Publié le 13 juin 2010
Lancée depuis un mois dans 5 gares du département, l’opération « Panier Fraîcheur » commence à faire des émules. Pour rappel, le principe est de proposer aux voyageurs d’acheter des paniers de fruits et légumes, produits par des maraîchers et arboriculteurs locaux, à la descente des trains, sur un stand fourni par la Chambre d’Agriculture 31 et le Conseil Régional Midi-Pyrénées.
Ramener les gares dans la vie de quartier
Sylvie Lamy travaille au service régional de la SNCF, qui gère le réseau des TER sous l’égide du Conseil Régional. C’est elle qui a lancé le projet Paniers Fraîcheur en Midi-Pyrénées. « Ce service existe déjà dans d’autres régions de France, avec succès. Nous avons donc décidé de tenter l’aventure ici », explique-t-elle. C’est par les services de la Chambre d’Agriculture 31 qu’elle a trouvé les premiers producteurs partenaires. C’est à Laurence Espagnacq, en charge du maraîchage et de l’horticulture à la Chambre d’Agriculture, qu’est revenue la tâche de mettre en relation SNCF et producteurs. « La Chambre d’Agriculture a tout de suite adhéré à la démarche », confie-t-elle. « Et nous avons souhaité mettre en place un vrai partenariat sur cette action. Au-delà de la mise en relation, nous garantissons le sérieux et le professionnalisme des candidats que nous soumettons. Nous veillons aussi à la qualité des fruits et légumes vendus ».
Les 5 gares retenues à ce jour* servent actuellement de test, avant une éventuelle extension de l’opération. « L’information circule vite dans le monde agricole », remarque Sylvie Lamy. « J’ai déjà été contactée par des maraîchers et arboriculteurs de plusieurs départements, intéressés par cette formule. » SNCF et Chambre d’Agriculture feront un bilan en fin d’année pour évaluer la possibilité d’étendre cette opération. Mais Sylvie Lamy est d’ores et déjà confiante. « Nous faisons un suivi des ventes et les premiers résultats sont encourageants. Il y a déjà plusieurs abonnés. » Par les paniers fraîcheur, la SNCF veut se rapprocher de ses clients mais aussi remettre les gares un peu plus au cœur de la vie locale. « On commence à voir des acheteurs qui ne sont pas des voyageurs mais des riverains des gares, venir s’abonner », poursuit-elle. « Nous avons communiqué sur cette action auprès des mairies des communes concernées et ça a l’air de fonctionner. Surtout que nous avons pris soin de choisir les dates de permanence pour ne pas faire concurrence aux marchés locaux qui, eux, se tiennent le matin. »
Une histoire de confiance…
Adeline est responsable des ventes de paniers fraicheurs dans les gares dont s’occupent les « Jardins de Saint Sernin », de Villenouvelle (voir interview ci-dessous). Trois après-midi par semaine, elle charge une cinquantaine de paniers dans son camion et va planter son stand sur les quais. Ses « paniers » bien en évidence sur la table sont des cabas consignés, fournis par la Chambre d’Agriculture et la SNCF. L’acheteur le paie 1€ et se le fait rembourser à la restitution. Ce jour-là, il y a un soleil radieux à la gare de Colomiers. « C’est un vrai plaisir de travailler dans ces conditions », avoue Adeline. « Il faut dire qu’on n’a vraiment pas été gâtés depuis le lancement. À peine l’opération lancée, la neige est arrivée ! Avec une météo épouvantable, les passagers frigorifiés ne prenaient pas le temps de s’arrêter. Dans la foulée, on a eu les ponts du mois de mai, puis la journée de grève pour les retraites, qui ont vidé les gares. Bref, des débuts difficiles alors que la SNCF annonçait une fréquentation des gares à hauteur de 20.000 passages sur les 3 sites dont je m’occupe. » Ce départ chaotique n’a pourtant pas entamé l’enthousiasme de cette énergique jeune femme. Comme sur un marché, elle harangue les passants, plaisante avec les premiers « habitués » et surtout explique sans relâche comment sont produits ses fruits et légumes. C’est qu’il faut une bonne dose de pédagogie pour faire comprendre le cycle des saisons et répondre aux nombreuses questions d’une clientèle qui ne cache pas son intérêt à discuter avec un « vrai » producteur. Un couple avec 2 enfants s’arrête au stand. Les parents s’enquièrent des prix, des conditions de vente et des modalités d’abonnement. Les enfants commencent déjà à explorer le contenu des cabas. 3 minutes plus tard, ils repartent avec 2 paniers et promettent de revenir la semaine prochaine. « Le contact est assez facile, car un stand dans une gare suscite la curiosité des passants », confie Adeline. « Très vite, une vraie relation s’est instaurée avec nombre d’entre eux, alors que je ne suis venue ici que 4 fois. » C’est là le principal. Établir une relation de confiance et se créer une clientèle d’abonnés. Selon Bernard Raynaud, il faut vendre 40 paniers par point de vente pour rentrer dans ses frais. Ce jour-là, Adeline en a écoulé 50 en moins de 2 heures… « Je crois vraiment dans le succès de cette formule », conclut Laurence Espagnacq. « Nos producteurs proposent aux voyageurs des produits de première qualité, juste à maturité et cueillis du matin même. C’est un véritable avantage, quand on rentre du travail, de pouvoir bénéficier de ce service d’abonnement. On signe la feuille d’émargement, on prend son panier et c’est tout… »
* Colomiers, Auterive, Saint Sulpice, Muret et PortetInterview : Bernard Raynaud, producteur fruits et légumes
TUP : Comment vous-êtes vous retrouvé dans cette opération ?
Bernard Raynaud : Je fais déjà des ventes de paniers au particulier, depuis 7 ans, avec « Les jardins de Saint Sernin », la structure que j’ai créé sur mon exploitation de Villenouvelle. Nous clients, tous abonnés à l’année, viennent retirer leur panier dans un de nos 27 points relais du département. Quand la Chambre d’Agriculture m’a fait part de l’initiative de la SNCF, c’est donc tout naturellement que j’ai répondu présent.
TUP : Comment vous organisez-vous ?
B.R. : Nous faisons environ 300 paniers par semaine pour l’ensemble de nos activités livraison. Pour des raisons de facilité, tous les paniers sont identiques et constitués de légumes et fruits de saison. Le contenu change donc chaque semaine. Nous sommes une équipe de 6 personnes, dont une ne travaille quasiment plus que pour l’opération SNCF. Elle assure la permanence une fois par semaine, à jour fixe, pour chacune des 3 gares, de 17 à 19 heures. Pour la SNCF, nous ne proposons que des paniers pour 2 personnes, qui font entre 4 et 6 kg. Ils sont vendus à 13€, ponctuellement ou à 11€ pour les abonnés.
TUP : Vous produisez tous les produits contenus dans le panier ?
B.R. : Pour la plupart, oui. Mais quand on nous demande des fruits ou légumes de saison que nous ne produisons pas, nous les achetons à des exploitants voisins.
TUP : En quoi les paniers fraicheurs SNCF diffèrent des paniers que vous faites habituellement ?
B.R. : Les 2 principales différences se situent sur la taille des paniers et des conditions d’abonnement. Dans nos points relais, nous proposons aussi des paniers pour 4 personnes. Quant aux abonnements, nous ne les faisons que sur une période d’une année. C’est beaucoup plus facile pour établir nos assolements et prévoir nos volumes de production. Mais la SNCF nous a demandés de proposer aussi des durées d’abonnement de 6 mois. C’est moins pratique mais je ne désespère pas de convaincre nos clients SNCF de prendre un abonnement annuel.