Publié le 15 juin 2016
L’une a 20 ans, un BAC littéraire en poche et débute un CAP en horticulture. L’autre en a 25 et a créé son entreprise d’aménagement paysager, il y a déjà 4 ans. Deux parcours atypiques qui ont en commun d’être passés par l’apprentissage. Interview croisée de deux jeunes passionnés qui ont beaucoup (de bien) à dire sur leur formation.
TUP : Comment êtes-vous venu à l’apprentissage ?
Amandine Darregert : Ça a été une découverte. Je ne trouvais pas ma voie avec ma formation littéraire. J’ai alors décidé de reprendre à zéro dans un domaine qui a priori me plaisait, l’horticulture. Mais je voulais être sûre de ne pas me tromper. On m’a alors conseillé l’apprentissage. Même si j’aurais pu entrer directement en BTS, j’ai préféré commencer par un CAP* au CFA d’Auzeville. Sachant que la formation est courte, cela me permettait de tester ma motivation, de rattraper mon retard en connaissances techniques, tout en mettant aussi un pied dans le monde du travail.
Yoann Pradel : Moi, je n’aimais pas du tout l’école. Je voulais arrêter après la 3ème. Un copain qui était en BEP Aménagements Paysagers à Auzeville m’a donné envie d’essayer la voie de l’apprentissage. Comme j’aimais bien le travail manuel à l’extérieur et que je voulais vite rentrer dans la vie active, je me suis lancé dans ce BEP, que j’ai obtenu de justesse. Je ne remercierai jamais assez ma mère de m’avoir poussé à m’accrocher. Du coup, j’ai passé le Bac Pro Aménagements Paysagers puis, dans la foulée, j’ai poursuivi sur un BTS technico-commercial. Je n’aurais jamais cru aller si loin…
TUP : Qu’est-ce que vous a apporté la vie en entreprise ?
Y.P. : Tout ! Je suis resté 6 ans dans la même société, « Jardi Concept’Art » à Villenouvelle. Pendant mon BEP et mon Bac Pro, j’étais surtout dans la partie Travaux paysager. J’ai ensuite passé mes deux années de BTS en pépinière, où j’étais responsable de vente. Le patron me faisait confiance, ce qui est énorme pour un apprenti. Je prenais le camion et partais seul sur les chantiers. J’ai appris à être autonome, mais aussi à diriger des équipes. Au fur et à mesure de ma formation, j’ai commencé à encadrer les nouveaux apprentis. Arrivé en BTS, j’étais en position de chef d’équipe. Une fois mon diplôme en poche, j’avais suffisamment confiance dans mes capacités pour monter ma propre entreprise à Montesquieu-Lauragais. J’ai commencé sous statut d’auto-entrepreneur, puis en montant en puissance, j’ai opté pour la création d’une EI (Entreprise Individuelle).
A.D. : Depuis un an, je passe 3 semaines par mois à la Jardinerie Toulousaine de St Jory. Cela se passe très bien. Je travaille autant dans la partie Production que dans la partie Vente au particulier. J’apprends énormément en voyant les choses de l’intérieur. Je sais maintenant que je veux poursuivre dans ce domaine. Je prévois de continuer au moins jusqu’au BTS. Je ne sais pas encore si je créerai mon entreprise ou si j’essaierai d’en intégrer une. Je verrai si des idées me viennent dans les années à venir. J’ai encore du temps devant moi.
TUP : Que pensez-vous de la vie en centre de formation ?
Y.P. : Par rapport à l’entreprise, c’était presque les vacances… Plus sérieusement, l’écoute et la confiance de l’équipe pédagogique a, pour moi, fait la différence entre l’échec et la réussite. J’étais pourtant assez « remuant », mais grâce à eux, je m’en suis bien sorti. Le CFA a cru en moi et m’a encouragé à poursuivre, même si mes résultats n’étaient pas extraordinaires, surtout dans les matières générales.
A.D. : J’ai une formation « sur mesure » ! Comme j’ai déjà un bac, je suis dispensée de certaines matières générales. J’en profite pour me perfectionner en technique, au centre de ressources du CFA. Cela me laisse aussi un peu de temps pour m’investir dans la vie de l’établissement. J’ai été élue déléguée de classe, ce qui m’a permis de m’affirmer et de prendre de l’assurance, dans une promotion essentiellement masculine. Quant aux cours, avec une semaine en centre par mois, le rythme n’est pas le même que dans l’enseignement classique. Tout comme le contact avec les professeurs, qui sont plus à l’écoute. On se sent plus libre de s’exprimer. Et comme beaucoup sont des professionnels, cela fait une grosse différence dans l’approche pédagogique.
TUP : une conclusion rapide de votre expérience de l’apprentissage ?
A.D. : C’est une formation qui permet de tester son futur métier, de savoir si on va aimer ou pas. Et dès qu’on s’y investit, on en apprend rapidement les ficelles. On peut même se créer un réseau professionnel, ce qui n’est possible qu’en apprentissage. Enfin, on acquiert très vite une grande autonomie, tant dans le travail que dans sa vie personnelle. C’est pas compliqué : on se sent grandir !
Y.P. : L’apprentissage est mon meilleur souvenir. C’est le top pour être opérationnel. Dès la sortie de l’école, on maîtrise le métier, les outils et les logiciels. C’est un atout irremplaçable pour un employeur. D’ailleurs, après 3 ans d’activité, j’ai commencé à sentir le besoin d’avoir un coup de main sur mon entreprise. En septembre 2015, j’ai embauché un apprenti BTS Aménagement Paysager d’Auzeville. Tout se passe très bien avec lui, que ce soit au travail ou au CFA, même si ça me fait bizarre de passer de l’autre côté du miroir si peu de temps après être sorti de l’école… Mais je ne regrette absolument pas !
* l’intitulé exact est « CAP Métiers de l’agriculture, spécialité production horticole »…Caroline Frede-Vergnes, directrice du CFAAH* Toulouse-Auzeville
Associer les apprenants au projet pédagogique 100 apprentis sortent chaque année du CFA d’Auzeville. Les formations vont du CAP à la Licence Pro, dans divers domaines (paysage, horticulture, commerce, …). Pour mieux cerner leurs besoins et attentes, le CFA a mis en place, depuis septembre 2014, des conseils de délégués. Cela permet à l’équipe pédagogique d’avoir un temps d’échanges et de dialogue avec les apprentis pour faire évoluer certaines choses et mettre en place des actions. C’est aussi l’occasion pour les différentes classes de communiquer entre elles. Avec l’emploi du temps particulier à chaque formation et les périodes en entreprise, elles ne se croisent que rarement. Si beaucoup de sujets abordés ensemble tournent autour de l’activité du foyer, les délégués ont récemment été consultés pour la rédaction du projet d’établissement. C’est un moyen supplémentaire de les intégrer du mieux possible à la vie du centre.
Nos apprentis participent également à divers concours tels que les Olympiades des Métiers et le Concours de Reconnaissance des Végétaux. L’édition 2016 s’est tenue à Sainte Affrique, le 26 mai 2016, et mettait en compétition 78 jeunes issus de 13 établissements de Midi-Pyrénées.
Je suis fière d’annoncer qu’Amandine Darregert a remporté la 1ère place dans la section Horticulture niveau CAP. De même 2 stagiaires BTSA Aménagements Paysagers ont terminé respectivement 1er et 2nd dans la catégorie Aménagement Paysager niveau BTSA. Félicitations à eux pour leur performance et leur implication !