Phytosanitaires : la région prend son avenir en main

Publié le 10 juillet 2012

Une première en France. Le 4 juillet dernier, 64 organismes publics ou privés, agricoles et para-agricole, associations de producteurs ou de consommateurs, collectivités de la région, etc., se sont retrouvés dans l’amphithéâtre de l’ENSAT, à Auzeville, pour signer une charte d’engagement sur le plan Écophyto 2018. « C’est le fruit de 18 mois de travail et de concertation », se réjouissait le préfet de région, Henri-Michel Comet, qui présidait la cérémonie de signature. « Un travail en commun qui a permis de réunir des structures qui n’ont pas l’habitude d’échanger sur un sujet aussi sensible que la gestion des produits phytosanitaires. »

Agir plutôt que subir

C’est bien la volonté d’être acteur sur le sujet des phytos qui a guidé ce projet de charte, dénommé Astarté. Issu du Grenelle de l’environnement, le plan national Écophyto prévoit en effet de diviser par deux – « si possible » – l’utilisation des produits phytos d’ici 2018. Rapidement, la profession agricole, emmenée par la Chambre Régionale d’agriculture, a mis en place des actions de surveillance, de recherche et expérimentations, de formation et de sensibilisation autour de ce thème. « Midi-Pyrénées a pris les devants », ajoutait Michel Sallenave, Directeur Régional de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF). « Pourtant, beaucoup de questions restaient en suspens concernant la déclinaison de cet objectif de réduction dans notre région. Dès lors, deux choix se présentaient à nous. Nous pouvions attendre que des directives nationales viennent de Paris, avec tous les risques de voir arriver des mesures inadaptées à notre agriculture locale. Ou alors, nous pouvions être force de propositions et définir, avec l’ensemble des partenaires de Midi-Pyrénées, ce qu’il est réellement possible de faire sur notre territoire. » C’est ainsi que la DRAAF a lancé le projet Astarté-Écophyto, en collaboration avec AgroParistech*, début 2011.

60 organismes pour une ambition régionale

Pendant 18 mois, plus de 300 acteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’environnement, ont œuvré ensemble à faire émerger une vision commune et des idées de projets à mener en commun pour améliorer la gestion des produits phytos en région. Plus d’une soixantaine de structures ont répondu présent à l’appel de la DRAAF et participé de près ou de loin à ces travaux. La Charte que toutes ont signée ce 4 juillet dernier est donc leur engagement à conjuguer leurs efforts pour mener à bien les projets innovants ébauchés par ce collectif d’experts. Concrètement, 5 orientations stratégiques et 25 projets d’actions ont été définis. Vous pourrez en retrouver tous les détails sur le site de la DRAAF**. Dès septembre, des groupes Projets seront mis en place pour passer à l’étape opérationnelle. Les signataires et l’État ambitionnent d’ailleurs de réaliser les premiers projets dès 2013. « Nous avons réussi à nous entendre pour définir une ligne directrice », conclut Michel Sallenave. « Le défi que se donne maintenant l’administration, mais aussi tous les partenaires de cette charte, est de travailler dans la durée. Nous serons collectivement responsables du succès ou de l’échec de cette démarche. »

Jean-Claude Agar témoigne de ses expériences aux côtés de Pierre Goulard (Chambre régionale d'agriculture) et Bertrand Delmas (CDA31)
Jean-Claude Agar témoigne de ses expériences aux côtés de Pierre Goulard (Chambre régionale d’agriculture) et Bertrand Delmas (CDA31)

Les Chambres d’Agriculture en première ligne

Une responsabilité qu’accepte, en tout cas, les Chambres d’Agriculture de Midi-Pyrénées et leurs partenaires en Recherche et Développement (INRA et Arvalis), qui n’ont pas perdu de temps pour faire part de leurs avancées en la matière. De fait, dès la cérémonie de signature terminée, la journée s’est poursuivie par un colloque sur l’optimisation de l’utilisation des phytosanitaires en grandes cultures. Avec en clôture, la visite de l’exploitation de Jean-Claude Agar, à Bazièges. Membre du réseau « Ferme DEPHY Écophyto Lauragais », cet agriculteur a témoigné des changements de pratiques qu’il a déployées sur une partie de son exploitation et présenté aux visiteurs son futur projet de système de cultures. Un bon moyen de montrer le potentiel, les gains ou les limites des pratiques innovantes, de façon concrète, sur une vraie exploitation. Le passage de la théorie à la pratique est souvent délicat. Mais des personnes comme Jean-Claude Agar et ses collègues (agriculteurs, fermes de lycées agricoles et instituts techniques) des réseaux d’expérimentations sont là pour mettre la théorie à l’épreuve et trouver les meilleurs moyens de relever le défi d’une agriculture écologiquement intensive, viable pour les exploitations et adaptée à nos territoires.

* Créé le 1er janvier 2007, AgroParisTech est le fruit de l’alliance de 3 grandes écoles d’ingénieurs : l’INA P-G (Institut national agronomique Paris-Grignon), l’ENGREF, (École nationale du génie rural, des eaux et des forêts) et l’ENSIA (École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires).
** http://draaf.midi-pyrenees.agriculture.gouv.fr/le-projet-astarte

Auteur de l’article : Sébastien Garcia