Publié le 13 mars 2015
L’agroécologie, tout le monde en parle. Mais si l’expression semble récente pour beaucoup, le concept, lui, ne date pas d’hier… Techniques culturales simplifiées, lutte biologique, autonomie alimentaire des troupeaux, valorisation des co-produits, etc., l’agroécologie n’a pas de définition unique. Elle est davantage un ensemble de pratiques destinées à minimiser l’impact de l’agriculture sur les milieux, tout en maintenant une performance économique de l’exploitation. Un objectif facile à énoncer mais dont la réalisation demande un réexamen complet de ses habitudes de travail. Devant la multitude d’expériences individuelles ou de démarches de groupes, qu’ils soient d’agriculteurs ou de chercheurs, autour de ce sujet depuis des années, il manquait un outil pour centraliser ces savoirs et les diffuser largement. Et surtout simplement… Une lacune comblée par l’association Solagro, avec le lancement officiel du site internet Osaé.
Donner la parole aux agriculteurs
« Osez l’agroécologie ! » est le slogan qui a donné son nom à ce site* d’échange sur la mise en pratique de l’agroécologie. Visant à accompagner les agriculteurs dans la transition vers une agriculture plus durable, le projet Osaé est basé sur les retours d’expérience d’une dizaine d’agriculteurs du grand Sud-Ouest, aux systèmes de production très variés. C’est l’un d’entre eux, Roger Béziat, qui a servi de témoin lors du lancement officiel du site, ce 20 février2015 dans les locaux de Solagro à Purpan. Ce céréalier de Venerque et son frère, Denis, travaillent avec Solagro depuis qu’ils ont commencé à s’intéresser à l’agriculture de conservation, il y a une quinzaine d’années. « L’agroécologie est un système de fonctionnement global au sein d’une exploitation », résume-t-il. « Il n’y a pas de recette toute faite. Chaque cas est unique et propre à l’exploitation, à l’histoire de l’agriculteur, à son environnement. Si, sur le papier, tout marche en agroécologie, dans la vraie vie, ce n’est pas le cas. Il y a des choses qui marchent et d’autres, pas. Il faut apprendre, parfois oublier ce que l’on croit savoir, essayer, faire des erreurs et progresser. C’est pourquoi je suis heureux de voir ce site arriver. Il va permettre, de façon simple et synthétique, de lever plusieurs idées préconçues et de montrer ce qu’il est possible de faire, selon ses moyens, pour améliorer pas à pas ses pratiques. Le dernier atout d’Osaé est de remettre l’agriculteur au centre de cette évolution, de montrer que nous sommes acteurs et non de simples exécutants. »
Un seul lieu pour une information fouillée et suivie
Pour Marine Gimaret, coordinatrice de ce projet à Solagro, un des points forts d’Osaé est de proposer une approche de terrain suivie dans le temps. « Les informations contenues dans les témoignages et les fiches du site sont fiables et validées par un comité technique et scientifique », précise-t-elle. « Pour chaque témoignage d’agriculteur, l’internaute trouvera plusieurs fiches et vidéos très détaillées sur la stratégie suivie, les objectifs visés, les pratiques mises en place, les résultats obtenus, etc. » Ces données seront actualisées tous les deux ans par les agriculteurs et Solagro, pour suivre les évolutions de leurs exploitations. En partant de ces témoignages et en intégrant de nouveaux exploitants dans les mois et années qui viennent, Solagro veut constituer un véritable réseau où les agriculteurs qui s’interrogent, cherchent des pistes ou des solutions, pourront trouver de l’information pertinente sur les pratiques agroécologiques qui correspondent à leur système de production. « Nous nous appuierons également sur les commentaires des internautes, que ce soit sur le site ou sur le blog associé pour faire évoluer son contenu et affiner nos informations », ajoutait Philippe Pointereau, directeur du pôle Agriculture de Solagro. « Nous voulons que ce site soit le plus pédagogique possible et qu’il puisse également intéresser conseillers agricoles, enseignants, agents des collectivités et de l’administration, étudiants, etc. »
Un partenariat public/privé
La création de ce site a nécessité une mise de fonds importante. Aussi, l’association Solagro a sollicité les subventions européennes du FEADER, mais a dû faire appel à plusieurs organismes, publics et privés, pour boucler son budget. Elle a ainsi trouvé écho auprès de la DRAAF Midi-Pyrénées, de l’Agence de l’Eau et de la société Agronutrition, à Carbonne, spécialisée en chimie verte. « L’administration aussi a aussi besoin de mieux comprendre les réalités de l’agroécologie », soulignait Bruno Lion, directeur adjoint à la DRAAF. « Accompagner ces pionniers est donc d’un grand intérêt pour nous mais également pour la formation des futurs agriculteurs. » Laurent René, qui représentait l’Agence de l’Eau, insistait lui sur l’importance d’accompagner un projet qui peut conduire à améliorer la composition et la structure des sols et, par là, d’économiser les ressources en eau et éviter les pollutions diffuses. Pour Cédric Cabane, PDG d’Agronutrition, « l’agroécologie est la seule issue pour l’agriculture. » Conscient du divorce entre le monde agricole et urbain, il voit dans cette initiative un moyen de montrer la réalité du travail entrepris par les exploitants pour travailler toujours mieux. « Mais j’y vois aussi un intérêt pour mon entreprise », ajoute-t-il, pragmatique. « Osaé est un véritable laboratoire de recherche de plein champs, qui nous aidera à savoir quels produits et services proposer aux agriculteurs pour leur amener de la valeur ajoutée. »
Pour vous renseigner, participer ou juste par curiosité, vous pouvez dès à présent vous rendre sur www.osez-agroecologie.org. Solagro compte par ailleurs compléter ce projet par des formations et des rencontres « bout de champs ». Pour être averti de ces initiatives, il vous suffira de vous inscrire sur le site.
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