Publié le 22 novembre 2013
Le 15 novembre dernier, l’École d’Ingénieurs de Purpan accueillait une journée de restitution des expérimentations sur des systèmes de production économes en produits phytosanitaires et économiquement performants. Organisée par les Chambres d’Agriculture de Midi-Pyrénées , cette journée technique s’adressait aux techniciens et ingénieurs des chambres d’agriculture, coopératives, négoces et instituts techniques végétaux, au monde de la recherche et aux partenaires des Chambres d’agriculture (DRAAF, DREAL, ONEMA, collectivités territoriales, Agence de l’Eau, …). Elle avait pour but de faire le point sur plusieurs essais menés sur des exploitations pilotes en grandes cultures, viticulture et arboriculture. Tous ces agriculteurs font partie du réseau DEPHY* Ferme, mis en place dans le cadre du plan Écophyto.
130 agriculteurs engagés
La recherche d’une double performance des systèmes de production et des pratiques agricoles, conciliant compétitivité et respect de l’environnement, est un enjeu stratégique majeur pour les exploitations de Midi-Pyrénées. C’est pourquoi les Chambres d’Agriculture se sont engagées dès 2009 dans l’accompagnement de réseaux d’exploitations agricoles de références et pilotent aujourd’hui 10 des 12 réseaux DEPHY Ferme que compte la région. « Il faut remercier les 130 agriculteurs de Midi-Pyrénées qui, sur la base du volontariat, ont engagé, depuis trois ans pour les plus anciens, une évolution de leurs pratiques et en acceptent le risque », soulignait Jean-Louis Cazaubon, Président de la CRAMP.
Trois d’entre eux sont notamment venus témoigner, avec le technicien qui les accompagne, des innovations, changements ou adaptations mis en place sur leurs exploitations et partager les premiers résultats enregistrés. « Ce réseau n’est pas constitué d’agriculteurs modèles », tenait à préciser Nathalie Therre, animatrice nationale du réseau DEPHY. « Certains ont des pratiques déjà économes en phytos et d’autres ont des Indices de Fréquence de Traitement (IFT) élevés. Ces profils très disparates permettent d’aborder de nombreux cas de figure et donc des trajectoires d’amélioration différentes. » Pierre Goulard, l’animateur régional Ecophyto, appelait enfin à la prudence sur les résultats constatés : « Ces chiffres doivent être considérés comme des tendances. Avec seulement 3 ans de recul pour les essais les plus anciens, il n’est pas question de généraliser les résultats, qui sont propres à chaque exploitation. »
De nombreuses pistes à explorer
Après un accueil par Jean Daydé, directeur de la recherche de l’EI Purpan, et Yvon Parayre, Vice-Président de la CRAMP, les 80 participants ont pu échanger avec les binômes techniciens /agriculteurs sur les pratiques développées dans leurs exploitations respectives. Marjorie Caminade, accompagnée de Chrystel Lacz (CDA 81), a ainsi présenté les résultats obtenus sur son exploitation de grandes cultures/ail. David Comminges, aidé de Jérôme Pédoussat (CDA 09), a présenté ses résultats en grandes cultures et semences, et Nicolas Cambos, avec Anne-Sophie Miclot (CDA 32), ceux de son exploitation viticole. Anne Bogetto (CDA 82) présentait quant à elle les essais menés en arboriculture. Si le système de cultures de Marjorie Caminade présentait déjà un IFT en-dessous des 70 % de la référence régionale, elle a tout de même travaillé à réduire sa consommation de produits phytosanitaires, principalement sur les fongicides et insecticides. Elle a mis en place des rotations longues, avec des variétés tolérantes ou résistantes aux principales maladies de la culture. Elle raisonne également la protection phytosanitaire en alternant les matières actives et en pratiquant la réduction de dose en cas de faible pression, avec une application ciblée sur un stade-clé.
David Comminges, lui, a testé les traitements en bas volume avec des doses réduites et les pratiques alternatives (désherbage mécanique avec bineuse voire herse-étrille, faux-semis, couverts intermédiaires…). Résultat : son IFT a diminué de 30 % depuis son entrée dans DEPHY, sans baisse de rendements et avec un résultat économique satisfaisant. Nicolas Cambos, enfin, s’est appliqué à maîtriser la réduction de doses sur ses vignes. Grâce à un équipement de pulvérisation performant, traitant en face par face, il adapte la dose de produit en fonction de la hauteur de végétation, de la pression maladie et de la sensibilité des cépages. À noter, ses décisions de traitement sont prises à partir d’outil d’aide à la décision (modélisation mildiou et piégeages des ravageurs issus du BSV*) et du suivi quotidien des prévisions météorologiques. Alors qu’en 2011 et 2012, l’IFT de son système était supérieur à la moyenne du groupe, il est devenu inférieur en 2013, alors que la pression maladie a été particulièrement élevée.
« Ces systèmes de production innovants montrent que des pistes d’évolutions de pratiques ou modifications de systèmes sont repérées. Mais l’équilibre reste fragile et les expérimentations et tests de ces innovations dans nos différents contextes régionaux doivent être poursuivis », poursuivait Jean-Louis Cazaubon lors de la table ronde qui concluait cette journée. À ses côtés, Pascal Augier, directeur de la DRAAF Midi-Pyrénées, et Franck Solacroup, directeur du département ressources en milieux aquatiques à l’Agence de l’eau Adour-Garonne, sont également intervenus sur les moyens de capitaliser ces premiers résultats et la façon de mutualiser toutes ces initiatives pour les transférer plus largement et répondre aux enjeux de l’agriculture de demain. Les acteurs du réseau DEPHY apportent une première réponse au travers de ces expérimentations que vous pouvez retrouver sur le site internet de la Chambre Régionale d’Agriculture de Midi-Pyrénées (www.mp.chambagri.fr). Un document complet, riche d’enseignements, qui mérite qu’on s’y attarde.
* Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en produits pHYtosanitaires
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