Après une année 2024 où les rendements étaient au rendez-vous, grâce à une météorologie propice à l’élaboration du rendement et dans l’hypothèse où les bioagresseurs (maladies, pucerons verts) avaient été contenus, il est maintenant temps de se projeter sur la campagne 2025. La qualité de l’implantation des protéagineux d’hiver et du pois de printemps joue un rôle clé dans la maitrise des maladies et du rendement final. Tour d’horizons des points clés pour sécuriser les semis.
Choix d’une parcelle non hydromorphe avant tout
Le choix d’une parcelle non hydromorphe est le critère numéro 1. C’est un facteur important dans le risque de dégâts de gel et de développement des maladies. Par ailleurs, rappelons l’importance du développement des nodosités, nécessitant une bonne aération du 1er horizon. Si certaines parcelles se prêtent plus à l’hydromorphie que d’autres, l’absence de rupture de porosité du sol doit être assurée par la préparation du sol en amont, afin de favoriser au maximum les conditions de ressuyage. A noter que la féverole présente une meilleure tolérance à l’hydromorphie par rapport à un pois ou un blé.
Choisir une culture et une variété adaptées au type de sol :
- Le pois d’hiver ou de printemps s’adapte à de nombreux contextes de sols. Il faudra néanmoins faire attention à bien choisir des variétés avec une bonne tolérance à la chlorose ferrique (pois de printemps moins sujet) pour les limons froids et les sols calcaires. Cette carence, même si elle est passagère, peut affaiblir les plantes les rendant plus sensibles à d’autres problématiques telles que les maladies.
- La féverole d’hiver s’adapte également à de nombreux types de sol mais se développera mal sur les sols acides (pH<5.5). Pour les sols basiques (pH<7.5) des carences en bores sont possibles, nécessitant de corriger la situation par un apport de 300g/ha avant début floraison.
Le délai de retour de 5-6 ans entre 2 légumineuses de rente reste une règle importante dans l’insertion des légumineuses dans une rotation afin d’éviter la prolifération de certains bioagresseurs communs tel que l’aphanomyces (le Sud-Ouest est peu/pas concerné à ce jour mais d’autres maladies telluriques sont communes et à risque). A noter que si le pois d’hiver évite en partie l’expression de l’aphanomyces en raison de son cycle décalé, la culture peut entretenir l’inoculum. Les parcelles à risque sont à éviter.
Plus d’informations sur les légumineuses sensibles ou résistantes à aphanomyces sur notre site internet : www.terresinovia.fr)
Le travail du sol, garant du risque d’hydromorphie et de maladies
Attention à vérifier et corriger la structure du sol par un travail adapté. Le pois et la féverole, comme toutes les légumineuses, sont sensibles aux compactions, limitant leur enracinement et la mise en place des nodosités. Il est recommandé d’assurer une bonne structure sur minimum 15-20 cm, zone où s’opère l’essentiel de l’exploration des radicelles et de la mise en place des nodosités. Pour assurer l’autonomie azotée de la légumineuse, la symbiose nécessite un sol aéré pour capter l’azote de l’air présent dans ce 1er horizon du sol. En conséquence, vigilance pour les sols à risque de compaction et/ou d’anoxie tels que les sols séchants, les argiles lourdes et les limons battants et hydromorphes pouvant entraver l’alimentation des pois et féveroles.
Également la préparation du lit de semence doit être soignée sur 8-10 cm afin de permettre d’enterrer à une bonne profondeur les graines et améliorer le contact sol-graine. Le pois demande un lit de semence fin (agrégats <10 mm). A l’inverse la féverole peut s’accommoder d’une préparation plus grossière (agrégats de 2-3 cm). En cas de risque de battance, n’hésitez pas à laisser quelques mottes de 5-6 cm pour limiter le risque.
Eviter la surdensité, pour limiter les maladies et le coût en semences
Le pois et la féverole d’hiver ramifiant plus que les types printemps, il est conseillé de ne pas dépasser les densités recommandées au risque de développer des couverts trop denses au printemps, favorisant les maladies telles que le colletotrichum et l’ascochytose pour le pois ou le botrytis pour la féverole. De plus, la surdensité augmente inutilement la charge en semences pour un risque de perte de rendement plus grand.
Date de semis et profondeur, leviers incontournables pour se prémunir du risque de gel et de maladies
Les dégâts de gel, favorisant l’installation de maladies telles que le colletotrichum ou la bactériose en pois et le botrytis en féverole, sont souvent les premiers facteurs de stress pouvant impacter le potentiel des protéagineux. La date et la profondeur de semis sont des points à prendre en compte.
Deux conditions sont nécessaires pour limiter le risque de gel et de maladies :
- Retarder les semis afin d’éviter d’avoir des plantes trop développées en sortie d’hiver. Pour rappel, la tolérance au froid est maximale à 2-3 feuilles et chute drastiquement vers 6-8 feuilles. Cette stratégie de semer tard est d’autant plus importante avec des mois d’octobre et début novembre très doux, propices à la croissance excessive des protéagineux. Privilégier les semis de mi-novembre à fin décembre.
- Protéger l’épicotyle, zone la plus sensible au gel. Semer à 5-6 cm de profondeur les pois d’hiver et 7-8 cm les féveroles d’hiver. Les graines étant vigoureuses, la levée peut s’opérer sur plus d’1 mois si nécessaire sans conséquence sur le potentiel. Favoriser les semoirs à dents afin d’enterrer convenablement les graines.
Une fertilisation P et K modérée mais nécessaire
Le pois et la féverole nécessitent une fourniture moyenne en phosphore et potasse, éléments jouant un rôle important dans le métabolisme notamment dans l’enracinement et la nodulation. Comptez 50-60 u de phosphore et 70-80 u de potasse selon la fourniture du sol et les apports réalisés à l’échelle de la rotation.
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Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Occitanie