Publié le 4 décembre 2012
VIVEA est le fonds d’Assurance Formation des chefs d’exploitation agricole et des entrepreneurs du paysage, de travaux agricoles ou forestiers. À ce titre, il accompagne au quotidien ses contributeurs dans le développement de leur formation professionnelle. À la demande des élus des comités de Midi-Pyrénées, VIVEA a lancé, en 2010, un programme d’appui aux différents organismes formateurs. Le thème de cette formation était « Gestion stratégique : un enjeu pour le chef d’entreprise agricole qui passe par la formation ». Après deux ans de travail, la délégation Sud de VIVEA et les organismes partenaires de cette action ont décidé de rendre compte de leurs travaux et de leurs expériences, lors d’une demi-journée de restitution, le 22 novembre dernier au lycée agricole d’Ondes.
La stratégique au cœur de la gestion des entreprises
Dans l’environnement complexe et incertain qu’ils connaissent depuis plusieurs années, les agriculteurs ont besoin, eux aussi, de prendre du recul pour décider de l’orientation de leur entreprise, afin de conforter leur revenu tout en répondant à l’aspiration légitime d’une meilleure qualité de vie. Mais si le concept de stratégie est très répandu dans le monde de l’industrie et du commerce, il n’est que rarement abordé dans le milieu agricole. C’est sur la base de ce constat que VIVEA a mis en œuvre un « Appel à Intention », c’est à dire recenser les organismes de formation souhaitant proposer une formation à la gestion stratégique, en harmoniser le déroulé et accompagner les formateurs dans leur appropriation du sujet. En outre, VIVEA proposait un intervenant extérieur, spécialisé pour assister le formateur. Une formule complexe à mettre en œuvre mais qui a convaincu, à entendre les exploitants venus ce jour-là à Ondes, pour témoigner de l’importance de cette formation.
« Je me suis remise dans la bonne direction »
Le témoignage de Stéphanie, éleveuse de chèvres dans les Hautes-Pyrénées, était particulièrement touchant. « Je travaillais seule, dans mon coin, et je ne m’en sortais pas », confiait-elle, visiblement émue, à l’assistance. « Je ne savais plus où j’allais, ni pourquoi je me levais le matin. Quand Chantal Begue de la MSA m’a encouragée à suivre cette formation à la gestion stratégique, j’ai plus accepté pour lui faire plaisir et sortir un peu. Or, cela m’a fait un bien fou. J’ai vu que je n’étais pas seule dans ce cas, mais qu’il y avait des personnes qui nous écoutaient et pouvaient nous aider à mettre de l’ordre dans nos idées. » De fait, cette formation, dispensée par la MSA dans le cas de Stéphanie, avait fait appel à un psychologue externe, pour des ateliers tantôt individuels, tantôt collectifs. « Avec les autres participants à la formation, on a tous fait le constat que nous avions des valeurs, des projets, mais que les aléas de la vie ont fait qu’on a suivi un autre chemin. », poursuit Stéphanie. « Cela nous a aidés à nous poser les bonnes questions et à prendre des décisions pour nous remettre dans la bonne direction. » Moins poignants mais tout aussi intéressants, les témoignages de deux autres agriculteurs, l’un en phase d’installation, l’autre à quelques mois de la retraite. « Dans un GAEC avec mon oncle, comment envisager l’avenir en tenant compte de nos attentes respectives ? », « Que prévoir et à quelle échéance, pour transmettre mon exploitation ? » étaient deux des questions abordées lors de la formation qu’ils ont suivie. Là aussi, un travail personnel et collectif a permis de faire le tri entre les attentes, les espoirs, les contraintes, les menaces ou opportunités, bref, tout l’environnement socio-économique des stagiaires. Et de là, se projeter dans l’avenir, se donner des objectifs et bâtir un plan d’action.
Une action à dupliquer
Élus VIVEA, représentants du monde agricole ou membres des organismes de formation, les 80 personnes présentes à cette journée de restitution ont pu se rendre compte de la portée de ce type d’actions. « Cette journée avait 3 objectifs », rappelait Marianne Dutoit, Présidente du comité VIVEA de Midi-Pyrénées. « Faire un retour à nos élus et les impliquer dans le portage politique de ce type d’action ; communiquer auprès d’opérateurs de formation et d’institutionnels et enfin, valoriser le travail fait et permettre la duplication de ce type d’action. »
Objectif atteint selon Béatrice Dingli, directrice générale VIVEA, qui clôturait les débats. « Malgré la complexité de la thématique, il est primordiale qu’on parle de stratégie dans les exploitations agricoles », estimait-elle. « C’est pourquoi VIVEA place ce thème dans les priorités de son plan d’action triennal. Cela demande des moyens, du matériel, de la coordination entre les organismes de formation, mais replacer l’humain au cœur des orientations que prennent les exploitations est indispensable à leur survie. Nous voulons donner l’opportunité aux chefs d’exploitation de relever un instant le nez du guidon, de prendre de la hauteur par rapport à leur quotidien et mettre par écrit leurs objectifs. Cela nécessite souvent d’envisager des changements, ce qui est parfois difficile à accepter. Il y a des craintes, légitimes, à surmonter. Et c’est là que l’action de VIVEA et de ses partenaires prend tout son sens. »