Publié le 29 janvier 2010
Trois régions (Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon) avaient rendez-vous le 28 janvier dernier à l’ESA de Purpan, à l’invitation de VIVEA Délégation Sud. 140 responsables professionnels, élus et administratifs (conseillers et formateurs) des OPA régionales et des organisateurs de formation ont planché toute la journée sur le thème : «Accompagner l’économie durable par la formation ».
Dans un contexte de changement de modèle agricole qui tend vers plus de durabilité, il s’agissait de confronter les diverses expériences des organismes de formation, initiale ou continue, en matière d’accompagnement des agriculteurs et futurs agriculteurs. À cette occasion, le Trait d’Union Paysan a rencontré la Présidente de VIVEA, Christiane Lambert.
TUP : Qu’est-ce qui a justifié l’organisation d’une journée comme celle-ci ?
Christiane Lambert : La notion de développement durable concerne tous les producteurs. VIVEA propose de plus en plus de formations sur le thème très vaste de l’environnement, depuis la technique pure jusqu’à l’approche globale de l’exploitation. La délégation Sud a estimé qu’il fallait « se poser » un instant et lever le nez du guidon pour se demander si les formations que nous proposons répondent à ces nouveaux besoins des agriculteurs. Elle a donc proposé de réunir tous les acteurs pour, d’une part, permettre aux agriculteurs d’exprimer leurs besoins en formation et, d’autre part, pour réfléchir à un programme régional qui colle à ces besoins. En mettant nos moyens en commun, nous avons les capacités de répondre à cet enjeu.
TUP : La formation initiale ne suffit pas à répondre à ces nouveaux besoins ?
C.L. : La DRAAF, qui a en charge l’enseignement agricole, l’a encore dit aujourd’hui : il est impossible de tout apprendre en formation initiale. Le métier d’agriculteur se complexifie, le temps de formation se réduit et le besoin en compétences grandit. Il y aura donc de plus en plus besoin de formation continue pour pallier les manques dans tel ou tel domaine et répondre aux évolutions rapides de ce métier.
TUP : Comment allez-vous mettre à profit la hausse des cotisations VIVEA payées par les agriculteurs ?
C.L. : Depuis 3 ans, on a vu une grosse augmentation des demandes de formation. On a dû piocher dans nos réserves pour y faire face tant bien que mal. Aujourd’hui, avec la hausse des contributions, nous avons les moyens financiers pour répondre aux besoins. À côté de cela, il y de nombreux mécanismes que devront maîtriser les agriculteurs pour faire face aux changements actuels. On peut citer en vrac, gestion de risques, marchés à terme, bilans énergétiques, diagnostics Planète, certifications, etc. Ce sont des choses très compliquées, qui nécessitent de prendre du temps pour se former. Les formations VIVEA permettront aux agriculteurs de s’y préparer. Enfin, nous avons mis en place l’an dernier un programme de formation pour les éleveurs touchés par la FCO. Nous en mettons actuellement un autre en place pour aider les producteurs de lait. Cette augmentation de nos moyens financiers tombe donc vraiment à pic.
TUP : Quels sont les freins à la formation continue et comment les combattez-vous ?
C.L. : Souvent, cela dépend des messages politiques qui sont véhiculés, selon qu’ils sont pessimistes ou optimistes. Dans les départements « positifs », on voit beaucoup plus de gens qui se forment et qui avancent. On sait aussi que des secteurs se forment plus que d’autres, avec beaucoup d’éleveurs de bovins ou d’ovins et très peu de viticulteurs ou maraîchers. Les femmes également se forment moins. Et de manière générale, ceux qui sont en réseau, qu’ils soient syndicaux, professionnels ou associatifs, se forment davantage. Notre travail est d’identifier ces publics qui se forment moins et de mettre en place des actions pour les y inciter. Par exemple, la disponibilité des agriculteurs est un des gros freins. Nous avons donc signé un partenariat avec le Service de Remplacement pour bénéficier d’un tarif préférentiel pour les motifs de formation. Parallèlement, nous avons également négocié, auprès de l’État, un crédit d’impôts pour les agriculteurs qui se forment. Il faut surtout raisonner à long terme. La formation aide à prendre du recul, à être objectif et précis et à « sentir » le changement. Aujourd’hui, pleurer ne sert à rien. Il faut chercher des solutions et VIVEA vous y aidera.