M. Abella – Terres Inovia
La réussite de l’implantation est primordiale dans le cursus d’obtention d’un tournesol robuste. La préparation en vue du semis est l’une des étapes clé de l’implantation; elle nécessite d’être réalisée dans des conditions d’humidité de sol optimales.
Deux enjeux majeurs pour la préparation au semis
Ne pas dégrader l’état structural du sol.
Sur les sols argileux, les opérations d’automne ont dû permettre l’obtention d’une structure ouverte sur les 20-30 premiers centimètres de sol, avec une majorité de mottes non tassées et une absence de lissage, afin que les pivots du tournesol soient le moins possible coudés ou fourchus, et atteignent au moins 20cm de profondeur. Cet état structural doit absolument être préservé durant la préparation au semis. Obtenir un lit de semence qui comporte au moins autant de terre fine que de mottes pour assurer un bon contact terre-graine. Attention, un trop grand nombre de passages entrainerait un excès de terre fine, qui peut être préjudiciable dans les sols sensibles à la battance ou à l’érosion.
L’hiver 2024 a été globalement humide, et même très pluvieux dans plusieurs secteurs du sud-ouest. Les premiers travaux de reprise devront être réalisés sur des sols bien ressuyés sur l’intégralité du profil travaillé. Cela invite bien évidemment à un suivi régulier de l’état d’humidité du sol, afin de déclencher les opérations de reprise au bon moment.
Type d’outils, nombre de passage ? Une réflexion est indispensable
Pour décider des modalités de reprise à mettre en œuvre, quelques règles fondamentales sont à respecter.
Règle n°1 : travailler des sols ressuyés, à consistance friable sur tout le profil travaillé (les mottes, pétries dans la main, s’émiettent sans coller et donnent de la terre fine). En fin d’hiver, le travail profond des sols argileux est à éviter, hormis en conditions exceptionnelles de parfait ressuyage sur la profondeur de travail qui peuvent ponctuellement être rencontrées et offrir des possibilités de fissuration et d’aération du sol. Pour les sols limoneux, un travail profond de fissuration ou un labour peuvent, s’ils sont nécessaires, être envisagés même tardivement, juste avant le semis du tournesol.
Règle n°2 : le choix et les conditions d’utilisation des outils de travail du sol. Outre l’état du sol au moment de l’intervention, ces deux autres critères s’avèrent déterminants pour réussir la préparation au semis. Privilégier les outils à dents non animés pour préparer le lit de semences. Si 2 passages sont envisagés, le 1er peut être réalisé à 10-15cm de profondeur, sans rouleau pour favoriser le réchauffement du sol. Le 2ème passage à 6-8cm aura pour objectif principal de niveler et d’affiner; Combiner les outils pour limiter le nombre de passages ; Lutter contre la compaction du sol, en utilisant des équipements de type roues jumelées ou pneus basse pression. En l’absence de tels équipements, vérifier et adapter la pression des pneumatiques.
Focus sur les faux semis printaniers
Sur des flores printanières et estivales qui lèvent tôt en saison comme l’ambroisie, la renouée liseron, le xanthium ou même un peu plus tardivement le datura, le faux-semis peut s’avérer efficace pour réduire les infestations dans le tournesol.
Le faux-semis consiste à réaliser un travail superficiel du sol assez tôt en saison pour faire lever les adventices, bien rappuyé avec un rouleau et positionné de préférence avant une pluie. 1 à 3 semaines après, on détruira ces levées, soit chimiquement dans les situations où le glyphosate est autorisé, soit mécaniquement, en veillant à remuer le sol le moins possible pour éviter de provoquer de nouvelles germinations. Cette stratégie s’accompagne souvent d’un décalage de la date de semis (de 15 à 20 jours), pour pouvoir réaliser ces interventions.
Attention, des semis tardifs de tournesol, au-delà du 1er mai, peuvent pénaliser les résultats de la culture. Un compromis est donc à trouver entre bénéfices retirés du faux-semis, et risques occasionnés pour le tournesol. Ce décalage de la date de semis est à réserver aux situations où la priorité est mise sur la gestion des flores problématiques. En effet, en l’absence de ces adventices il n’est pas spécialement conseillé de décaler le semis du tournesol, pour ne pas risquer d’entamer le potentiel de rendement.
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Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)