Publié le 30 octobre 2019
Économie. Le Min de Toulouse-Occitanie a présenté sa feuille de route 2019-2020 lors de sa conférence de presse de rentrée. Les voyants sont au vert. Onze nouvelles entreprises arrivent par ailleurs sur le site. Le gestionnaire du site fourmille également de projets.
Qu’on se le dise, le Min de Toulouse va mieux. Deux ans après avoir été repris par l’exploitant du marché international de Rungis, aux côtés du groupe La Poste et de la Caisse d’épargne Midi-Pyrénées – dans le cadre d’une délégation de service public –, les voyants semblent en effet être au vert. D’une manière générale, les marchés d’intérêt national se portent bien. « Lorsqu’il y a une défiance sur l’alimentation, les consommateurs préfèrent se tourner vers leurs commerces de proximité », indique d’ailleurs Maguelone Pontier, directrice du Min de Toulouse-Occitanie.
Vers une offre diversifiée
Mais pour ce qui concerne Toulouse, c’est une nouvelle stratégie qui a dû être déployée. Il faut dire que le marché avait besoin d’être modernisé ; il fallait aussi le rendre rentable. La feuille de route était claire : élargir l’offre physique, créer des services à destination des usagers, développer la clientèle et améliorer la notoriété du Min – notamment auprès du grand public.
« Lorsque je suis arrivée ici, le marché était principalement tourné vers les fleurs, les fruits et les légumes. Avec mon équipe, nous sommes allés chercher les produits gastronomiques, carnés, laitiers et ceux de la marée. L’ADN d’un marché, c’est d’avoir tous les produits en vente physique », note encore Maguelone Pontier. C’est dans ce contexte que sera inauguré le carré de la gastronomie le 5 décembre. Lequel comptera les Fermiers occitans (filiale de la coopérative Arterris), mais aussi le fromager – et meilleur ouvrier de France – Xavier. « Il sera en quelque sorte un grossiste pour tous les producteurs d’Occitanie. Leurs fromages seront distribués en marque blanche », explique encore la directrice.
Des chiffres à la hausse
Des orientations stratégiques qui se sont révélées payantes. Le taux d’occupation est en effet passé de 82% à 96%, la fréquentation est en hausse (+2%), le chiffre d’affaires a dépassé les 400 millions d’euros et le résultat net s’élève quant à lui à 450 000 euros (contre – 200 000). « Il y a trois ans, le Min de Toulouse était complètement affaibli et était endetté. Avec le nouveau gestionnaire Semmaris, qui a fait ses preuves à Rungis, on savait qu’on allait avoir une rigueur et un dynamisme. On a besoin d’un Min structuré pour bien évoluer. Depuis deux ans, c’est très positif. Le Min a également une meilleure image. On parle du grand marché. Le dynamisme a aussi été insufflé par l’arrivée de nouveaux acteurs comme l’école de cuisine de Thierry Marx, Chronopost Food, l’installation future du fromager Mof Xavier, etc. », confirme d’ailleurs Patrick Baret, directeur commercial et associé au sein de Soulage/Favarel (groupe Blampinfruits). L’entreprise, implantée sur le site depuis 2014, a quasiment doublé son chiffre d’affaires en 5 ans (croissances externe et organique).
Le site n’accueille point seulement d’importants opérateurs. Il fait également la part belle à de jeunes pousses. Sustn Food, plus connue avec sa marque Hoope, fait d’ailleurs partie des 11 nouvelles entreprises à rejoindre le Min en cette rentrée. Cette dernière, créée par deux jeunes ingénieurs de Purpan, a notamment conçu une pâte à tartiner à la spiruline. Allier gourmandise et richesse nutritionnelle, voilà leur leitmotiv. Un consortium de producteurs gersois, baptisé Carrément Gers, fait également son arrivée. Laquelle fait écho au contrat de réciprocité entre Toulouse Métropole et le Pays Portes de Gascogne signé en juillet dernier afin de faciliter et accélérer la valorisation des produits locaux. À vrai dire, le Min recherche toujours des agriculteurs locaux, qu’ils soient de Haute-Garonne ou de départements limitrophes. Des produits manquent encore à l’appel, comme les herbes aromatiques ou les truffes. Une attention particulière est également portée sur l’agriculture biologique. Un carreau spécifique sera d’ailleurs inauguré au printemps. « Il y a des besoins. C’est en ce sens que nous avons travaillé avec la mairie de Blagnac. La commune nous a mis à disposition 40 hectares. Les agriculteurs qui exploitent ces terres peuvent contractualiser leurs volumes et ainsi sécuriser leurs revenus », mentionne encore Maguelone Pontier.
L’enjeu de la logistique
Son credo à elle est simple : « chasser en meute ». « Il faut que les gens travaillent ensemble », affirme-t-elle. Des collaborations qui s’illustrent aussi à travers d’autres axes. Celui de la formation, mais aussi le social. « On peut montrer que l’on peut être performant tout en engageant des projets qui ont du sens, il ne faut pas opposer le social à l’économique », indique-t-elle encore.
Au sein du Min, les projets restent nombreux : la création d’un atelier de filtage pour les produits de la marée ou encore celle d’atelier de découpe, dont le montant de l’investissement est estimé à 3 millions d’euros. Il y aussi l’enjeu du dernier kilomètre. Ce sont ainsi 19 000 m2 de bâtiments logistiques qui verront le jour d’ici le premier trimestre 2021 (28 millions d’euros d’investissement). « L’enjeu, c’est de proposer une infrastructure qui facilite la livraison de marchandises, en mode propre, pour le centre-ville de Toulouse », explique François Cantinaud, directeur de Toulouse Logistique Urbaine. Autant de programmes qui concourent à développer l’attractivité de ce nouveau grand marché.
Aurélien Tournier