Publié le 22 mars 2015
Coup de tonnerre en 2012. Dans une publication des résultats économiques de la région Bretagne, un centre de gestion fait apparaître que les résultats économiques d’un élevage laitiers sont moins bons avec une traite robotisée qu’en conventionnel. La presse spécialisée s’empare de l’histoire et le robot de traite, alors en pleine expansion, se retrouve avec une réputation entachée. Injustement ? C’est ce qu’affirment Sud-Ouest Aliment, spécialiste de l’alimentation animale, et Sébastien Albouy, éleveur laitier à Francon (canton de Cazères) et utilisateur d’un robot de traite depuis 2008. Et ils ont entrepris de le prouver, le 13 février dernier.
Adapter l’alimentation au robot
Sébastien et son père, Jean-Pierre, n’ont pas peur du changement. À l’occasion de la mise aux normes des bâtiments de l’exploitation, le GAEC Albouy s’est équipé en 2008 d’un robot de traite Delaval. Il est installé dans un bâtiment flambant neuf de 2.400 m² qui héberge la totalité du troupeau Prim’Holstein : 70 adultes, 70 génisses et tous les veaux femelles, gardés pour le renouvellement. « On a été comme tout ceux qui ont découvert le robot de traite », confie Sébastien. « D’abord emballés par le confort de travail et la diminution des contraintes, il a ensuite fallu apprendre à s’adapter aux spécificités du robot. Et notamment l’aspect alimentation du troupeau. » De fait, la complémentation individuelle à la main n’est pas possible, les vaches n’étant plus bloquées au cornadis, comme c’était le cas en sortie de la salle de traite. Il y a donc deux enjeux à relever. D’abord, attirer les vaches, même celles qui ont fraîchement vêlé, pour les inciter à passer souvent et les aider à exprimer leur potentiel. Il faut ensuite trouver le concentré le plus pertinent, qui corresponde aux meilleures comme aux plus faibles productrices.
Avant de s’installer, Sébastien a effectué un long stage chez Inzo°, société du Groupe InVivo et leader des aliments pour ruminants. Il y découvrira des modes d’alimentation nouveaux qu’il mettra en œuvre sur l’exploitation. Il y rencontrera également les équipes de Sud-Ouest Aliment (SOAL), la filiale alimentation animale des coopératives Maïsadour, Vivadour et Val de Gascogne. À partir de 2011, le GAEC s’approvisionne auprès de SOAL et teste notamment Passi’O Robot, une gamme d’aliments complémentaires adaptés au niveau de production et à la période de lactation de chaque vache, distribués par le robot lors de la traite. « J’ai aimé leur approche de l’alimentation animale », poursuit Sébastien Albouy. « Avec les conseils des techniciens, nous avons repensé le poste alimentation et le moins qu’on puisse dire, c’est que cela vaut le coup. En moins de 4 ans, nous sommes passés, en moyenne économique, de 8.500 à 10.800 kg de lait par an et par vache. Une sacrée progression ! Avec le nombre de vaches comme facteur limitant, la conduite d’un troupeau en robot cherche à atteindre le meilleur ratio marge/vache laitière. Et cela passe plus par l’optimisation de l’alimentation que par la recherche du plus grand litrage par vache. »
Démonstration par l’exemple
Avec sa bonne connaissance des logiciels « robot » et convaincu de la rentabilité d’un système de traite robotisée, Sébastien Albouy accepte de devenir consultant spécialisé en robot de traite pour SOAL et Inzo°, en 2012. C’est donc naturellement à Francon que s’est déroulée la première journée de rencontre Passi’O Robot, organisée le 13 février dernier par SOAL. Le but de cette initiative était de rassembler les éleveurs équipés de robot de traite des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, pour échanger autour de l’alimentation des troupeaux. « SOAL approvisionne en aliments 70 des 130 robots présents dans le Sud-Ouest », explique Éric Gesta, chef des ventes Passi’O. « Nous avions une très forte demande de nos clients et techniciens de créer un évènement autour du robot, pour échanger sur les solutions de chacun, mais aussi pour montrer plus largement que le robot de traite, ça marche bien. » Et l’affluence à cette rencontre prouvait qu’il y avait une réelle attente. 80 personnes, clientes ou non de SOAL, sont venues des Landes à l’Aveyron pour passer la journée au GAEC. Au programme, une présentation de l’exploitation par Pascal Aries, le contrôleur laitier de la Chambre d’Agriculture 31 qui suit l’élevage depuis 2011, suivie des interventions d’un technicien de l’UPRA Prim’Holstein, sur les points génétiques à surveiller en robot, et de Cyril Létard, spécialiste « robot de traite » chez INZO°. Ce dernier a rappelé les fondamentaux de la conduite en traite robotisée et insisté sur 3 principes de base : être prêt au changement, faire confiance aux automates et ne pas oublier que la confiance n’empêche pas le contrôle.
« Le robot est peut-être le meilleur moyen de conserver une production laitière dans le Sud-Ouest », insiste Sébastien Albouy, qui intervenait tout au long de la journée en tant que consultant et témoin de cette technologie. « Il suffisait d’ailleurs de voir la moyenne d’âge des participants, inférieure à la quarantaine d’années, pour prouver que le robot intéresse la jeune génération d’éleveurs. Si les chiffres du centre de gestion de Bretagne reflétaient surtout un manque de maîtrise de l’outil, ils mentionnaient quand même que les meilleurs éleveurs en traite robotisée dégageaient les mêmes marges que ceux en conventionnel. Aujourd’hui, les idées reçues ne résistent pas à la réalité économique de la traite robotisée. Après quelques années d’expérience, on voit qu’elle permet les mêmes marges, sinon mieux, en moyenne en France. » Au vu du succès de cette première, d’autres rencontres Passi’O Robot auront lieu dans d’autres exploitations du Sud-Ouest dans les années à venir pour permettre aux éleveurs laitiers de se retrouver pour échanger sur une pratique qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
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