Publié le 5 octobre 2012
Gros « ouf » de soulagement pour les organisateurs, le 28 septembre dernier au soir, après le colloque sur les Techniques Très Simplifiées d’Implantation ou TTSI (non-labour superficiel ou semis direct, avec ou sans couverts végétaux) qui se tenait au lycée d’Ondes. Si la journée a été un succès, les dernières semaines de sa préparation ont été plutôt rudes. « Ce colloque restituait 3 années de suivi, de recherche et d’expérimentation sur les TTSI », explique Bernard Huntz, conseiller machinisme de la Chambre d’Agriculture 31. « Il fallait résumer dans une plaquette de 15 pages et dans des interventions de 10 mn, les centaines de données recueillies. » Mais le résultat est à la hauteur de l’enjeu. Près de 200 personnes ont suivi les débats et restitutions sur des techniques encore peu connues qui, après avoir été portées par une poignée d’agriculteurs pionniers, interpellent de plus en plus de monde.
Répondre aux attentes des agriculteurs
Le colloque du 28 septembre était l’aboutissement d’un projet CasDAR* sur l’agriculture de conservation dans le Sud-Ouest, démarré en novembre 2008. Il partait d’un réel besoin constaté sur le terrain. En effet, en grandes cultures, l’abandon du labour pour des TTSI présente un certain nombre d’atouts pour l’agriculteur et l’environnement : réduction du temps de travail, des consommations d’énergie, des phénomènes d’érosion, amélioration de l’activité biologique des sols, etc. Avantages d’autant plus nets que le travail du sol est réduit et que ces techniques sont adoptées de façon permanente sur les parcelles. Les TTSI peuvent contribuer à l’adaptation des systèmes de grandes cultures pour préserver le potentiel agronomique des sols et pour réduire leur impact sur l’environnement.
Mais ces techniques sont très peu développées aujourd’hui, en particulier sur les cultures d’été, et donc de manière continue sur la parcelle. De nombreux agriculteurs s’interrogent donc sur leur faisabilité et sur les conditions de maîtrise du rendement, de la qualité et des résultats économiques, notamment dans notre région. Cette demande forte du terrain a conduit 13 partenaires**, pilotés par la Chambre régionale d’agriculture de Midi-Pyrénées (CRAMP), à déposer un dossier CasDAR. « Il s’agissait de répondre à plusieurs questions », confie Christian Longueval, en charge de ce projet à la CRAMP. « Tout d’abord, les TTSI et le semis direct peuvent-elles être développées dans le Sud-Ouest et, si oui, dans quelles conditions ? Ensuite, jusqu’où peut-on aller dans la simplification sans compromettre les résultats (rendement, qualité, économie) ? » Le projet CasDAR a donc été construit autour de 4 actions distinctes. L’action 1 consistait à analyser et évaluer, pendant 3 ans, les pratiques et les résultats de 18 exploitations agricoles du Sud-Ouest, très impliquées dans la simplification. Les actions 2 (expérimentation) et 3 (recherche) avaient pour but d’accompagner et tester des innovations techniques (comme le semis sous couvert végétal …) ou approfondir des questions environnementales (transferts vers les eaux). Enfin, l’action 4 devait définir les conditions de développement de ces techniques dans le Sud-ouest.
Une mine d’informations à disposition de tous
« Le chantier était d’importance », estime Bernard Huntz. « Les Chambres d’Agriculture avaient besoin de valider ou d’acquérir des références sur ces techniques, utilisées dans notre région par quelques agriculteurs depuis une dizaine d’années. Mettre en commun l’expérience de ces pionniers et les connaissances et compétences des techniciens des organismes participants sur des techniques relativement nouvelles a été extrêmement enrichissant et stimulant ! Nous avons pu combler certaines lacunes et mesurer plus précisément les avantages, les inconvénients mais aussi les limites des TTSI. » Car, bien entendu, tout n’est pas rose dans les techniques simplifiées. Les résultats varient en fonction des cultures ou des méthodes et des solutions restent à trouver pour des impasses techniques. Ainsi, d’un point de vue économique, les résultats sont bons, en termes de compétitivité et de rentabilité pour le maïs, le soja irrigué, le colza et les blés. Ils sont, par contre, un peu insuffisants en tournesol, pois et sorgho. Mais Christian Longueval le rappelait dans son exposé, le bilan économique est très lié aux performances agronomiques de l’exploitant et à l’optimisation des charges. « Et il y a bien d’autres paramètres à prendre en compte », déclarait-il. « Nous avons récolté énormément d’informations, que ce soit sur le salissement, les couverts végétaux, le désherbage, les équipements, le stockage du carbone, etc. Mais ces 3 ans de travail nous amènent aussi à nous poser de nouvelles questions. Il faudrait tester plus avant des pistes qu’on a juste effleurées. Pour certaines cultures, comme le maïs en semis direct, nous avons manqué de cas à étudier, ce qui nous empêche de conclure sur son intérêt ou non. Il reste beaucoup à faire et à apprendre. » Il serait trop long de revenir ici sur tous les enseignements tirés de cette expérience. Mais le projet casDAR a tout prévu en matière de diffusion des informations recueillies. Vous pouvez ainsi vous rendre sur le site internet de la CRAMP. Vous y trouverez une quinzaine de fiches-témoignages qui globalisent l’expérience et les résultats des agriculteurs du réseau. De même, les résultats techniques, économiques et agronomiques des différentes actions, présentés lors du colloque de restitution, ainsi que la plaquette de synthèse y sont à votre disposition.
« Nous faisons un débriefing, à la mi-octobre, de ce projet », conclut Bernard Huntz. « Il faudra se laisser un temps de réflexion, mais tout le monde a l’air partant pour continuer à travailler ensemble, à approfondir des points qui le méritent. J’espère qu’il y aura une suite et que les organismes agricoles sauront être force de proposition, comme l’ont été ces agriculteurs avec qui nous avons travaillé en partenariat depuis 3 ans. »
* casDAR (Compte d’Affectation Spéciale Développement Agricole et Rural) : programme national pluriannuel, élaboré par les chambres régionales d’agriculture, l’APCA, les instituts et centres techniques, …, et financé par le ministère de l’agriculture et le Conseil Régional Midi-Pyrénées. Ce dernier conclut, pour la mise en œuvre de ce programme, des contrats d’objectifs qui précisent les modalités d’évaluation des actions et les conditions de contrôle de l’emploi de la subvention. ** Chambres d’Agriculture 09, 11, 31, 32, 81 – Acta – Arvalis – Cetiom – Solagro – FDCUMA 32 – EI Purpan – Agro d’Oc – Association des Agriculteurs d’Auradé