Publié le 7 octobre 2009.
On pourrait presque qualifier d’évènement ce qui s’est déroulé à Villefranche-de-Lauragais, le 6 octobre 2009. Une quarantaine d’agriculteurs s’est retrouvée à l’Hôtel de France pour constituer l’Association Occitane de Conservation des Sols (AOC Sols).
Cette structure, initiée conjointement par les Chambres d’Agriculture de l’Aude et de la Haute-Garonne, sera la « vitrine » officielle des TCSL, les techniques culturales sans labour.
Patience et longueur de temps…
Pour de nombreux agriculteurs présents, la création de l’AOC Sols est la consécration de plusieurs années d’efforts, d’échanges et parfois… de grands moments de solitude. « Les techniques sans labour ont du mal à passer chez nos collègues », témoigne Thierry Auriol, agriculteur à Montpitol. « Parce qu’on raisonne plus en agronomes qu’en économistes, on a tendance à nous prendre pour des indiens… » Pourtant, n’en déplaise à certains, les constats sur les problèmes dus à la dégradation des sols, sont là. Et les solutions que peuvent y apporter les TCSL, présentées ce jour-là par Bernard Huntz (Chambre d’Agriculture 31) et Jean-Luc Vergé (Chambre d’Agriculture 11), n’avaient rien d’un amateurisme illuminé. Ces deux techniciens travaillent depuis longtemps sur ce sujet. Les expérimentations réalisées sur leurs départements respectifs, tout comme les études menées au niveau national n’ont fait que renforcer leurs convictions. Dans leur intervention, ils démontraient, preuve à l’appui, que les TCSL réduisent les risques d’érosion des sols d’une échelle de 1 à 10 ! C’est donc avec un plaisir manifeste qu’ils ont animé cette réunion de constitution d’une association qu’ils étaient aussi désireux de voir naître que les exploitants qu’ils accompagnent. « Les TCSL ont de nombreux atouts à faire valoir, surtout en cette période de remise en question des pratiques culturales et de crise économique mondiale », explique Bernard Huntz. « Cette pratique gagne d’ailleurs du terrain depuis 3-4 ans. Pourtant, ses pratiquants se sentaient un peu seuls. Mais depuis quelques années et ce, grâce à une volonté professionnelle, les agriculteurs se sont regroupés pour effectuer des tours de plaines animés par un conseiller de la Chambre d’Agriculture. Il leur manquait juste une structure fédératrice et représentative. » C’est désormais chose faite.
Fédérer au niveau régional
Sous le patronage des 2 Présidents de Chambre d’Agriculture, MM Yvon Parayre et Guy Giva, les 40 agriculteurs présents ont donc constitué leur Conseil d’Administration et procédé dans la foulée à l’élection du bureau de l’AOC Sols. C’est Bernard Charrier, céréalier dans l’Aude, qui en assurera la présidence. Comme l’ont rappelé Bernard Huntz et Jean-Luc Vergé, les tâches qui incombent à cette association sont nombreuses et toutes indispensables. Une organisation agricole comme celle-ci est un levier important. Elle centralise les moyens et les connaissances sur l’agriculture de conservation des sols. La diffusion des TCSL à une échelle significative implique aussi la résolution de questions techniques, économiques et sociales, qui est facilitée par la dynamique de groupe. Les références ainsi acquises sur ces nouvelles techniques (instituts, échanges d’expériences entre agriculteurs…) permettront de communiquer plus efficacement et d’intéresser les agriculteurs et organismes bien au-delà des deux départements. « Il faut bien préciser que l’AOC Sols est multi-régionale. Elle ne s’arrête pas à un territoire donné mais s’adresse à tous ceux qui s’intéressent ou souhaitent approfondir leur connaissance des TCSL, d’où qu’ils soient », ajoute Bernard Huntz.
En cela, l’AOC Sols tombe à point nommé. Elle sera l’interlocuteur clairement identifié qui manquait pour être visible aussi bien de l’administration que des organismes techniques. L’association se veut tournée autant vers ses adhérents que vers l’extérieur. Elle s’est ainsi fixée des missions de promotion des TCSL et de mise en réseau des connaissances, en utilisant les moyens modernes de communication (envoi de mails, forum Internet, blog…). Elle veut également intervenir auprès des Pouvoirs Publics, ainsi que des collectivités territoriales et de l’agence de l’eau pour leur faire prendre conscience des atouts des TCSL en matière d’environnement. « Le Gouvernement parle de taxe mais jamais de crédit carbone », confiait Thierry Auriol. « Il oublie complètement le rôle de l’agriculture en terme de stockage de carbone. L’AOC Sols aura l’avantage de présenter à l’administration ce que l’agriculture peut faire pour l’environnement. Chaque occasion de changer notre image devrait être saisie. Celle-ci en est une belle. »