Publié le 29 juin 2011
« Ça fait drôle », lâche Richard Sié, directeur de la CRL. « Je ne sais pas ce que nos anciens, ceux qui ont créé la Coopérative Régionale du Lauragais en 1936, penseraient de ce qu’on est devenus aujourd’hui. À l’époque, il devait y avoir des dizaines de coopératives en Haute-Garonne. Aujourd’hui, nous sommes la dernière qui n’ait pas fusionné avec un grand groupe. Mais c’est ce qui fait le succès de la CRL. Nos adhérents ne sont pas des numéros et on arrive encore à connaître personnellement tout le monde, même si nous avons dépassé les 900 coopérateurs. » De fait, trois heures durant, Richard Sié restera devant le portail de la coopérative de Villefranche de Lauragais, afin de saluer en personne chacun des 1.200 invités aux festivités des 75 ans de la CRL.
Savoir raison garder
« Mis à part une tentative avortée avec la CAPA, nous n’avons jamais tenté de nous unir à une autre entité », poursuit Richard Sié. « Cela a été une volonté politique de tous les Présidents successifs de cette coopérative. Cela n’a pas toujours été facile et le soutien des administrateurs a été plus d’une fois décisif. Mais nous ne pouvons que nous en féliciter aujourd’hui. La convivialité est la force de la CRL et c’est un plaisir de trouver quasiment chaque matin une petite dizaine d’adhérents à l’ouverture. On discute, on échange autour d’un café, on se donne des coups de main et ça contribue énormément à créer une ambiance de confiance mutuelle. » Reste que la CRL doit maintenant gérer son succès. Avec un nombre d’adhérents qui est passé de 600 à 900 en quelques années, la structure va devoir contrôler sa croissance si elle veut garder cet esprit « famille », cher à sa direction. « Il faudra rester raisonnable. Nous ne pourrons pas accueillir tous les déçus des grands groupes coopératifs », insiste Richard Sié. « À mon avis, la nature ayant horreur du vide, on va assister à la réapparition de petites structures coopératives, plus proches de l’esprit mutualiste qui a conduit nos prédécesseurs à s’unir, il y a près d’un siècle. Mais le réveil des agriculteurs risque d’être rude, avec ces énormes coopératives qui ont déjà commencé à truster les ports commerciaux, au détriment de petites entités comme la nôtre. »
Mais pour l’heure, hôtes et convives avaient plus envie de faire la fête que de polémiquer ou de tomber dans la nostalgie. Et ils ont été servis ! Avec le savoir-faire coutumier de la coopérative en matière de réception, la CRL avait une fois de plus mis les petits plats dans les grands. Troupe de music-hall, bandas, traiteur et son armée de serveurs, menu des grands soirs, etc., le millier d’invités était plus que choyé. Sur la scène, entre deux chansons, salariés et administrateurs de la CRL recevaient les remerciements de la direction et les applaudissements d’un public visiblement enthousiaste. Les festivités se sont poursuivies jusqu’aux petites heures du matin. Sans aucun conteste, à 75 ans, la CRL a décidément toujours bon pied bon œil.