Publié le 15 décembre 2012
Le 7 décembre, les agriculteurs du Bassin Adour-Garonne descendaient dans les rues de Toulouse. Un grand rassemblement a eu lieu devant la DREAL puis le cortège s’est dirigé vers la préfecture. Plus de 80 tracteurs haut-garonnais et un millier d’hommes pour une revendication des plus justes et des plus honorables : « prendre en compte les réalités naturelles et agronomiques locales, et les capacités techniques et financières des agriculteurs concernés à répondre aux exigences », dans le cadre du 5ème plan de révision de la directive « nitrates ». La profession exige également la prise en compte des origines de la pollution des eaux par les nitrates. Une délégation a été reçue par le Préfet de bassin, Henri Michel Comet. Souvenez-vous de ce nom, le nom de celui qui va peut-être réduire l’agriculture des zones intermédiaires du bassin sud-ouest à un zoo, de l’agrément et du jardinage.
Un pas en avant, deux pas en arrière
La rencontre du 7 décembre n’était pas la première, presqu’une dizaine de rendez-vous ont déjà eu lieu depuis la présentation du 5ème plan d’actions et de la révision du zonage. Le message aurait dû rentrer. Contre toute attente et malgré les enjeux que Martin Malvy, Président de la Région Midi-Pyrénées, n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler lors du SISQA : « une agriculture midi-pyrénéenne aux enjeux économiques forts », contre toute attente donc, le message n’est pas rentré, ni dans la tête de l’administration (fallait-il en douter), ni hélas dans celle du Préfet. Il a tout de même « demandé la prise en considération des spécificités du bassin, notamment au sujet de l’implantation des cultures intermédiaires (CIPAN), de la progressivité dans l’application de certaines mesures, des capacités de stockage qui tiendraient plus compte des potentialités agronomiques que de valeurs forfaitaires. » C’est un bon début.
Il a également fini par montrer une attention particulière aux systèmes d’élevage : « L’enjeu économique central concerne les systèmes d’élevage et de polyculture élevage, en particulier pour la prise en charge des coûts de mise aux normes des bâtiments d’élevage (stockage des effluents) ».
Oui mais : « Le Plan de Modernisation des Bâtiments d’Élevage (PMBE) permet de financer le stockage des effluents dans les nouveaux secteurs classés en zone vulnérable, pendant trois ans. Ces exploitations pourront donc bénéficier d’un accompagnement financier. Pour les élevages déjà en zone vulnérable, la possibilité, en cours de négociation, de prise en compte des capacités de stockage dites « sur la base agronomique » et le stockage au champ permettraient de réduire les investissements complémentaires », a-t-il rajouté plus loin. Oui mais quel montant pour cette enveloppe et quel montant pour chaque exploitation ? Combien d’exploitations auront accès à ces aides ? Le Préfet tape en touche.
Restons mobilisés
Dans le communiqué de presse de la Préfecture, nous regrettons terriblement le manque voire plutôt l’oubli d’expertise sur ce dossier, les amalgames intentionnels entre la définition du zonage et les mesures d’application, entre la pollution agricole et celle industrielle et des collectivités, etc. Nous regrettons également la tentative délibérée du Préfet de désunir syndicalement les départements du bassin en oubliant systématiquement leurs disparités et diversités agricoles.
Le bras de fer continue. Nos requêtes ont été entendues par la Préfecture. Le Préfet de bassin s’est engagé à les porter auprès des décideurs. Attention, il faut rester vigilant, nous sommes déjà trop habitués aux berceuses que nous chante le ministre de l’Agriculture. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et si les engagements du Préfet ne sont pas suivis d’actes, c’est toute l’agriculture du bassin qui en souffrira.
Les FRSEA et JA du Grand Sud-Ouest maintiennent donc leur exigence du moratoire sur la révision des zones vulnérables et restent mobilisés pour à nouveau manifester leur désapprobation sur un projet qui conduirait de nombreux agriculteurs-éleveurs à la faillite….
FDSEA/JA 31