Publié le 27 juillet 2020
La progression du verticillium dans le Sud-Ouest nécessite la surveillance des parcelles pour prendre les mesures limitant l’expansion de cette maladie. Le complexe parasitaire du tournesol évolue et doit être pris en compte pour préserver le rendement et assurer la pérennité de la culture dans les assolements.
La visite sanitaire des tournesols durant l’été devient un rendez-vous incontournable pour la réussite de la culture. Aujourd’hui, une application mobile vous accompagne pour faciliter ce diagnostic au champ.
Reconnaître et lutter contre le verticillium
Signalé pour la première fois en France en 1971, le verticillium est une maladie dont on observe depuis quelques années la montée en puissance. En 2019, dans le Sud-Ouest, près de 2 parcelles de tournesol sur 3 présentaient des symptômes de verticillium (moins d’une parcelle sur 3 en 2014 ans), avec de fortes attaques (>30% de pieds touchés) pour 44% d’entre elles. Les premières observations 2020 confirment cette progression, à la faveur de températures et humidité du sol favorables au développement de la maladie.
Savoir reconnaître les symptômes de verticillium sans se tromper (ne pas confondre avec les symptômes d’une carence en bore ou du phomopsis sur feuille)
Verticillium : Petites taches jaune vif sur feuilles basses puis chlorose inter-nervaire plus ou moins large. Les tissus finissent par brunir et mourir. Les nervures restent vertes.
Carence en bore : Gaufrage puis décoloration de la feuille et grillure sèche de la base du limbe (zones inter-nervaires, côté pétioles).
Phomopsis sur feuille : Tache triangulaire brune qui se forme à partir du bord de la feuille. La tache progresse par les nervures du limbe vers le pétiole puis la tige.
La nuisibilité du verticillium est fonction de l’intensité de son attaque sur plante. La maladie progressant du bas vers le haut de la plante, la nuisibilité est d’autant plus forte que le nombre d’étages foliaires atteint est élevé. Les grillures de verticillium provoquent le dessèchement précoce et complet des feuilles, qui n’assurent donc plus leur rôle photosynthétique, le PMG est ainsi impacté.
Lorsque les symptômes atteignent le tiers supérieur de la plante, les pertes de rendement sont significatives. En 2019, ces situations représentaient 29% des parcelles enquêtées (cf. graphique) avec une nuisibilité de près de 2q/ha par tranche de 10% de plantes très touchées.
Trois leviers permettent de lutter contre cette maladie : la tolérance variétale, la diversification des rotations (prévention), la gestion des résidus de récolte.
Un diagnostic de la maladie au cours de l’été permettra, lorsque la présence de verticillium est observée de prendre les mesures adaptées. Si vous observez une forte attaque de verticillium cette année, préférez ne pas enfouir les cannes contaminées afin de favoriser la dégradation des microsclérotes par les aléas climatiques. Pour le prochain tournesol, vous orienterez votre choix variétal vers une variété TPS (Très Peu Sensible), voire PS (Peu Sensible), et il sera recommandé de diversifier la rotation en allongeant le délai de retour du tournesol un an sur quatre. Ce tour de plaine sera également l’occasion d’avoir une vision globale de l’état sanitaire des tournesols.
Une visite sanitaire est indispensable pour prendre les meilleures décisions
L’historique sanitaire des parcelles permet d’anticiper et de mettre en œuvre les pratiques permettant de gérer la pression parasitaire et adventices en perturbant leur installation. La visite sanitaire devient alors le rendez-vous incontournable de l’été !
Avec le diagnostic sanitaire de l’année en cours, vous prendrez les bonnes décisions sans attendre :
- Dès la récolte prochaine en organisant les chantiers de récolte et la gestion des résidus afin de réduire l’inoculum maladies ou le stock grainier. Exemple : récolter les parcelles infestées par l’orobanche cumana en dernier pour limiter sa dissémination et éviter de broyer les cannes, préférer enfouir les résidus dès que possible.
- Dès aujourd’hui dans les parcelles en intervenant directement par arrachage manuel pour limiter l’expansion des adventices envahissantes. Exemples : tournesol sauvage, xanthium… ou orobanche cumana
- Pour les prochaines implantations, en adaptant vos pratiques culturales. Exemples : apport de bore, stratégie et programmes de désherbage adapté à la flore adventice identifiée…
- En adaptant le choix variétal du prochain tournesol en fonction des maladies présentes (ou identifiées ?). Exemple : mildiou ou le verticillium, maladies gérées essentiellement par un choix variétal adapté
Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia