Publié le 6 juin 2015
C’est reparti ! Pour la 2ème année consécutive, les Chambres d’agriculture de Midi-Pyrénées organisent l’opération Innov’Action. Du 8 au 25 juin 2015, 19 agriculteurs de la région, en production végétale ou en élevage, ouvrent les portes de leurs exploitations aux professionnels du monde agricole et aux pouvoirs publics. Ces hommes et femmes y présentent les nouvelles pratiques mises en œuvre, les techniques et les technologies innovantes visant à améliorer les performances économique, sociale et environnementale des exploitations agricoles pour relever les défis d’avenir, avec l’agroécologie en fil rouge. Enjeu majeur pour tous les acteurs du monde agricole, elle est abordée au travers de nombreuses thématiques : énergie, gestion de l’eau, bâtiments, protection des cultures, robots et drones…
Transfert d’innovations entre agriculteurs
Si l’innovation est souvent issue de la recherche ou de l’expérimentation, elle existe aussi dans les exploitations agricoles, initiée par des agriculteurs « pionniers ». « En améliorant les performances – économique, sociale, environnementale – de leurs exploitations agricoles, les agriculteurs offrent des solutions pour que le monde agricole réponde aux grands défis auxquels il est confronté : défi alimentaire, défi environnemental, défi énergétique, défi territorial », estime Jean-Louis Cazaubon, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture. « Les exploitations mises à l’honneur cette année ont été repérées par les équipes techniques des Chambres d’agriculture pour la qualité de l’innovation déployée, mais aussi car leurs techniques et pratiques sont en lien avec l’agroécologie et, pour certaines, permettent de réduire les impacts agricoles sur le changement climatique. Mais toutes, sans exception, contribuent à la création de valeur ajoutée dans les territoires ruraux et sont créatrices d’emplois non délocalisables. » Dans chaque exploitation participant à Innov’Action, le visiteur trouvera donc des innovations réalistes et faisables portées par des agriculteurs. Les présentations et démonstrations sont toutes faites par les agriculteurs eux-mêmes. Enfin, une évaluation des innovations est réalisée à travers l’expertise des techniciens de la Chambre d’agriculture. Une fiche témoignage est ainsi disponible sur chaque site et des données chiffrées concernant l’atelier seront présentées. Tous ces éléments seront bien entendu disponibles en ligne sur le site dédié national d’Innov’action ou, pour les témoignages de Midi-Pyrénées, sur celui de la Chambre Régionale d’Agriculture.
Un robot dans le potager
Ils ont fait l’ouverture de l’édition 2015. Ce lundi 8 juin, Stéphanie Outre accueillait les premiers participants d’Innov’action dans son exploitation de Belberaud (Escalquens), pour une raison bien particulière. « Le Potager de Stéphanie » est en effet la première exploitation maraîchère à utiliser un robot pour désherber entre les rangées de plants. Avec son potager certifié en agriculture biologique, Stéphanie Outre a toujours travaillé sans traitement chimique, avec une gestion agronomique. Pour lutter contre les bio-agresseurs, elle recourre aux auxiliaires de culture, au pilotage de l’irrigation et, depuis 2 ans, à la gestion des adventices avec l’aide d’Oz. Ce robot de désherbage autonome a été inventé par la start-up toulousaine Naïo Technologies. Informée très tôt de la conception de ce robot, Stéphanie Outre s’est très vite investie dans son développement. Au point de lancer une opération de financement participatif avec Gaëtan Séverac, le fondateur de Naïo Technologies.
En travaillant ensemble à l’amélioration d’Oz, ce duo ingénieur/agriculteur a permis de proposer un engin efficace, qui n’a pas fini de faire parler de lui. « C’est sûr qu’on ne manque ni de visites, ni de coups de fil », sourit Stéphanie. « Un robot qui bine tout seul sur et entre les rangs de cultures et qui envoie un sms quand il a fini de travailler, ça suscite forcément un grand intérêt. Il peut abattre en 10 mn le travail qui me prenait parfois jusqu’à 10 h, dans les pires conditions. Mais si les maraîchers ont vite compris que l’investissement peut être rapidement amortissable, vu les gains en termes de temps et de pénibilité, ils hésitent toujours à passer le cap et posent énormément de questions sur nos retours d’expérience : fiabilité, autonomie, adaptation de l’exploitation aux dimensions de travail du robot, etc. » Des questions que n’ont évidemment pas manqué de poser les participants à la porte ouverte du 8 juin…
Se baser sur les besoins du client
Le service au client, c’est l’écoute et la prise en compte de leurs envies. En tant qu’ancienne commerçante, Stéphanie Outre a donc monté son projet d’installation dans le maraîchage en s’interrogeant avant tout sur le besoin de ses clients. « Il m’a semblé que leurs demandes s’orienteraient bien sûr vers des produits de qualité, mais avec un service associé », explique-t-elle. « J’ai donc choisi, avec mon mari Xavier, de proposer dans un premier temps un service de livraison de paniers. Cela permet un gain de temps aux familles bousculées dans leur organisation quotidienne. Par contre, toujours dans cette optique de service, je ne me voyais pas les laisser sans produits plusieurs semaines par an. Nous avons alors créé deux structures. La première pour produire des fruits et légumes en production biologique, et la seconde pour acheter des produits que nous ne produisons pas ou qui nous manquent pour assurer la livraison des 300 familles qui nous sont fidèles chaque semaine. En commercialisant ces produits via nos paniers, nous répondons à notre idée de service, et ce, en toute transparence. » Mais Stéphanie et Xavier Outre ont décidé d’aller encore plus loin. Ils ont fait développer leur propre logiciel pour faire interagir plusieurs bases de données – légumes peu appréciés par leurs clients, productions en cours, le nombre de famille à livrer, etc. Cela leur permet de récolter la juste quantité de produits et de commander les autres produits pour compléter les paniers. Pas de gaspillage et un panier qui répond à la demande du client !
Et le dernier projet en date reste dans cet esprit de coller aux attentes des consommateurs. Stéphanie et Xavier aident actuellement une de leurs anciennes stagiaires à s’installer. Clara veut se lancer dans la production et la commercialisation de plants, une autre gamme de produits qui intéresse les clients du potager. Mais s’installer hors cadre familiale et à plus de 40 ans n’est pas chose facile. Les époux Outre lui ont alors proposé une parcelle en location pour continuer à travailler ensemble et lui faire profiter de leur clientèle. Le Potager de Stéphanie devrait donc bientôt se doubler d’un Nurserie du potager…
Une agriculture responsable, moderne et sociale. Tel était ce premier témoignage d’Innov’action 2015. Et ce n’est qu’un exemple parmi une vingtaine d’autres ! Ne ratez donc pas l’opportunité de découvrir d’autres initiatives, tout aussi motivantes. Le 23 juin en Haute-Garonne, ce sera au tour de l’EARL du Loujau, à Laffite-Vigordane. Benoît Lacaze a imaginé un stockage économiquement et écologiquement performant, en séchant son maïs à la ferme grâce à un dispositif alimenté en plaquettes de bois.
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