Publié le 19 novembre 2012
Roland et Mathieu Pujol ont le sourire. Après plusieurs années économiquement difficiles, leur GAEC du Rieutarel respire à nouveau et reprend confiance en l’avenir. Leur solution ? Elle est passée en grande partie par Vivadour.
Savoir changer de cap
« Nous nous trouvions dans une impasse économique », avoue Mathieu Pujol, le fils installé en 2008 sur cette exploitation laitière d’Esperce (canton de Cintegabelle). « Le prix du lait ne cessait de baisser et notre bâtiment principal devenait obsolète, alors que nous n’avions toujours pas fini de payer la mise aux normes. Pour continuer, il aurait fallu réinvestir plus de 60.000 €, dans un contexte plus que précaire pour les producteurs de lait. » En pleine réflexion quant aux décisions à prendre, un évènement allait accélérer les choses. Livrant à la laiterie Onetik, la collecte de la production du GAEC a été suspendue du jour au lendemain, sans avertissement, en août 2011. « Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », poursuit Mathieu. « Quand le camion est enfin arrivé, une semaine plus tard, notre tank était vide et nos vaches, taries. Nous les avons revendues, parfois au prix de la viande, mais je pense que c’était la bonne solution, au bon moment. Il faut savoir dire stop et ne pas s’accrocher inutilement quand tout vous pousse à arrêter. Surtout que nous étions en train de démarrer un atelier « poulet industriel ». Cela nous a confortés à nous lancer à fond dans ce projet. C’est à ce moment que nous avons rencontré Vivadour. » La coopérative les a en effet accompagnés et soutenus, notamment en se portant caution auprès de la banque pour la construction d’un bâtiment de 1.200 m². Fournissant conseils techniques, assistance vétérinaire et aliments, tout en garantissant l’achat de la production, Vivadour a aidé le GAEC à franchir le pas. Sans regret pour le moment. « Économiquement ça marche très bien, même si c’est une production très pointue », résume Mathieu. « Les 2 ingrédients indispensables pour réussir sont un bon bâtiment et un bon technicien. Grâce à Vivadour, on a les deux… » Restait à savoir que faire du bâtiment qui hébergeait les laitières. Là aussi, la réponse est venue de la coopérative.
Une stabulation bien employée
« Le technicien qui nous suivait en poulet a informé Philippe Moncassin, le responsable technique et commercial de la filière bovine, que nous avions une stabulation inutilisée », poursuit le jeune éleveur. « Celui-ci nous a alors proposés de finir des vaches de réforme, dans le cadre d’un contrat avec Vivadour. » Ce système proposé par la coopérative depuis 2 ans repose sur un constat simple : il y a un gros déficit de bêtes pour fournir les chevilles locales en viande « basique », sans label. « Seuls 8% du marché de la viande bovine sont sous label », relève Philippe Moncassin. « Le reste est destiné à tout ce qui est viande sous vide, steak haché, plats préparés, etc. Or, nous ne savons pas fournir actuellement les demandes des industriels en la matière. C’est pourquoi Vivadour s’est saisi de ce problème et propose depuis 2 ans un contrat à des éleveurs pour engraisser des vaches venues de région à forte production de maigre. » La coopérative s’occupe de la majeure partie des opérations. Elle achète les animaux, les expédie chez l’éleveur, fournit l’aliment, récupère les vaches 90 jours plus tard, les trie et les envoie aux abattoirs locaux pour fournir ensuite les chevillards ou industriels en fonction de leurs besoins. L’éleveur fournit donc le bâtiment, la surveillance du troupeau et la paille. Séduits par la formule, les Pujol ont décidé de tenter le coup. « Ça nous a fait bizarre de voir arriver 40 vaches d’un coup », se souvient Roland. « Elles n’étaient pas en super forme et les plus vieilles allaient sur leur 14 ans. Il y avait toutes sortes de races : salers, blonde, gasconne, mixtes, … Mais au final, tout s’est bien passé. Elles sont un peu moins calmes que des laitières mais nous n’avons pas eu de problème d’entente entre les vaches. Nous les avons depuis 2 mois maintenant et elles sont méconnaissables. On leur donne de l’aliment et de la paille à volonté, on les surveille bien et c’est à peu près tout ce qu’on a à faire. » De fait, il suffit de passer un coup de téléphone à Vivadour pour être livré en aliments dans les 48 heures. De la même manière, la coopérative emploie ses propres vétérinaires spécialisés qui interviennent très rapidement en cas de soucis sanitaire. Enfin, un technicien spécialisé est à disposition 7 jours sur 7 pour conseiller l’éleveur et répondre à ses questions. « On a choisi de ne plus prendre aucun risque », reconnaît Roland. « Après des années à s’inquiéter du prix du lait, du durcissement des normes sanitaires pour les installations, etc., on ne voulait plus être stressés à travailler comme des fous pour ne rien gagner à la fin. Avec ce contrat, on bénéficie d’un bon complément de revenus, en travaillant l’esprit tranquille. C’est pour nous un vrai soulagement. »
Une production d’appoint facile
La marge par animal dégagée par cette formule n’est pas énorme. À raison de 60 à 80 € par tête environ, c’est sur le volume que tout se fait. Avec 90 jours de pension, suivi d’une semaine de transition pour tout curer et nettoyer, l’éleveur peut escompter presque 4 bandes par an. Dans le cas du GAEC du Rieutarel, on peut estimer le nombre de vaches à finir à environ 150 bêtes par an, soit à la louche dans les 10.000 € de marge. D’un point de vue sanitaire, les vaches arrivent ensemble et repartent ensemble, ce qui limite drastiquement les risques de transmission de maladies. Les coûts de transport sont également optimisés. Qu’un camion vienne pour 2 vaches ou pour 40, le coût est quasiment le même. C’est bien pourquoi la coopérative ne travaille pas à moins de 20 animaux par lot, contrairement aux habitudes de notre région où un chevillard peut acheter 2 bêtes par ci, 3 bêtes par là. Enfin, pour Vivadour, c’est le moyen de pouvoir planifier à l’avance des livraisons importantes à des entreprises demandeuses de régularité en termes d’approvisionnement. « Nous arrivons bientôt au terme de notre 1ère bande et il faut reconnaître que le concept nous plait », avoue Mathieu. « La surveillance et les soins au troupeau ne prennent qu’une grosse demi-heure par jour. Ce qui nous laisse du temps pour la production de poulets. D’un point de vue financier, nous aurons des rentrées d’argent régulières et garanties. Sans compter que les surfaces dévolues aux prairies ont pu être converties en cultures céréalières. Avec les cours actuels et les économies d’intrants que l’on fait par ailleurs avec le fumier, on a retrouvé un équilibre économique auquel on ne croyait plus. »
Vivadour croit fermement dans la viabilité de ce système. La coopérative cherche d’ailleurs toujours des éleveurs désireux de tenter l’expérience, tant la demande est forte du côté des chevilles. « C’est du gagnant/gagnant », conclut Philippe Moncassin. « Vivadour se charge de tout ce qui peut être ressenti comme pénible par un agriculteur : trouver un vétérinaire spécialisé, acheter les aliments, faire la facturation, négocier avec un chevillard, etc. L’agriculteur peut se concentrer sur son métier d’éleveur, à savoir prendre soin des bêtes. C’est enfin une activité qui ne fait pas concurrence aux autres filières de la viande bovine. Nous sommes sur un domaine qui n’existe pas ou peu par chez nous et sur lequel il y a un gros potentiel. J’invite donc les éleveurs intéressés à nous contacter. C’est une opportunité à prendre : il y de la place pour beaucoup de monde ! »