Publié le 27 septembre 2012
La visite d’un ministre de l’agriculture aux Pyrénéennes est un évènement plutôt exceptionnel. Ce fut donc un branle-bas de combat généralisé, ce samedi matin 22 septembre aux Parc des Expositions de Saint Gaudens. Tout ce que la région compte de responsables politiques et d’organismes agricoles ou économiques était présent. Très décontracté malgré la bousculade autour de lui, Stéphane Le Foll a serré un nombre incalculable de mains, mais aussi pris le temps d’écouter les doléances, remarques et avis de quasiment tous ceux qui l’ont approché.
Lors des discours d’inauguration, les différents intervenants (Jean-Raymond Lépinay, maire de Saint Gaudens et Président du CCSG, Carole Delga, député PS du Comminges, Pierre Izard, Président du Conseil Général 31 et Martin Malvy, Président du Conseil Régional) lui ont rappelé l’importance économique et sociale de l’élevage et, plus généralement de l’agriculture, dans le Comminges et le massif pyrénéen. Une mention spéciale à Martin Malvy qui a fortement interpellé le ministre sur la problématique des zones défavorisées et surtout des zones vulnérables, incitant le Gouvernement à ne pas céder à une pression européenne qui conduirait à classer injustement des zones dans lesquelles des progrès ont été accomplis par les agriculteurs. Avec tout ce que cela aurait comme conséquences néfastes pour les élevages locaux.
Dans son intervention, très consensuelle, Stéphane Le Foll s’est tout d’abord déclaré heureux de constater la vitalité du monde rural pyrénéen au travers des présentations qui lui ont été faites. « Je m’emploierai, dans ma fonction, à redonner de la fierté à ce monde rural qui occupe 80% de notre territoire et qui donne aujourd’hui une image plus que positive », annonçait-il d’emblée. « Je n’oublie pas non plus que la balance commerciale de l’agriculture et de l’agroalimentaire est bénéficiaire de 10 à 12 milliards d’euros, quand celle de la France est déficitaire de 70 milliards… »
Répondant aux questions précédentes, il s’est voulu rassurant sur les zones défavorisées, déclarant que, même s’il ne peut donner de conclusion à cette heure, la France avait été « entendue » sur ce dossier. Sur le point des Zones Vulnérables, il était plus réservé. « Nous ne sommes plus dans un contexte de négociation, mais bien sous le coup d’un dépôt de plainte de la Commission Européenne à la cour de justice européenne ! », rappelait-il. « La France doit donc se mettre en conformité avec la réglementation communautaire, mais aussi prouver les efforts faits par les agriculteurs français. J’ai mis en place un groupe de travail sur ce sujet, afin d’adapter les mesures que nous serons obligés de prendre pour ne pas pénaliser davantage les élevages. »
Un monde de l’élevage par ailleurs objet de toutes ses attentions. Stéphane Le Foll veut stopper l’hémorragie des éleveurs qui, de plus en plus, abandonnent leur production pour se tourner vers la production de céréales. « La France doit produire des céréales, bien entendu, mais aussi les transformer pour un élevage qui a une importance capitale pour le pays », insistait-il. « C’est pourquoi, dans les débats sur la prochaine PAC, il y aura pour moi un critère essentiel et incontournable qui dictera mes décisions : « Comment protège-t-on l’élevage ? » Le ministre s’est également prononcé en faveur d’un plan protéine, qu’il juge urgent pour assurer l’autonomie française en protéines végétales. Il fera sous peu des propositions et assure qu’un tel plan est réalisable, sans pour autant demander d’enveloppe budgétaire supplémentaire. Il a enfin annoncé la reconduite du plan de massif pour la période 2014-2020.
Seul couac pour les céréaliers présents, le petit coup de griffe du ministre au maïs, dans le volet « eau et irrigation ». « L’eau est une ressource partagée, à protéger et à sécuriser », commençait-il. « Mais le soutien que nous devons porter à l’irrigation doit permettre, non pas de poursuivre des cultures intensives comme le maïs, mais de donner aux agriculteurs, dans leur diversité de productions, la possibilité de développer leurs exploitations. » Une remarque diversement appréciée…
Le ministre de l’agriculture dit ne pas vouloir opposer écologie et économie. « Il ne faut pas projeter sur l’agriculteur des demandes sociétales qu’il ne peut économiquement pas supporter », estime-t-il. « Nous devons produire mieux, oui, mais aussi produire plus. Il faut donc produire autrement, en innovant. C’est pour cela que le ministère va organiser une grande journée, fin novembre, qui recense les innovations faites sur le terrain, par les agriculteurs eux-mêmes. C’est cette réalité de l’agriculture qu’il faut promouvoir auprès du grand public. »