Publié le 19 décembre 2019
La récolte du sorgho s’est terminée voilà quelques semaines dans l’Hexagone. On fait le point sur cette campagne 2019 avec Charles-Antoine Courtois, responsable du projet sorghum ID, au sein de la Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho (FNPSMS).
« C’est une bonne année en terme de surfaces et correcte en terme de rendements », indique en premier lieu Charles-Antoine Courtois, responsable du projet sorghum ID, au sein de la FNPSMS. Les voyants semblent en effet être au vert : en France, les surfaces sont en hausse de 15% (70 000 hectares). Les niveaux de rendements sont plutôt bons, malgré une récolte plus tardive (courant octobre).
Des rendements à la baisse en Occitanie
En Occitanie, les surfaces restent stables. Les rendements sont en revanche inférieurs à la moyenne des cinq dernières années. Comptez 50 quintaux à l’hectare (contre 56). Les conditions climatiques n’y sont pas étrangères. « La campagne 2019 a été assez compliquée au moment du semis, avec un mois de mai et un début juin assez froid. Il y a eu par la suite un mois de juillet très chaud, avec une période de canicule et des pluviométries relativement faibles jusqu’à la récolte. Même si le sorgho est une culture qui résiste bien à la sécheresse et à des périodes de chaleur, il faut tout de même un minimum d’eau », souligne Charles-Antoine Courtois. Les semenciers consacrent d’ailleurs un budget important en R&D afin de développer des variétés encore plus résistantes aux températures, à la sécheresse et aux divers aléas climatiques
Les céréaliers n’ont toutefois rencontré aucune difficulté sanitaire. Il faut dire que le sorgho est naturellement peu sensible aux maladies et aux attaques de parasites. Mais d’autres régions françaises tirent leur épingle du jeu. La zone Centre-Val-de-Loire, par exemple, voit ses surfaces augmenter depuis 2 ans. Les rendements sont également meilleurs, à 53 quintaux/ha.
L’Espagne, premier client du Sud-Ouest
Partout en France, les débouchés restent en tout cas assurés. Le sud-ouest exporte pour sa part une grande partie de sa production vers l’Espagne. « Le pays est très demandeur de sorgho. Il en consomme de plus en plus », relate encore Charles-Antoine Courtois. Depuis septembre 2018, l’Espagne importe également beaucoup de sorgho américain. « À savoir 700 000 tonnes de sorgho, des États-Unis vers l’Espagne. Il y a 3-4 ans, cela n’existait pas. Il n’y a pas d’impact sur les exports français (entre 80 000 et 100 000 tonnes exportées NDLR). Nous espérons que cela va continuer dans ce sens là », note-t-il encore.
Le sorgho est beaucoup utilisé pour l’alimentation du bétail local. En France, plusieurs acteurs possèdent d’ailleurs des usines d’aliments et utilisent cette céréale dans leur formulation. L’alimentation humaine est également un autre débouché, notamment en Afrique et en Asie. « Pour faire des pains, de la farine, des biscuits, des bières, des alcools forts… », énumère encore Charles-Antoine Courtois. Un panel d’alimentation peu connu dans l’Hexagone mais qui tend à se développer, même si ce marché est encore confidentiel.
Nouvelle augmentation des surfaces françaises à venir
Ce qui est sûr, c’est que les céréaliers restent intéressés par le sorgho. La filière espère une nouvelle augmentation des surfaces (pour la troisième année consécutive). Ce qui pourrait être le cas selon les semenciers.
Aurélien Tournier