Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) / Franck Duroueix (f.duroueix@terresinovia.fr)
Dans le Sud-Ouest, la pression du ray-grass augmente chaque année et cette graminée devient une cible prioritaire dans les systèmes de culture. Pour Terres Inovia la solution passe par l’agronomie et le bon usage des herbicides.
Activer les leviers agronomiques
Les leviers agronomiques connus à l’échelle de la rotation doivent être activés. Ils sont incontournables. Dans les situations extrêmes, le recours à un labour d’opportunité n’est pas une aberration. Réalisé avec rasettes, il présente l’avantage de remettre à un niveau plus acceptable le stock grainier concentré en surface. Cette pratique, à réserver aux situations les plus complexes en matière de ray-grass, est à privilégier immédiatement après la récolte de la céréale précédente (idéalement dans les 48h). Le faux semis, en interculture courte (avant blé) ou longue (en culture de printemps) est efficace et incontournable, surtout lorsqu’il est ensuite détruit au glyphosate. Un meilleur équilibre entre cultures de printemps et cultures d’hiver permet également de « casser » le cycle de ces graminées.
L’utilisation à bon escient des herbicides de prélevée
Dans les situations où le ray-grass est une cible prioritaire, la postlevée avec propyzamide (KERB FLO, IELO, etc.) se montre parfois insatisfaisante. Les cas les plus fréquents sont ceux où l’application d’herbicides de prélevée fait défaut. Une application de présemis incorporé avec napropamide (COLZAMID, etc.) ou de prélevée efficace est incontournable pour un programme optimal.
Il faut rappeler que la napropamide, en présemis incorporé est certes contraignante mais reste de loin la solution la plus efficace contre le ray-grass, car moins exposée au sec. Dans la gamme des herbicides de prélevée, seuls les produits à base de métazachlore, de dimétachlore, de dmta-P et de péthoxamide sont efficaces sur ray-grass.
La postlevée précoce peut être défaillante contre le ray-grass
Les conditions sèches de fin d’été ont orienté les producteurs vers la postlevée précoce avec des produits de prélevée, tels que NOVALL ou ALABAMA, appliqués du stade rayonnant (stade cotylédons) afin d’être sûr de rentabiliser l’investissement. L’objectif est que l’herbicide soit appliqué en conditions plus favorables d’humidité.
Dans ce cas, la lutte contre les dicotylédones gagne en efficacité (sauf sur géranium). Mais la gestion des graminées peut faire défaut notamment sur ray-grass. Une importante partie des ray-grass lève au même moment que le colza. Or, l’herbicide racinaire n’agit qu’en prélevée de la mauvaise herbe (antigerminatif). C’est la raison pour laquelle la postlevée précoce manque d’efficacité et n’est pas conseillée contre ray-grass. Le phénomène est différent en lutte contre vulpin dont la majeure partie lève après le colza. Dans ce cas, une postlevée précoce avec un herbicide de prélevée conserve tout son potentiel.
Limiter l’investissement au semis pour éviter trop de perte en cas de retournement
Face aux incertitudes sur l’implantation de la culture (levées tardives et attaques précoces d’altises adultes), on peut être tenté de faire l’impasse de prélevée pour n’investir dans les herbicides qu’une fois la réussite de l’implantation actée (levée régulière avant le 5-10 septembre). Ceci est très facile contre les dicotylédones, avec MOZZAR en post-levée notamment. Cependant, l’impasse n’est pas conseillée en moyenne ou forte pression des graminées. Il faut donc maintenir une application de prélevée mais il est possible d’optimiser son application.
Limiter l’investissement au semis, c’est choisir un herbicide de prélevée (ou COLZAMID en présemis incorporé) très basique mais qui reste optimal dans la lutte contre les graminées. Les solutions à base de métazachlore (SULTAN, RAPSAN, SPRINGBOK) ou de dimétachlore (TEROX, COLZOR UNO) seront privilégiés sur ray-grass. Le coût sera alors compris entre 30 et 45 €/ha. La suite de l’investissement sera réalisé une fois l’implantation réussie, contre les repousses de céréales, les dicotylédones ou pour « terminer » le contrôle des graminées avec la propyzamide (KERB FLO, etc,.)
Les différentes stratégies sont résumées dans le tableau ci-contre.
Les antigraminées foliaires, une solution surtout axée contre les repousses de céréales
Ils sont principalement employés contre les repousses de céréales (en application précoce vers 2-4 feuilles du colza), brome ou folle-avoine et la plupart nécessite l’emploi d’un adjuvant. En application précoce et contre repousses, la dose peut être modulée. Les adjuvants à base d’huile végétale sont les seuls conseillés (Mix-in, Actilandes, Actirob, Adenda, etc.). L’utilisation de ces herbicides contre ray-grass et vulpin est souvent un échec en raison de phénomènes de résistances aux inhibiteurs de l’ACCase. La résistance aux herbicides à base de cléthodime (CENTURION, OGIVE VXT, FOLY R, etc.) est un peu moins fréquente, mais le nombre de cas progresse à grand pas. Le recours à ces herbicides, quand ils fonctionnent encore doit être exceptionnelle (rattrapage d’une prélevée défaillante) sinon la résistance va vite s’installer. Dans ce cas et pour réduire ce risque, appliquez ensuite un herbicide à base de propyzamide (type KERB, IELO, etc.).
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Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Ouest Occitanie