Publié le 29 mai 2011
Au 1er juin, cinquante-quatre départements sont d’ores et déjà sujets à des restrictions d’usage de l’eau. La Haute-Garonne n’y a pas échappé puisque depuis le 20 mai dernier, deux communes sont concernées (voir encadré). La Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne a mené une enquête de terrain pour évaluer la gravité de la situation et mettre en place les premières actions pour tenter de pallier les effets de cette sécheresse.
Les grandes cultures malmenées
Les premières observations font apparaitre jusqu’à 70% de déficit hydrique par rapport à une année normale. La situation est très inégale dans le département, car les pluies d’orages ont été très localisées.
Seulement 20% des cultures de blé ont un bon potentiel (supérieur à 50 qx pour le blé tendre et 40 qx pour le blé dur), notamment dans le Lauragais où des mini averses sont venues redresser la situation. Ensuite, 40% des blés sont dans un état moyen, avec un rendement prévisionnel entre 40 et 50 qx/ha pour le blé tendre et entre 30 et 40 qx pour le blé dur. Enfin, 40% sont en mauvais état. Le potentiel de rendement serait inférieur à 40 qx pour le blé tendre et sous les 30 qx pour le blé dur, si la situation venait à perdurer. L’inquiétude provient du fait que le blé n’atteindra son palier hydrique qu’au 1er juin et que d’ici là, ses besoins en eau seront importants pour permettre le bon développement de la plante.
Pour les maïs, les cultures sont bien implantées, grâce à des semis plus précoces que d’habitude. Au 15 avril, 80% des cultures avaient déjà été semées. Par contre, à cause des sols secs, le désherbage au semis a été inefficace. Il faudra certainement prévoir des passages supplémentaires, avec pour conséquence une augmentation du poste désherbage de 30 à 40 €/ha.
Le sorgho connaît, lui, des problèmes de semis car le sol est très sec. Dans la plupart des cas, il n’y a pas eu de préparation de sol possible. Comme pour le maïs, les parcelles implantées plus tardivement ont du mal à sortir sans apports d’eau d’irrigation et leur densité est parfois insuffisante. Et l’inquiétude est forte quant au devenir des parcelles implantées en sec.
Concernant les tournesols, les levées sont très irrégulières selon les endroits, en fonction des petites averses qu’ont connues certains secteurs.
La période de floraison du colza a été très courte, notamment en raison de la chaleur et du manque d’eau. Avec des siliques peu nombreuses qui vont affecter les rendements, le potentiel est estimé entre 20 et 25 qx. Seul un apport d’eau pourrait compenser ce petit nombre de siliques, en faisant augmenter le PMG.
Quant au chanvre, les cultures sont très en avance. Le stade floraison a été atteint à la mi-mai.
Pour les orges, les cultures sont dans un état moyen à bon et pour le moment, seules les cultures de soja ne présentent pas de problème particulier.
L’élevage en situation critique
D’après les estimations du service élevage de la Chambre d’Agriculture 31, les stocks 2010 ont été habituels, voire légèrement supérieurs à une année normale dans certaines zones. Le printemps précoce n’a malheureusement pas été mis à profit pour fermer les silos ou économiser les ressources en foin. La pousse de l’herbe ayant été stoppée dès avril, les stocks qui restaient ont dû être entamés et sont en passe d’être épuisés dans les élevages bovins viande, notamment dans les zones de coteaux secs.
La mise à l’herbe des animaux a été précoce, avec une avance d’au moins 15 jours. Mais en dehors des zones ayant bénéficié d’orages localisés, il y a très peu de repousses après le premier passage, y compris le déprimage. Certains éleveurs ont ainsi démarré la complémentation au pré dès le 1er mai. D’autres ont ouvert au pâturage des parcelles qui étaient destinées à la fauche. Selon les cas, il reste de 1 à 4 semaines maximum de pâturage. Au plus tard au 15 juin, l’affouragement au pré devra débuter. Dans le piémont pyrénéen et dans les estives basses des zones de montagne, l’herbe est encore bien disponible. Mais faute d’humidité, elle ne semble pas vouloir démarrer dans les estives d’altitude, où le manteau neigeux a disparu beaucoup plus tôt que d’habitude.
Les rendements des 1ères coupes d’ensilage ou d’enrubannage sont en recul de 20 à 50 % par rapport à 2010. Grâce à leur précocité, les ensilages de ray-grass ont été les moins pénalisés, notamment ceux fertilisés dès le mois de février, et leur qualité est plutôt bonne. Lorsqu’elles n’ont pas été détournées vers la pâture, les 1ères coupes de foin s’avèrent partout très décevantes en rendement (-30 à -50 %) comme en qualité (stade trop tardif). D’une façon générale, les 2èmes coupes seront inexistantes, sauf en luzerne et à condition qu’un orage soit passé par là.