L’ours au pied du sapin à Noël, c’est formidable, mais l’ours qui attaque les troupeaux c’est une toute autre histoire et c’est ce que vivent beaucoup d’éleveurs Pyrénéens.
Comme le territoire pyrénéen de la Haute-Garonne est moins vaste que celui des autres départements de la chaîne, la Haute-Garonne est moins touchée par les attaques, mais l’ours vient aussi y faire son marché. Quel que soit le lieu de l’attaque, ce sont tous les éleveurs qui se sentent attaqués et qui sont solidaires.
Voici ce que raconte l’éleveur qui a perdu son cheval au-dessus de Luchon.
« Les experts de l’O ce national de la chasse sont venus, au-dessus de Luchon, pour constater qu’un étalon avait été attaqué par un ours. On ne sait pas si l’étalon a voulu se défendre, mais toujours est-il qu’il a été attaqué par derrière par l’ours, puis a été saisi par le cou. Il a ensuite été dépecé et semi enterré par l’ours, qui a voulu en faire un garde-manger.»
Même si le bilan de l‘année donne des chi res de victimes en diminution, il n’en demeure pas moins que les éleveurs qui se rendent en estives, partent pour beaucoup avec la peur au ventre. La vie des bergers au quotidien est racontée par
l’hebdomadaire «Terres d’Ariège»
Le bilan 2020 établi par l’hebdomadaire «Terres d’Ariège»
Malgré des chi res plus bas, les éleveurs restent très inquiets quant à la présence de l’ours dans les Pyrénées. Comme chaque année, la direction départementale des territoires (DDT) a publié le « bilan des dossiers de dommages de grands prédateurs » fait par l’O ce français de la biodiversité (OFB) sur la période du 1er janvier au 31 octobre 2020.
La saison d’estive 2020 décompte 538 dossiers de dommages réalisés parmi lesquels 530 ont fait l’objet d’un traitement. Parmi les 530 traités, seuls 457 ont été reconnus comme imputés à l’ours par les agents de l’OFB soit 55 dossiers pour lesquels une prédation par l’ours a été écartée. La saison 2020 a débuté en mai par de nouvelles mesures d’e arouchement à l’essai dans le département avec en particulier un prolongement de la durée de dérogation d’e arouchement pour les estives pré-datées en faisant la
demande. Une nouvelle globalement bien acceptée des éleveurs bien que toujours insu sante pour ces derniers.
Puis le mois de juin a commencé par la découverte d’un ours mort sur une estive de la commune d’Ustou, dans le Couserans. Une nouvelle qui a valu à l’Ariège de faire la Une des médias régionaux et de quelques médias nationaux.
A ce jour, aucune autre avancée n’a été annoncée. La mort de cet ours en Ariège a succédé à la mort de Cachou, un mâle retrouvé en avril en Catalogne espagnole. Après des mois d’enquête, un agent espagnol de l’environnement a été interpellé mi-novembre. Il serait soupçonné de l’avoir empoisonné.
Un mois de juillet éprouvant
Le mois de juillet a quant-à-lui été éprouvant pour les éleveurs et les bergers. Il a démarré avec le dérochement de 42 brebis à Ustou dont 16 d’entre elles sont restées bloquées en bordure de falaise pendant trois jours. Une opération de sauvetage a été lancée par les éleveurs le 3 juillet. Sur les 16 brebis coincées sur la falaise, seules six ont pu être sauvées. Dans la nuit du 15 au 16 juillet une bergère à l’estive
s’est retrouvée face à une mère et deux petits avant l’arrivée des agents e aroucheurs.
Terrorisée, elle s’est réfugiée derrière un rocher. Plus tard, dans la nuit, les agents de l’OFB ont également dû repousser une femelle et ses petits puis dans un second temps un mâle. Suites à ces événements importants, les attaques n’ont cessé de se succéder tout au long de l’été, au point que certains éleveurs ont décidé de redescendre leurs bêtes en prairie plus tôt que prévu.
Bilan of ciel et provisoire : baisse des morts
Bien que le nombre de dossiers réalisés et d’animaux morts ait baissé par rapport à 2019 – de 617 à 538 dossiers réalisés – il est important de prendre du recul sur ces chi res.
En e et, peu de dérochements ont été observés au cours de la saison ce qui est un soulagement pour les éleveurs. Pour autant le nombre d’attaque a fortement augmenté.
Si l’on regarde proportionnellement, certes il a eu au total 372 pertes de moins par rapport à l’année dernière mais seulement 79 dossiers de moins également. Les attaques ponctuelles d’ours sur une ou deux bêtes sans créer de dérochement ont été plus
fréquentes. Il a été observé un plus grand nombre d’accidents de vaches ou de chevaux en montagnes mais ces derniers ont rarement été reconnus comme imputés à l’ours. Des données qui continuent tout de même d’inquiéter les éleveurs transhumants ariégeois. En particulier lorsqu’ils savent que l’Adet a annoncé la naissance d’une sixième portée d’ours dans les Pyrénées début novembre ce qui porte à 55 le nombre d’ours o ciellement recensés présents dans les montagnes du massif.
Un chi re qui selon les éleveurs ariégeois est bien moins important que la réalité et qui risque d’augmenter de nouveau puisque les associations défenseuses des animaux ont demandé le 23 novembre la réintroduction de deux ours pour remplacer ceux étant morts pendant la saison.
Une demande qui peut être observée comme malvenue dans le contexte actuel où le monde entier se bat contre la crise sanitaire et n’a pas besoin de dépenser de l’argent public pour augmenter le nombre d’ours alors qu’il évoluera naturellement grâce à la reproduction.
(Avec Terres d’Ariège)