Protéger le colza face au risque de grosses altises adultes : point sur les solutions insecticides

Arnaud Micheneau – Terres Inovia

Vos contacts régionaux : Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées, Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Occitanie

Un colza à 4 feuilles avant le 20 septembre. Tel est l’objectif à atteindre pour éviter les dégâts d’adulte de grosses altises. Toutefois, le manque d’anticipation dans les préparations de sol, conjugué à des conditions sèches sur août ne permettent pas toujours d’atteindre cet objectif. La lutte insecticide reste alors le dernier recours en cas d’attaque sévère. Point sur les évolutions réglementaire en matière d’insecticide, et sur les efficacités de solutions restantes.

Recourir aux insecticides uniquement dans les situations qui l’imposent, pour en préserver l’efficacité.

De la levée jusqu’au stade 3 feuilles, le colza est particulièrement sensible aux dégâts de destruction foliaire, causés notamment par les adultes de grosses altises. A partir de 4 feuilles, la plante entre en croissance active. Ses besoins en somme de température diminuent pour l’émission de nouvelle feuille. Par conséquent, son développement s’accélère et l’émission de nouvelle feuille est plus rapide que la destruction causée par le coléoptère. 

Toute application non essentielle est à proscrire car elle va accentuer la pression de sélection de résistance de la grosse altise aux pyréthrinoïdes, dernière solution insecticide encore disponible et efficace. Toute application   réalisée lorsque le seuil de nuisibilité n’est pas atteint ou lorsque le colza a atteint le stade 4 feuilles est considérée comme non essentielle. 

 Jusqu’à 3 feuilles du colza, le seuil de nuisibilité est fixé à 25% de surface foliaire détruite sur 80% des plantes.  Plus l’attaque a lieu précocement (cotylédon 1 feuille) plus il est important d’être réactif. 

Une image contenant insecte

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Les solutions à base de pyréthrinoïdes deviennent le seul recours insecticide 

Phosmet : fin des usages au 01/11, des stocks disponibles très limités.

Suite à la non ré-approbation de son homologation, le phosmet est retiré depuis le 1er mai, et les applications prendront fin au 1er novembre. Ce délai de grâce peut permettre l’utilisation de produits à base de cette matière active (Boravi WG) pour des applications de septembre début octobre sur la cible adulte de grosses altises, sa disponibilité est actuellement très réduite. Ainsi, dès 2022, le recours aux solutions insecticides sur adultes de grosses altises ne reposera que sur les solutions à base de pyréthrinoïdes.

Point sur les efficacités des pyréthrinoïdes

Dans le sud-ouest, les pyréthrinoïdes conservent une certaine efficacité vis-à-vis des adultes de grosses altises. Les différents essais réalisés ces dernières années mettent en évidence des efficacités globalement satisfaisantes (fig.1). Elles restent toutefois en retrait comparées aux efficacités obtenues avec le Boravi WG, du fait d’une moins bonne régularité. Néanmoins, en cas de forte attaques, le recours aux pyréthrinoïdes permettra de sauver la culture.

Quelle pyréthrinoïde choisir ? Parmi les différentes pyréthrinoïdes, on peut relever quelques différences d’efficacité à 3 jours et à 7 jours après application. L’observation à 3 jours permet de traduire « l’effet choc » des solutions. Les meilleures efficacités sont obtenues par les pyréthrinoïdes en « ines » telles que la lambda-cyhalothrine (Karaté Zeon) ou la deltaméthrine (Decis Protech) notamment, au même titre que l’étofenprox (Trebon). L’esfenvalérate (Mandarin) est quant à lui en retrait. 

A 7 jours après application, les pyréthrinoïdes en « ine » restent globalement les plus pertinentes, tandis que l’étofenprox comme l’esfenvalérate présentent un léger décrochage. Cette observation à 7 jours traduit le compromis entre « effet choc » et persistance d’action.

En conclusion, si l’usage d’une pyréthrinoïde permettra en cas de nécessité le contrôle des attaques d’adultes de grosse alise, un colza à 4 feuilles avant leur arrivée est le meilleur moyen de lutte. Dans cet objectif, la réussite de l’implantation est cruciale.

Pourcentage de plantes avec plus de 25% de surface foliaire détruite par la grosse altise adulte, 14 jours après traitement avec une pyréthrinoïde (Decis Protech) ou du phosmet (Boravi WG) à deux dosages, Agen 2016

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31