Publié le 16 juillet 2020
Obtenir un colza robuste, moins vulnérable aux assauts des bioagresseurs et aux aléas climatiques, repose en premier lieu sur la qualité de l’implantation. Le point sur les étapes à ne pas négliger pour mettre son colza sur la voie de la réussite.
Ce qui se passe avant le semis, et la manière dont se déroule celui-ci, conditionne une grande partie de la réussite du colza. Le résultat à atteindre : une culture au stade 4 feuilles avant début octobre, qui reste en croissance active durant l’automne.
Travail du sol : préserver au maximum l’humidité pendant l’interculture
Les travaux d’interculture doivent permettre d’obtenir un sol affiné en surface et fissuré en profondeur, tout en préservant l’humidité. Ces enjeux, contradictoires, nécessitent de raisonner le travail du sol en le limitant au strict nécessaire, et de le réaliser au plus tôt après la récolte afin de réduire le risque de desséchement. Des interventions tardives mettront le colza en grande difficulté si la pluviométrie est limitante. Dans les sols argileux, il est conseillé de rappuyer le sol après chaque passage d’outil pour préserver l’humidité.
Cette année, certains secteurs ont reçu des cumuls de pluie importants en juin, l’humidité du sol à la récolte peut y être conséquente. Dans ce cas et de façon exceptionnelle, il convient de retarder les interventions afin d’éviter la formation de mottes.
Être prêt à semer début août
Dans les situations à faible réserve en azote minérale, et sous réserve de disposer de variétés peu sensibles à l’élongation, les semis doivent être particulièrement précoces. Il s’agit de parcelles sur sols superficiels, sols argilo-calcaires et argileux, et/ou avec un pH élevé, ainsi que des situations en semis direct ou si le colza est associé à des légumineuses. Dans ces cas de figure, il est indispensable d’être prêt dès le début du mois d’août et de semer avant le 20 août.
En sols profonds, à forte disponibilité en azote, les températures favorables et l’azote disponible justifient des semis moins précoces. Dans ces cas de figure, il conviendra d’être en mesure de semer à partir de la mi-août, pour un semis réalisé avant le 30 août.
La décision de semer doit ensuite être prise en fonction des prévisions météo : le déclenchement du semis sera conditionné par l’annonce d’une pluie. Semer juste avant une pluie de 7-10mm est idéal, même dans le sec à condition que le sol soit prêt.
Raisonner la profondeur de semis : 2 cm en condition optimale d’humidité
La profondeur de semis se raisonne selon l’humidité du sol afin de favoriser une levée rapide.
– En sol sec sur les 3 ou 4 premiers centimètres, mais restant frais en dessous, semer jusqu’à 4 cm afin de positionner la graine au contact de la fraîcheur.
– En sol sec sur 5 cm et plus, semer à 2 cm dès lors qu’une pluie de 7-10 mm est annoncée pour favoriser une germination rapide. La graine germera dès que le sol sera réhumecté : on considère que 1 à 1,5 mm de pluie sont nécessaire pour réhumecter 1 cm de sol. Si les précipitations sont inférieures aux 7-10 mm annoncés, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination, la jeune racine ayant des difficultés à se développer dans une zone sèche : c’est la situation la plus délicate.
– Sans pluie effective, ni annoncée au 20 août, semer alors à 4 cm de profondeur pour attendre une pluie significative.
S’assurer d’une disponibilité en azote et phosphore suffisante pour une croissance dynamique et continue à l’automne
Les sols peu pourvus en phosphore étant fréquents dans le Sud, un apport au semis est recommandé car des carences – même modérées – contribuent à une réduction de croissance.
Dans les parcelles à faible disponibilité en azote à l’automne, il est conseillé de réaliser un apport avant le semis, qu’il soit organique (fientes, lisiers, digestats, fumiers peu pailleux) ou minéral. Pour l’azote minéral, viser 10 unités d’azote en localisé ou 30 unités en plein, en veillant au respect de la Directive Nitrates. Enfin, à l’échelle de la rotation, certains précédents permettront de limiter les apports d’azote ; soulignons ainsi l’intérêt de positionner le colza après des cultures laissant de l’azote disponible, tels que des protéagineux.
Matthieu Abella – Terres Inovia
- À retenir /
- Travail du sol : décider en mai-juin en observant le sol dans la culture précédente. Un diagnostic de l’état structural du sol dans le précédent permet de déterminer s’il faut travailler le sol et à quelle profondeur, en fonction de la localisation de la zone tassée.
- Bannir les outils animés. Le semis combiné avec herse rotative ou outil animé est à proscrire pour l’implantation du colza : dessèchement important du sol par évaporation accompagné souvent d’un excès de terre fine et/ou de micro-mottes selon la texture du sol.
- Ne pas créer de mottes. Intervenir dans des conditions d’humidité du sol adaptées afin d’éviter la formation de mottes qui seront très difficiles à récupérer par la suite.
- Semer tôt, même dans le sec. La graine de colza se conserve très bien dans le sol. Attendre la pluie, c’est courir le risque de passer à côté de celle qui fera lever la culture au plut tôt.