Graminées dans le colza : adopter la bonne stratégie

Auteur Franck DUROUEIX (f.duroueix@terresinovia.fr) – Responsable protection intégrée des cultures Intrant & Biocontrôle

La pression du ray-grass augmente et les graminées deviennent une cible prioritaire dans les systèmes de culture. Le salissement des céréales à paille est localement significatif à cause des conditions climatiques compliquées l’automne dernier pour correctement positionner les herbicides. La gestion passe par l’agronomie et le bon usage des herbicides.

Activer les leviers agronomiques

Les leviers agronomiques connus à l’échelle de la rotation doivent être activés. Ils sont incontournables. Dans les situations extrêmes, le recours à un labour d’opportunité n’est pas une aberration. Réalisé avec rasettes, il présente l’avantage de remettre à un niveau plus acceptable le stock grainier concentré en surface. Les faux semis, en interculture courte (avant blé) ou longue (en culture de printemps) est efficace et incontournable, surtout lorsque les levées conséquentes à cette pratique sont détruites au glyphosate.

Choisir et bien positionner l’herbicide de prélevée

Dans les situations où le ray-grass et le vulpin posent problème, la postlevée avec propyzamide (KERB FLO, IELO, etc.) est régulièrement insuffisante. Les cas les plus fréquents sont ceux où l’application d’herbicides de prélevée fait défaut. Une application de pré semis incorporé avec napropamide (COLZAMID) ou de prélevée efficace est incontournable pour un programme optimal.
Il faut rappeler que la napropamide, en pré semis incorporé est certes contraignante mais reste de loin la solution la plus efficace contre le vulpin et le ray-grass. Dans la gamme des herbicides de prélevée, seuls les produits à base de métazachlore, de dimétachlore, de dmta-P et de péthoxamide sont efficaces sur ray-grass. 

Mais attention, sur vulpin, ce sont les herbicides à base de métazachlore qui sont préférentiellement conseillés (NOVALL, ALABAMA, RAPSAN TDI, SULTAN, BANDONEON, etc.).

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Description générée automatiquementSynthèse des efficacités sur vulpins et ray-grass des applications au semis (essais de Terres Inovia)

La postlevée précoce peut être défaillante contre le ray-grass.
Les conditions sèches de fin d’été ont, ces dernières années, orienté les producteurs vers la postlevée précoce avec des produits de prélevée tels que NOVALL ou ALABAMA appliqués du stade rayonnant du colza (stade cotylédons) afin d’être sûr de rentabiliser l’investissement. L’objectif est que l’herbicide soit en condition plus favorables d’humidité.
 
Dans ce cas, la lutte contre les dicotylédones gagne en efficacité (sauf sur géranium). Mais la gestion des graminées peut faire défaut notamment sur ray-grass. Une importante partie des ray-grass lève au même moment que le colza. Or, l’herbicide racinaire n’agit qu’en prélevée de la mauvaise herbe (antigerminatif). C’est la raison pour laquelle la postlevée précoce manque d’efficacité et n’est pas conseillée contre ray-grass. Le phénomène est différent en lutte contre vulpin dont la majeure partie lève après le colza. Dans ce cas, une postlevée précoce avec un herbicide de prélevée conserve tout son potentiel.

Maintenir des bonnes conditions d’efficacité de la propyzamide

Tous les ans, des insatisfactions sur l’efficacité de la propyzamide sont signalées. La première question posée est celle de la résistance. Mais dans les faits, aucune population de vulpins ou de ray-grass résistants à la propyzamide n’a été découverte en grandes cultures en France.
Les défauts d’efficacité s’expliquent le plus souvent par des populations plus nombreuses et plus développées au moment de l’application de la propyzamide en entrée d’hiver. Pour optimiser l’efficacité de la substance active, l’application doit se faire en conditions de sol humide et fraiches (t° du sol inférieure à 10-12°c) et suivi des pluies suffisantes (20 mm dans les 10 jours après application) sur les mois de novembre voire décembre au maximum ; et sur des adventices peu développées. La vigilance est d’éviter les applications avant des précipitations très importantes pour limiter l’impact sur la qualité de l’eau. Enfin, il faut savoir être patient car l’efficacité de la propyzamide se juge 3 mois après l’application. Dans un souci règlementaire et de qualité des eaux, l’application unique est la règle de base.Une image contenant plein air, herbe, légume, Graine de plante

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Gérer les repousses de céréales avec les antigraminées foliaires

Ils sont principalement employés contre repousses de céréales (en application précoce vers 2-4 feuilles du colza), brome ou folle-avoine et la plupart nécessite l’emploi d’un adjuvant. En application précoce et contre repousses, la dose peut être modulée. Les adjuvants à base d’huile végétale sont les seuls conseillés (Mix-in, Actilandes, Actirob, Adenda…). L’utilisation de ces herbicides contre ray-grass et vulpin est souvent un échec en raison de phénomènes de résistances aux inhibiteurs de l’ACCase. La résistance aux herbicides à base de cléthodime (CENTURION, OGIVE VXT, FOLY R, etc..) est un peu moins fréquente, mais le nombre de cas progresse à grand pas. Pour des questions de sélectivité, attention aux applications de cléthodime en période hivernales ou en phase de reprise du colza. Le recours à ces herbicides foliaires, quand ils fonctionnent encore doit être exceptionnelle (rattrapage d’une prélevée défaillante) sinon la résistance va vite s’installer. Dans ce cas et pour réduire ce risque, appliquez ensuite un herbicide à base de propyzamide (type KERB, IELO, etc.).

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Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Occitanie

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31