Publié le 27 septembre 2015
Ne plus craindre d’aller au devant des concitoyens. Oser aller leur parler en face du métier d’agriculteur, de sa beauté, de ses contraintes, bref, de sa réalité. Renouer un dialogue pour stopper les rumeurs, idées reçues et autres a priori qui empoisonnent les relations entre paysans et citadins. Tels étaient, en résumé, les envies des agriculteurs de la CUMA de Préserville. Le 30 août dernier, ils organisaient leur traditionnelle « Foire à tout », autour du hangar à matériel de la CUMA, à deux pas du centre-ville.
Mais cette année, Gérard Boyer, son Président, a voulu aller plus loin que l’habituelle fête, avec son repas champêtre et son exposition de matériel agricole. « Nous ne sommes pas très loin de Toulouse et chaque année, de nouveaux arrivants viennent s’installer près de nos exploitations », explique-t-il. « Or c’est une population qui ignore désormais tout du monde agricole. Et quand un lien est rompu, que la communication ne passe plus, c’est là que les ennuis commencent. »
Reprendre l’initiative
Une dizaine de membres de la CUMA se porte alors volontaire pour organiser un débat ouvert avec le public présent lors de ce vide grenier. Deux réunions de travail avec la rédaction du Trait d’Union Paysan, qui animera également le débat, permettent de dégager les grandes lignes de cette initiative. Le consensus est vite trouvé : on ne se pose pas en victimes, on reste sur des sujets qui concernent l’agriculture locale, ce ne sera ni une vitrine syndicale, ni un tribunal. « Nous voulons juste parler de notre métier et répondre publiquement aux questions que chacun d’entre nous entend ci et là », poursuit Gérard Boyer. « Nous ne sommes pas des professionnels de la communication, alors nous témoignerons avec nos mots, notre ressenti. »
Le jour J, les bancs installés sous le hangar peinent à se remplir au début. Il faut dire qu’à 10h ce dimanche matin, la plupart des visiteurs préféraient arpenter les allées du vide-grenier voisin. Qu’à cela ne tienne, la réunion commence avec la projection d’un diaporama sous forme d’un quizz sur l’agriculture. Et petit à petit, les bancs se garnissent, des gens posent des questions, les agriculteurs répondent sans détours et les discussions s’engagent enfin.
Au final, le débat aura duré 2 heures, durant lesquelles différents points « sensibles » seront abordés sans tabou et – c’est le principal – sans énervement. Aides PAC, irrigation, phytosanitaire, nitrates, nuisances, prix, emploi, installation, …, les échanges auront été larges et riches. « Nous sommes ravis de l’expérience », dira après Gérard Boyer. « Cela fait trop longtemps que nous avons laissé d’autres personnes parler d’agriculture à notre place. Nous avons vu aujourd’hui que le grand public est demandeur d’informations simples, en direct du terrain, sans passer par le prisme des médias. Nous craignions des débordements, il n’en a rien été. Il faut arrêter de nous cacher et d’avoir peur de parler de nous. Le débat de Préserville est la preuve qu’on peut faire évoluer les mentalités, à notre petit niveau. En multipliant ce genre d’initiatives, on finira peut-être par faire changer le regard du grand public sur l’agriculture. En tout cas, nous aurons essayé… »
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