frais d’irrigation et de séchage, représentent un complément de marge très significatif. Le graphique ci-dessous Illustre une situation sur un sol de type intermédiaire (RU de 130 mm) :  la marge pour un tournesol à 18 q/ha après un pois d’hiver s’élèverait à 1019 €/ha en 2022 contre 358 €/ha de moyenne sur 2019-2021

Pour en savoir plus : simulations date de récolte, simulation des marges sur situations en sol superficiel ou sol profond, sur les frais de séchage des graines et barèmes de séchage : www.terresinovia.fr – Actus de campagne tournesol (connexion avec identifiant).

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31