Publié le 4 novembre 2009.
Exploitant à Buzet sur Tarn, Dominique Vincent connaît bien la problématique « Main d’œuvre ». Et pour cause. Il a testé à peu près toutes les formules existantes depuis son installation, en 1993…
Indispensable main d’œuvre…
S’associant avec son père sur une exploitation céréalière (maïs et blé), il décide, sur les conseils de Thierry Astruc, conseiller de secteur de la Chambre d’Agriculture, de diversifier son activité en y ajoutant un atelier « canards gras » et une activité de stockage et séchage du maïs. « Je n’ai jamais regretté ce choix », confie Dominique. « Je crois que depuis mon installation, ce n’est jamais la même production qui est arrivée en tête en terme de marge nette. » Mais si cette diversification lui a permis de sécuriser son revenu, il y a un domaine dans lequel il n’a pas encore réussi à trouver la solution optimale, celui de la main d’œuvre. Dans un premier temps, il a travaillé avec son père. En 1997, il crée un groupement d’employeurs avec un autre agriculteur. Ce système a bien fonctionné jusqu’en 2004, date à laquelle le salarié décide de quitter le GE pour s’installer. Par la suite, il a employé des occasionnels, jusqu’à l’année dernière, où il a refait un groupement d’employeurs, cette fois avec son ancien salarié. « Cela a bien démarré mais, depuis 6 mois, je retombe dans les mêmes problèmes qu’avec les occasionnels », déplore-t-il. « Il est difficile de trouver quelqu’un de compétent et assidu. » Être employeur est, en effet, loin d’être facile. Gérer une personne, au besoin la former, assumer le coût des charges de personnel et le poids de l’administratif, trouver le juste milieu avec son ou ses associés du groupement d’employeurs en terme d’utilisation du salarié…, tout ça relève souvent du numéro d’équilibriste. « J’ai essayé de me débrouiller tout seul », reconnaît Dominique Vincent. « J’ai commencé par revendre la moissonneuse et faire récolter par l’entreprise. Le gain de temps est énorme. J’ai gagné 3 mois de travaux en moins ! Mais ça ne suffit pas. L’atelier Canards demande une présence constante. Mes carnets de commande sont pleins mais je n’arrive plus à fournir. L’an passé, il y a des commandes que je n’ai pas pu honorer, ce qui est grave ! »
Des conseils pour mieux cerner ses besoins
Dominique Vincent se trouve devant un choix délicat, abandonner l’atelier ou pas. « Ça me crèverait le cœur que, faute de main d’œuvre adaptée, je doive laisser tomber une activité rémunératrice, sécurisante et créatrice d’emploi sur la commune. Mais une chose est sûre, je ne pourrai pas tenir à ce rythme-là. » Il n’en arrivera sans doute pas là, lui qui avoue avoir « un projet par an en tête » et ne pas pouvoir se contenter de faire uniquement des céréales. Mais tous ses projets nécessitent une personne en plus sur l’exploitation. Quelle solution alors ? Peut-être ce que suggère Thierry Astruc, également référent Nord-Lauragais de la plateforme Travail/Emploi départementale : redéfinir les besoins de l’exploitant en terme de main d’œuvre. Car jusqu’à maintenant, Dominique Vincent n’a embauché que des exécutants. « Je pense que Dominique a davantage besoin d’un collaborateur que d’un manœuvre », estime Thierry Astruc. « Au regard de ses attentes en terme d’implication dans le travail, il devrait chercher une personne plus qualifiée, au minimum d’un niveau bac+2. Bien sûr, cela sous-entend des charges salariales plus élevées. Mais si le résultat net s’en trouve diminué, les charges de MSA et d’imposition le seront également. Au final, son salarié collaborateur ne lui coûtera pas aussi cher qu’il le pense. Sans compter que le chiffre d’affaire va vraisemblablement augmenter, vu la demande actuelle en canards gras, et surtout que lui-même va gagner le temps et la tranquillité d’esprit qui lui font cruellement défaut aujourd’hui. » Une stratégie gagnant/gagnant, en fait. L’idée vaut la peine d’être creusée, selon Dominique Vincent. C’est bien pour accompagner les agriculteurs dans leurs réflexions et leurs recherches que la plateforme Travail Emploi a été créée. Pour ne pas laisser des exploitations comme celle-ci perdre en performances parce qu’elle s’est retrouvée seule face à sa problématique Travail.