Publié le 11 septembre 2009.
Le salon Innov-Agri Grand Sud-Ouest a refermé ses portes le 10 septembre au soir. L’édition 2009 aura battu tous les records d’affluence. Plus de 33 .000 visiteurs, issus en majorité des 22 départements du Grand Sud-Ouest, se sont déplacés au lycée agricole d’Ondes, selon France Agricole, organisateur de l’évènement.
Plaisir des yeux…
9 septembre au matin. Parkings bondés, routes d’accès embouteillées, gendarmes sur les dents pour gérer la circulation… pas de doute, Innov-Agri Grand Sud-Ouest s’annonçait aussi prometteur que lors du précédent salon de 2007, en terme de participation. Le soleil radieux, le temps sec qui n’encourageait pas à travailler les terres, une envie palpable de se « vider la tête », les ingrédients étaient réunis pour inciter les agriculteurs du sud de la France à aller faire un tour à ce désormais incontournable salon du machinisme agricole. Lors de cette 1ère journée, pas moins de 18.000 d’entre eux ont ainsi descendu l’allée bordée d’arbres du lycée agricole d’Ondes, pour arpenter les 35 ha qu’occupait la manifestation.
Implantés de part et d’autre du parcours de visite, les exposants s’étaient mobilisés pour présenter leur offre sur plus de 200 stands, espaces de démonstration (plus de 700 matériels en dynamique), chantiers de récolte (répartis sur 20 hectares) et vitrines végétales (2 000 m²).
Ces derniers étaient pourtant venus avec une certaine appréhension, compte-tenu du contexte très difficile de baisse des revenus et de volatilité des prix. « On pensait vraiment que l’ambiance serait lourde », confiait un constructeur. « Mais malgré les difficultés que peuvent vivre les agriculteurs – et elles sont pires que jamais – on n’a quasiment pas entendu de plaintes pendant le salon. Nous avons parlé technique, performance, bref de machinisme. »
« On n’est pas venus ici pour se plaindre », confirmait un visiteur, exploitant dans le Lot. « Ce salon, c’est l’occasion de penser à autre chose, de rêver un peu devant du matériel à la pointe de la technologie. C’est aussi un lieu de rencontre, on y retrouve des gens qu’on ne voit rarement. On s’offre une parenthèse d’une ou deux journées, en somme. » Cet état d’esprit s’est naturellement retrouvé dans le bilan qu’en tirent les concessionnaires (voir encadré).
Trouver des solutions
Outre le plaisir de voir du matériel en action, les visiteurs sont également nombreux à avoir profité de leur passage pour se renseigner sur les solutions possibles pour mieux gérer leurs exploitations. Économiser l’énergie, en produire, optimiser des coûts de production étaient les maîtres-mots de cette édition 2009. Le village Conseil Énergies, animé par la Chambre d’Agriculture et les Instituts techniques, tout comme le pôle d’exposants bioénergies ont connu une forte affluence tout au long des deux jours. Pour preuve de l’intérêt du public, les ateliers et conférences consacrés aux bioénergies et à la réforme de la PAC ont à chaque fois fait le plein.
Trouver des solutions également sur le terrain politique, c’est ce qu’a également souhaité Yvon Parayre, le Président de la Chambre d’Agriculture, lors de la soirée d’inauguration. Plaidant la cause du machinisme, il a suggéré un plan de relance à l’administration. Au vu des bons résultats obtenus dans l’industrie automobile, il a proposé la transposition de la prime à la casse au machinisme agricole. « Un matériel neuf est une source d’économies et de performance pour l’agriculteur mais aussi d’emplois et de dynamisme économique pour l’aval de la filière », insistait-t-il auprès de Michel Sallenave, le Directeur de la DRAAF Midi-Pyrénées. « Encourager ce secteur tirerait vers le haut l’ensemble de l’agriculture française. » Michel Sallenave, dont c’était la première participation à Innov-Agri, a pour sa part salué l’initiative de ce salon qui « donne des perspectives à une profession en manque de repères et de visibilité, en cette période de crise. » Il a par ailleurs annoncé qu’il allait proposer au Préfet de région de mettre en place un observatoire de veille sur la situation économique de l’agriculture en Midi-Pyrénées. Il regrouperait les banques, la MSA, les centres de gestion et la DRAAF pour permettre de mieux cerner les difficultés des secteurs et mieux les anticiper pour être plus efficace dans les gestions de crises.
Une page se tourne donc avec cette édition 2009, sur un bilan mitigé. Si l’affluence, la qualité de l’organisation et des matériels présentés, étaient une fois de plus exceptionnels, l’ombre de la grave crise de l’agriculture a pesé sur le bilan commercial des exposants. Espérons que le prochain d’Innov-Agri Grand Sud-Ouest, qui se tiendra début septembre 2011, ouvrira ses portes sous de meilleurs auspices…
S.G.
L’écho des concessionnaires
M. Algans (Motoculture Reveloise) : « Très bon salon en terme d’affluence. Nous avons eu beaucoup de monde au stand Valtra, surtout le mercredi. Mais si nous avons passé deux belles journées, le vendredi nous a fait retrouver la réalité. L’agriculture est dans une très mauvaise passe et nous, concessionnaires, n’allons pas vers de beaux jours. On voit d’ailleurs arriver les 1ères difficultés de paiement de certains de nos clients. Tant que les prix des céréales seront aussi mauvais, ce n’est pas avec les rendements d’ici, de moitié inférieurs à ceux du nord de la France, que nous pourrons espérer repartir. »
M. BABOULET (Ets Baboulet à St Gaudens) : « C’était une manifestation intéressante mais au niveau des affaires, la période est trop difficile pour les agriculteurs pour espérer avoir un retour sur nos ventes. On s’en est plutôt bien tiré avec la crise pour le moment. Nous avons ainsi enregistré un progrès sur notre exercice 2008-2009. Mais la vraie crise, celle de l’agriculture commence maintenant. L’année 2010 va être très dure. L’élevage ne s’en sort plus et on sent que le climat se détériore très rapidement. Beaucoup sont désespérés et ont le sentiment qu’il n’y a pas d’issue, avec une Europe de plus en plus lointaine. »
Mme Soules (Ets Soules à Noé) : « Le bilan général est plutôt positif. Nous avons eu pas mal de contacts. Mais dans l’ambiance de morosité, avec ce marché des céréales au plus bas, il faudra attendre pour en voir les retours. Nous ne vendons pas des baguettes de pain. Il nous faut prendre contact, étudier les besoins et les demandes, puis faire des propositions. On verra. Il faut laisser le temps au temps. »
M. Cravero (Cravero Motoculture à Bessières) : « C’est un bon salon pour nous, surtout qu’il se tient sur notre secteur. À cause de la situation économique des agriculteurs cette année, nous avons eu moins de contacts qu’en 2007, avec environ une trentaine de prévisions d’achat. En plus, par rapport à la dernière fois, les gens sont partis très tôt. Une fois le tour du site terminé, ils sont repartis alors que les années passées, ils revenaient vers les matériels qui les intéressaient pour discuter « prix ». Pour l’avenir, je pense qu’une 3ème journée serait intéressante, du point de vue commercial. Et pour moi, il faudrait plus donner priorité aux essais des matériels par les visiteurs que les démonstrations sur parcelles, qui ne correspondent pas toujours aux façons de travailler des producteurs locaux.