Publié le 7 janvier 2011
Avec la célébration de ses 7 siècles d’existence, le SISQA ne pouvait faire autrement que de mettre l’Armagnac à l’honneur lors de sa dernière édition. Et c’est avec un panache tout gascon que la filière a répondu à l’invitation. Mettant les petits plats dans les grands, elle a retracé les grandes étapes de la vie de la célèbre eau-de-vie sur 600 m² de stand au cœur du salon.
Entre tradition et renouveau
« Tout le monde s’est mobilisé pour faire découvrir ou redécouvrir aux visiteurs ce qu’est l’Armagnac », précise le gersois Michel Baylac, Président de la SAFER GHL mais aussi producteur d’armagnac. « Il y a un espace destiné à la vigne, mettant en scène le raisin qui donnera l’AOC Armagnac. Nous avons ensuite reconstitué un chai typiquement gascon avec, comme pièce maitresse, un authentique alambic armagnacais à distillation continue et double colonne. On y explique la vinification, le vieillissement et on y fait déguster les productions offertes par de nombreuses maisons. » Si cet espace ne manquait pas de charme, entre cuivre, bois et traditions, le BNIA* (Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac) a également tenu à présenter l’autre visage de la vénérable eau de vie, bien loin de l’image « cigare et canapé de cuir » un peu bourgeoise qu’on colle trop souvent à ce type de digestifs.
Dans un bar d’ambiance coloré et largement ouvert sur le salon, des apprentis barmen du CFA de Blagnac se sont employés pendant 4 jours à concocter des cocktails à base d’armagnac, à la surprise et pour le plus grand plaisir des visiteurs. Caramel, melon, citron vert, triple-sec, tonic, champagne, tout peut se marier avec l’Armagnac. « Il y en a pour tous les goûts et toutes les occasions », explique Marie-Claude Segur, œnologue responsable qualité et développement durable au BNIA. « Nous avons entrepris un gros travail de segmentation au cours des dernières années. À côté de l’Armagnac traditionnel, assez puissant et charpenté, les producteurs ont développé d’autres produits, plus légers, plus sucrés ou encore qui peuvent se consommer sur glace, sans qu’ils en perdent leur âme pour autant. C’est un défi technique et commercial qui commence à porter ses fruits. »
Une filière en forme
« Être invité d’honneur du SISQA est une très belle vitrine pour l’armagnac, qui reste un produit trop peu connu, que ce soit des toulousains ou même des gascons de la zone d’appellation », souligne Sandra Lemaréchal, chargée de communication au BNIA. « On ne connaît de l’armagnac que son utilisation digestive alors qu’il peut être utilisé dans de nombreuses circonstances, en boisson festive avec la Blanche d’Armagnac, mais aussi comme ingrédient de cuisine. » C’est aujourd’hui toute une jeune génération de producteurs qui investit ces nouveaux créneaux, en faisant feu de tout bois, pour coller du mieux possible à son temps. « La semaine dernière, 15 maisons d’armagnac ont signé un partenariat avec Serge Blanco pour la promotion de ce spiritueux dans le milieu sportif », ajoute Michel Baylac. « Nous voulons clairement jouer sur l’excellence et la modernité de notre production, avec un armagnac à la fois authentique et tendance. Un positionnement qui nous démarque du cognac, beaucoup plus standardisé. » Et la filière y croit dur comme fer. « Notre ambition, pour 2013, est de doubler les ventes d’armagnac, en passant de 4,5 millions de bouteilles à 9 millions », poursuit Sandra Lemaréchal. « Les dernières années nous ont montré que nous pouvons y arriver, malgré le coup de frein de 2009, suite à la crise. » Les clients étrangers, en tout cas, ne s’y sont pas trompés. Vendu dans 110 pays, l’export représente tout de même 40% des ventes. « Sans doute davantage cette année », précise Sandra Lemaréchal, « puisque les ventes à l’export redémarrent plus vite qu’en France. »
La filière Armagnac semble donc sereine quant à son futur, sûre des qualités réelles ou supposées de son produit. « Il faut reconnaître que les « 40 vertus ou efficacités de l’armagnac pour conserver la santé et rester en bonne forme« , vantées par Maître Vital Dufour, prieur d’Eauze en Gascogne, au début du XIVème siècle, sont peut-être un peu exagérées », plaisante Michel Baylac. « Mais si on ne devait en retenir qu’une, c’est bien celle de remonter le moral. Ce qui n’est déjà pas si mal pour les temps qui courent. »
* Le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) regroupe l’ensemble des professionnels de la filière (producteurs en caves particulières ou en caves coopératives, négociants, distillateurs, courtiers…).