Vieillir à la campagne

Publié le 29 janvier 2011

Dans une salle inondée de lumière, une vingtaine de personnes âgées prend son repas, préparé sur place par une cuisinière. L’ambiance est des plus détendues, entre rires et dernières nouvelles du village. Une fois le déjeuner terminé, chacun s’en retourne vaquer à ses occupations, qui dans son studio, qui dans les commerces ou espaces verts alentours. Nous sommes à la MARPA d’Auriac-sur-Vendinelle, dans le canton de Caraman. Cette Maison d’Accueil Rurale pour Personnes Âgées fête ses 18 mois d’existence et une chose est sûre, le succès est au rendez-vous.

Une idée vieille de 30 ans

C’est la MSA qui a imaginé, au milieu des années 80, ces petites unités de vie. À l’époque, il était beaucoup question de « vivre au pays » ou de préservation du tissu rural. De fait, à la campagne, les personnes âgées étaient contraintes de s’« exiler » à la ville pour trouver une maison de retraite. Or, ce qu’elles souhaitaient était de continuer à vivre dans leur environnement familier. C’est comme cela que sont nées les MARPA. Les 130 établissements recensés actuellement en France proposent donc, à leur vingtaine de résidents, un logement privatif ainsi que des espaces de vie collective. L’objectif est que chacun dispose d’un vrai « chez soi », tout en conservant – voire en enrichissant – ses activités et relations sociales antérieures. Les MARPA sont gérées au quotidien soit par une association loi 1901, soit par une collectivité locale.

Parcours du combattant

La MARPA d’Auriac est le 3ème établissement de ce type en Haute-Garonne. Il aura pourtant fallu 10 ans d’acharnement pour qu’il voie le jour. « Sans le triple partenariat de la MSA, des collectivités locales (communes ou communauté de communes) et du Conseil Général, il est impossible de créer ce genre de structure », explique Gilbert Hébrard, Président de la communauté de communes « Cœur Lauragais » et ardent défenseur du projet. « Or, malgré les fonctions que j’y occupe, c’est bien le Conseil Général qui a été le plus difficile à convaincre. » De fait, une MARPA est une structure très autonome, dont la gestion sort des critères habituels des Conseils Généraux. « Nous sommes sur une maison d’accueil non médicalisée », précise Jean-Luc Guilhot, Président du comité départemental 31 de la MSA. « Contrairement aux maisons médicalisées, avec un prix de journée établi, une équipe médicale permanente, une convention tripartite, un environnement contrôlé, etc., une MARPA a un mode de gestion beaucoup plus libre et des résidents qui vont et viennent comme ils le veulent. Cet aspect moins « cadré » peut faire peur aux services administratifs des Conseils Généraux. Il a fallu les rassurer et les amener à nous faire confiance. » Ajoutez à cela une modification de la législation qui a entraîné de gros retards dans le montage du dossier et on se retrouve avec presque une décennie pour faire aboutir ce beau projet. Mais cela valait la peine de persévérer.

Comme à la maison !

« La MARPA d’Auriac dispose de 24 lits et 2 logements temporaires », poursuit Gilbert Hébrard. « Alors qu’il faut habituellement un an pour remplir ce type de maison, toutes les places ont été attribuées en 8 mois et nous avons plusieurs personnes sur liste d’attente. C’est bien la preuve qu’il y avait un réel besoin sur le canton. » On comprend mieux l’engouement pour ces maisons rurales lors de la visite des lieux. Les studios individuels sont spacieux, lumineux et équipés de tout le confort nécessaire. Le pensionnaire peut y amener ses propres meubles, se faire sa cuisine s’il le souhaite, y faire venir son médecin ou ses aides à domicile habituelles. L’établissement dispose d’une équipe de 6 agents professionnels, encadrés par le responsable de la maison, pour assurer le bien-être et la sécurité des résidents. « L’âge n’est pas un critère discriminatoire pour entrer ou sortir de la MARPA », rappelle Jean-Luc Guilhot. « Il y a ici quelques jeunes retraités, par exemple. Ce sont toutes des personnes certes valides mais qui ne peuvent pas être autonomes ou ont des problèmes de logements. Ensuite, l’acceptation du dossier dépend du classement GIR* de demandeur. La MARPA accueille des personnes de GIR 1 à 4. »

Construite par l’office HLM qui la loue à la communauté de communes pour 35 ans, la MARPA est financièrement autonome car payée par ses résidents. Le coût du séjour varie en fonction des prestations choisies par le résident (repas préparés par la MARPA, blanchisserie, soins…). « Au maximum, un résident qui prend toutes les prestations offertes par la MARPA ne dépassera pas les 1.500 €/mois », estime Gilbert Hébrard. « Ce qui est bien en dessous de la plupart des maisons de retraites, sachant que les résidents ont droit, sous condition de ressources, à l’allocation personnalisée au logement (APL) et à l’aide sociale du Conseil Général. C’est la solution idéale pour les personnes âgées de notre canton qui, pour beaucoup, ont de petites retraites. »

La maison d’accueil rurale est un vrai atout pour les campagnes. Reste à étendre le dispositif à davantage de communes. « C’est vraiment un choix politique », conclut Jean-Luc Guilhot. « Dans certains départements, il y a une MARPA par canton. » Autant dire que la Haute-Garonne a une bonne marge de progression devant elle…

* Les groupes iso-ressources (GIR) permettent de classer les personnes en fonction des différents stades de perte d’autonomie. Il y a 6 stades, de GIR 1 pour les personnes autonomes à GIR 6 pour celles qui ont un besoin constant d’assistance. Le classement GIR est réalisé par une équipe médico-sociale.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia