Publié le 15 janvier 2010
Sensibiliser à la vente de bovins finis aux distributeurs locaux pour récupérer la valeur ajoutée. Tel est le but de ce concours Stéphane Sansonetto, 36 ans, est installé sur 17 ha, à Cornebarrieu, en pleine zone périurbaine. Pour ce fils et petit-fils d’agriculteurs du Saint Gaudinois, l’installation a tenu du parcours du combattant : « Je suis ingénieur dans l’industrie, de formation. Quand j’ai décidé de me mettre à l’agriculture, j’ai tout de suite voulu me lancer dans un système de vente directe, n’ayant ni les moyens, ni l’envie de me lancer dans un système traditionnel. J’ai donc cherché une exploitation en périphérie de Toulouse. N’étant pas connu dans la région, cela m’a pris 4 ans ! Mais grâce à la SAFER, j’ai pu m’installer le 1er novembre dernier. » Ce premier obstacle franchi, il a ensuite fallu convaincre les banques de le suivre. « J’ai contacté le réseau régional des AMAP pour leur présenter mon projet. Il me fallait 350 familles pour qu’il soit économiquement viable. L’AMAP s’est engagée à me les trouver. Muni de cet appui, j’ai démarché les banques. La seule à me suivre et à se montrer enthousiaste a été le Crédit Agricole… »
« Agriculteur avant tout »
Le projet de Stéphane a pourtant de beaux atouts pour lui. Pour ce céréalier dans l’âme, l’élevage était exclu. C’est donc sur une idée pour le moins originale qu’il décide de tout miser : il fabriquera des pâtes et de la farine. Et ça marche plutôt fort ! Actuellement en conversion en agriculture bio, il fonctionne sur une large palette de productions pour faciliter ses rotations (blé tendre, blé dur, épeautre, avoine, millet, tournesol, lentilles et haricots). « Avec le blé tendre, le millet et l’épeautre, je fais de la farine et des fibres pour petit-déjeuner. Je fais de l’huile avec le tournesol. Et le blé dur est transformé en semoule et pâtes, mon produit phare. » Produit vedette, certes, mais aussi celui qui lui demande le plus de temps. La transformation, si elle n’est pas compliquée en théorie, nécessite une vigilance constante et les débits sont faibles : « Avec la petite machine que j’ai achetée, je peux faire 20 kg /ha. Si je veux produire plus, il me faudra monter en gamme, or celle-ci m’a déjà coûté 8.000 €. » De toute façon, Stéphane souhaite rester agriculteur et ne pas devenir esclave de la transformation. Il tente donc de trouver le juste milieu entre marges et volumes. Et de conserver son temps pour ce qui l’intéresse beaucoup plus : l’expérimentation en bio. « Il y a un gros potentiel en terme d’évolution des rendements », s’enthousiasme-t-il. « J’ai intégré un CETA Bio pour progresser en technique. J’y ai découvert que tout pouvait être tenté : il n’y a rien de bien établi encore, pas de conseil technique tout fait. Du coup, on tente des trucs qui peuvent sembler farfelus mais qui s’avèrent parfois payants. »
Inestimable reconnaissance…
Ce goût pour les choses nouvelles, Stéphane aime à les partager. C’est entre autre ce qui l’a poussé à rejoindre le réseau Bienvenue à la Ferme : « À l’inverse de bien d’autres, j’ai commencé par l’AMAP pour ensuite chercher à faire venir les consommateurs sur l’exploitation. » Là aussi, le succès est au rendez-vous. Depuis qu’il a intégré le réseau, il est très sollicité par les écoles ou des consommateurs. Tous sont curieux de voir comment on fabrique les pâtes et même la farine, processus inconnu de la majorité de la population. Loin d’y trouver une gêne dans son agenda chargé, Stéphane avoue prendre un grand plaisir à expliquer son travail aux visiteurs : « J’y trouve ce qui manque à mes collègues agriculteurs en conventionnel : une reconnaissance de la valeur de notre métier. Les consommateurs ne voient jamais l’agriculteur derrière les produits transformés qu’ils achètent. Ici, surtout avec les pâtes qu’ils voient se fabriquer sous leurs yeux, ils se rendent compte que ce sont nous qui les nourrissons. Sans compter que ces pâtes ont un goût incomparable aux industrielles… »