Sortir de ses certitudes…

Publié le 15 juin 2015

Comment lutter contre les résistances des adventices ? Comment mieux gérer la qualité de sa pulvérisation ? Quels couverts végétaux sont envisageables dans le Lauragais ? Biocontrôles, biostimulants : où en est-on ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles tentaient de répondre les étudiants du BTS Agronomie Production Végétale (APV) d’Auzeville, lors de la Portes Ouvertes de la plateforme Agroécologie du lycée, le 1^er juin dernier.

Privilégier l’approche système

Avec son projet Agroécologie, lancé il y a 5 ans avec DEPHY Fermes, la Cité des Sciences Vertes veut mettre les enjeux territoriaux et environnementaux au cœur de l’enseignement agricole. Résolument pratique, l’acquisition des références techniques se fait par la mise en place d’essais sur l’exploitation du lycée agricole, mais également chez des agriculteurs de Midi-Pyrénées, en partenariat avec plusieurs organismes de développements agricoles. Organisée pour la 2^ème année consécutive, la journée de restitution du 1^er juin suivait la même logique d’interaction entre les étudiants et les groupes d’agriculteurs, les premiers présentant les essais et résultats sur la plateforme du lycée, les seconds témoignant de leur expérience et de leur retour sur les pratiques testées chez eux. Avec 120 personnes présentes, étudiants, agriculteurs, experts des instituts techniques ou professeurs, les débats étaient plus que nourris sur les différents ateliers présentés ce jour-là (voir encadré). Il faut dire que les « petits » essais mis en place en 2010 par les BTS Technologie Végétale (ex. APV) ont pris de l’ampleur. « On sort du simple cadre d’Écophyto », note Sophie Rousval, directrice de l’exploitation du lycée. « La réduction des phytosanitaires se réussit en grande partie par des leviers agronomiques, comme le travail sur la fertilité des sols. On est donc sur une approche « système », avec des problématiques plurielles. Par exemple, depuis cette année, nos élèves se penchent sur des systèmes mêlant agronomie et pollinisateurs, en semant des mélanges d’espèces pour juger de leur attractivité sur les pollinisateurs et auxiliaires de cultures. »

Logique de questionnement

Quoiqu’on en dise, les actions menées dans le cadre d’Écophyto suscitent tout de même beaucoup d’intérêt de la part des agriculteurs, notamment en termes d’approches techniques nouvelles. Mais il n’y a pas de solutions toutes faites. Si les documents présentés par les élèves lors de cette journée devraient être mis en ligne sur un blog dédié réalisé par le lycée, il convient de rappeler que ce ne sont en aucun cas des préconisations. Ces résultats constituent des éléments de départ, qui permettent de discuter et d’initier des stratégies propres à chaque agriculteur, à chaque situation. « Il faut sortir des certitudes et se mettre dans une logique de questionnement », insiste Sophie Rousval. « Nous avons constaté, par exemple, que le traitement à bas volumes ne fonctionne pas en cas de résistance des adventices. Mais on ne peut pas pour autant l’écarter dans une démarche globale. Quand on se trouve dans des impasses techniques, il est important de savoir prendre du recul et regarder sous quel autre angle il est possible d’aborder le problème. Car de nombreux leviers,  autres que phytos, peuvent donner des résultats. »

Les jeunes, fers de lance de l’agroécologie

Ils ne l’ont pas toujours eu facile, comme on dit. Les étudiants de 2^ème année de BTS APV qui présentaient les résultats de leurs expérimentations ont dû plus d’une fois répondre à des questions plus ou moins pièges et confronter leurs points de vue à ceux des agriculteurs ou techniciens présents. Si certains s’en sont mieux tirés que d’autres, force est de reconnaître qu’ils maîtrisaient plutôt bien leur partie. « Nous avons une promotion très investie sur ces expérimentations », se félicite Frédéric Robert, professeur d’agronomie du lycée. « Cela fait maintenant deux ans qu’ils suivent ces essais et ils n’ont pas ménagé leur peine ni leur imagination pour trouver des solutions. Et maintenant les défendre devant des professionnels… Avec ce programme, les étudiants se sont vraiment approprié leur thématique et vont parfois plus loin que nous dans les démarches.  La posture de l’enseignant a radicalement changé. Nous ne sommes plus dans la transmission à sens unique d’un savoir, mais dans l’accompagnement, avec des groupes très impliqués. » Preuve de la prise de conscience de l’importance de ces expérimentations, des élèves de seconde jusqu’à la prépa viennent, avec plus ou moins de régularité, suivre leur évolution. À techniques nouvelles, pédagogie nouvelle…