Publié le 23 février 2013
Initiative intéressante que celle d’un groupe d’élèves ingénieurs agronomes en Productions Animales de l’ENSAT (École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse). Le 14 février 2013, en seulement 4 mois de préparation, ils ont organisé un colloque consacré à l’élevage en Midi-Pyrénées à l’horizon de la PAC 2014, avec un thème un brin provocateur : « Vivre ou laisser mourir ? »
Revue de détails des modèles d’élevage
Avec un public venu de toute la région, allant de professionnels de l’agriculture au grand public, en passant par des étudiants et des chercheurs, l’amphithéâtre de l’INP-ENSAT à Auzeville-Tolosane était bien rempli, ce jeudi-là. Tout comme le programme de la journée… Cette dernière était organisée autour de conférences, le matin, auxquelles participaient des personnalités du monde agricole, et de deux tables rondes l’après-midi. « Nous souhaitions contribuer aux réflexions qui animent les acteurs du monde agricole sur ce thème, dans le contexte d’incertitudes liées à la réforme de la PAC », explique Bertrand Farrié, un des élèves organisateurs. Lors des conférences du matin, Emmanuel Pétel, administrateur DG AGRI à la Commission Européenne s’est ainsi attaché à resituer la PAC à l’échelle européenne, nationale et surtout régionale. S’en est suivi un historique puis une prospectives sur les réformes qui ont modelé l’élevage en Midi-Pyrénées, présenté par les élèves zootechniciens de l’ENSAT, épaulés par Magali Roubière et de Marie-Annick Merelle du CERFRANCE 31. Lors de la préparation du colloque, les jeunes ingénieurs ont décidé de porter la réflexion sur 3 thèmes correspondant aux spécificités régionales. Ils ont donc abordé plus en détails la question de la pérennisation des exploitations en bovin lait par la restructuration, la multifonctionnalité des élevages de montagne et enfin, comment s’affranchir des aides de la PAC et développer son autonomie au travers des systèmes Polyculture élevage. « Pour arrêter ces thèmes, nous sommes allés notamment au Sommet de l’élevage à Cournon, pour y rencontrer des professionnels et responsables de la filière », précise Anne Aragon, une des jeunes de l’ENSAT. « Une fois affinés les éléments que nous voulions aborder lors de cette journée, nous sommes allés solliciter les personnes que nous estimions les plus à même d’apporter une expertise pertinente. Tous ont répondu favorablement et nous ont permis de proposer un colloque de qualité. Il faut les en remercier. »
Ne pas laisser mourir…
Diminution du nombre d’agriculteurs, spécialisation, volatilité des prix, revenus aléatoires, …, les intervenants des tables rondes de l’après-midi ont témoigné des solutions qu’ils ont mises en œuvre, ou des réflexions qu’ils mènent pour s’adapter dans un tel contexte. Agriculteurs, responsables professionnels et techniciens* ont ainsi présenté les opportunités à saisir et les stratégies ou instruments à construire pour préserver l’élevage dans un univers de plus en plus incertain. Animée par François Purseigle, Maître de conférences en sociologie à l’ENSAT, les tables rondes ont porté sur des domaines de réflexion comme l’évolution des formes d’organisation économique et sociale, le financement de l’activité, les dispositifs innovants (robots de traite, diversification des élevages sur un même exploitation…), l’optimisation fiscale ou encore la prospective et la recherche. Autant de thèmes qui ont suscité des échanges avec le public sur les différentes approches du métier, les concurrences ou complémentarité entre filières ou entre modèles d’élevage, ou encore les interactions possibles, voire indispensables, entre les différents organismes techniques ou de conseil.
Retranscrire tous ces débats n’est pas possible en si peu de place. Raison de plus pour souligner une initiative originale et bienvenue des organisateurs. Les étudiants de l’ENSAT proposaient en fin de journée un DVD avec l’enregistrement vidéo de la journée, pour la modique somme de 5 euros. Ce DVD est également disponible sur demande**.
Le mot de la fin – mais aussi la lourde tâche de répondre à la question « Vivre ou laisser mourir ? » – est revenu à Jean-Louis Cazaubon, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture de Midi-Pyrénées. Bien entendu, sa réponse était « Vivre ». « À condition que la réforme de la PAC ne vienne pas tout mettre en l’air, avec un dangereux système de convergence des aides », relativisait-il toutefois. « Vivre, parce que je n’imagine pas ce que pourraient être des départements come l’Aveyron, le Lot ou les Hautes-Pyrénées sans élevages, sinon de vastes déserts. Vivre, parce qu’on a vu que des solutions existent, qu’il y a des systèmes qui marchent, que l’on a des marges de progression dans nos élevages et des atouts à faire valoir. Il faut arrêter de dire que l’on va crever ! Nous devons innover sur les circuits de distribution, qui nous échappent trop souvent actuellement. Nous devons aller défricher de nouveaux marchés et des filières complémentaires. Et nous devons surtout faire reconnaître la valorisation apportée par l’élevage à nos territoires en termes de dynamisme économique, de biodiversité, de stockage de carbone ou d’agrément paysager. L’élevage est une force. Il ne faut pas laisser dire le contraire. »
* Marie-Annick Merelle (CERFRANCE 31), Jean-Philippe Choisis (INRA), Francis Rousseau (Veau sous la Mère), Jean-Luc Carensac (éleveur laitier du Tarn), Marie-Lise Broueilh (Syndicat des éleveurs Barèges-Gavarnie), Philippe Lacube (éleveur de bovins viande d’Ariège), Etienne Barrada (éleveur laitier du Gers et Président JA Midi-Pyrénées), Sébastien Albouy (éleveur laitier de Haute-Garonne avec robot de traite), Bruno Montourcy (éleveur de l’Aveyron).** envoyer sa demande par mail à colloque.ensat.pa12@gmail.com