Publié le 25 janvier 2012
Le point d’orgue de la prochaine Assemblée Générale de la FDSEA 31 sera sans nul doute l’intervention de Xavier Beulin. La visite d’un Président de la FNSEA dans notre département est toujours un évènement exceptionnel à ne pas rater. Avant d’échanger avec les agriculteurs de Haute-Garonne lors de sa venue à Seysses, le 2 février, Xavier Beulin a répondu sans détours aux questions du Trait d’Union Paysan.
TUP : Dans quel esprit venez-vous à l’AG de la FDSEA Haute-Garonne ?
Xavier Beulin : LA FNSEA n’a toujours existé que par sa base. J’ai participé à une bonne cinquantaine de réunions syndicales départementales l’an dernier, que ce soit ou non des AG, et je devrais en faire autant cette année. Je viens donc tout autant recueillir les réactions et attentes des agriculteurs que pour témoigner et rapporter les activités de notre syndicat au niveau national et international.
TUP : Vous allez, entre autre, parler de la PAC post 2013 qui suscite pas mal d’inquiétudes sur le terrain. Vous avez du nouveau ?
Xavier Beulin : Il faut faire attention aux chiffres qui circulent. On entend parler de DPU unique et de baisses des aides du 1er pilier de l’ordre de 30 €/ha, etc. Il faut savoir que nous sommes toujours dans un « temps européen » et ce, jusque fin 2012. Or, avec la crise financière européenne ou encore la menace de la Grande-Bretagne de quitter le système monétaire, la question du budget de la PAC est loin d’être réglée. Gardons-nous donc d’annoncer des chiffres, tant que rien n’est calé. Je ferai le point avec les adhérents FDSEA sur les sujets majeurs pour lesquels nous voulons que l’Union Européenne revoie sa copie. Les 3 principaux étant le verdissement des aides, les outils de gestion de crises et de marchés et enfin, plusieurs mesures concernant le 2ème pilier. Et nous parlerons ensuite des « mesures nationales », qui sont la mise en application de la PAC en France, pour lesquelles nous devrons être prêts à nous faire entendre. Pour l’heure, sans vouloir pêcher par excès d’optimisme, j’ai quand même la conviction que l’agriculture redevient un sujet de 1er plan pour de nombreux États membres. Que le sujet ait été largement abordé au G20 montre que ces pays ont compris que la PAC est un des derniers remparts contre l’éclatement de l’Europe.
TUP : Vous vous êtes beaucoup investi ces derniers temps sur la compétitivité des entreprises agricoles et agroalimentaires françaises. Pensez-vous que le message commence à passer ?
Xavier Beulin : Depuis fin 2011, la FNSEA a fortement mis l’accent sur la baisse des charges salariales. Nous demandons qu’une partie de ces charges sociales soit transférée sur une autre assiette, qu’est la TVA. Ce n’est pas une mesure très populaire en ce moment et j’en mesure bien les enjeux et les risques. Mais nous avons mené de nombreux travaux depuis des années sur ce sujet et, seule la baisse du coût HT fera regagner de la compétitivité aux entreprises françaises par rapport à nos voisins européens. C’est fondamental pour les métiers de production, dans l’agriculture mais aussi dans l’agroalimentaire. Quand on voit, par exemple, la filière viande et les milliers d’emplois générés par les abattoirs et les outils de transformation, on mesure l’importance de retrouver une compétitivité en France. Quant aux produits d’importation hors Union Européenne, il me semble indispensable qu’ils supportent une partie de notre « modèle social ». L’idée semble faire son chemin. J’ai ainsi été positivement surpris d’entendre Nicolas Sarkozy évoquer ce sujet dans ses vœux au monde agricole. À 5 mois des élections présidentielles, c’est pourtant un sujet polémique.
TUP : Justement, comment comptez-vous « exploiter » les présidentielles 2012 ?
Xavier Beulin : Ce que je souhaite, c’est qu’on puisse enfin poser le bon diagnostic dans ce pays. Qu’on puisse envisager plus sereinement un consensus ou, du moins, un faisceau de convergences vers les moyens à mettre en œuvre. Nous allons rencontrer tous les candidats pour leur rappeler que le secteur agricole au sens large est un facteur d’excellence française, mais qui est sur une pente dangereuse. Manque de compétitivité, d’innovations, d’investissements, …, nous avons beaucoup d’idées à leur proposer pour redresser la barre. Mais nous avons aussi un travail à faire de notre côté. J’en parlerai lors de l’AG de la Haute-Garonne : c’est à nous de rendre nos exploitations, nos filières et nos organisations de producteurs plus efficaces. Il ne faut pas reporter toute la responsabilité sur les politiques.
TUP : Il y a pourtant un gros travail à faire sur la perception de l’agriculture par nos politiques…
Xavier Beulin : Bien entendu. Mais le problème ne vient pas tant d’un défaut de perception que de courage politique. Il n’y a qu’à voir la cacophonie sur les biotechnologies. D’un côté, les Pouvoirs Publics disent vouloir soutenir la recherche et de l’autre, ils restent passifs devant les destructions d’essais, dont même la recherche publique a fait les frais. D’un côté, le Conseil d’État, qui est tout de même composé de juristes chevronnés, casse la clause de sauvegarde sur le MON 810. De l’autre, les ministres de l’agriculture et de l’écologie en redépose une autre un quart d’heure après la décision du Conseil d’État, avec pour seul argument que 70% des français ne veulent pas des OGM… Si De Gaulle ou d’autres dirigeants en leur temps avaient gouverné selon l’opinion publique, on ne serait pas en train de parler ensemble à l’heure qu’il est. Je ne conçois pas qu’un pays comme la France puisse se mettre à l’écart de la recherche sur les biotechnologies. Il faudra pousser nos instances politiques nationales et européennes à un peu plus de courage, de solidarité et de réalisme. Et dans le même temps, nous nous devons de mieux communiquer à destination des français et notamment des jeunes générations. C’est pourquoi la FNSEA travaille sur les nouveaux modes de communication et investit progressivement les réseaux sociaux. Il faut sortir du schéma binaire qui oppose environnement et agriculture. Je refuse une écologie punitive, que je préfèrerais remplacer par une écologie responsable et intelligente. Mais ce n’est qu’en posant objectivement le débat, sans nous exonérer de nos propres responsabilités, que nous pourrons apaiser les relations et aller de l’avant.