Publié le 10 mai 2019
Les cépages oubliés, recensés à travers le projet transfrontalier Valovitis, représentent une vraie carte à jouer pour les vignobles occitans. Autant pour conquérir des marchés de niche à forte valeur ajoutée que pour s’adapter aux évolutions climatiques.
L’atout des vignobles du massif pyrénéen, du Pays Basque à la Catalogne, est sans conteste la richesse de leurs patrimoines génétiques viticoles.
Ces territoires sont le berceau de 130 variétés traditionnelles connues, soit environ 30% des cépages traditionnels français et approximativement 20% des variétés espagnoles présentes dans le conservatoire du Gouvernement d’Aragon. Cette ressource unique s’explique par les nombreuses disparités géographiques et l’histoire des civilisations de l’époque gallo-romaine jusqu’aux pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle. Malgré l’implantation de nombreux conservatoires de cépages ces dernières années, l’érosion de cette ressource naturelle à la valeur inestimable est en marche. Certaines variétés, représentées uniquement au sein de conservatoires ou d’anciennes parcelles, pourraient permettre de répondre à une nouvelle demande de marché de niche, générant une forte valeur ajoutée ou s’avérer particulièrement adaptées aux évolutions climatiques. Dans une mondialisation omniprésente, l’interprofession souhaite accompagner les vignerons vers un recentrage et à capitaliser sur « nos pépites régionales».
C’est dans cet esprit qu’a été monté le projet Valovitis. Au terme de trois ans de recherche, il a présenté mercredi 17 avril dans les locaux majestueux du château Cransac à Fronton. Plusieurs partenaires ont été nécessaires pour mener à bien ce projet uniqueparmi lesquels le pôle sud-ouest de l’Institut français de la vigne et du vin; l’université de Saragosse et le centre de recherche et de technologie agroalimentaire d’Aragon (Espagne). Le projet s’est déroulé en trois étapes. La première a consisté en un recensement exhaustif de l’ensemble des ressources génétiques du massif pyrénéen grâce à une approche participative et des analyses ADN. Plus de 300 variétés ont été identifiées, dont 30 totalement inconnues, «des trésors ». Ce recensement a été complété par une évaluation de l’état sanitaire et une implantation au sein de conservatoires et de parcelles d’études pour assurer la sauvegarde de cépages en voie d’extinction. Dans la seconde étape, l’équipe s’est attachée à évaluer les potentialités agronomiques, technologiques et aromatiques des raisins récoltés. A partir de là, pouvait démarrer la troisième étape: faire émerger plusieurs variétés minoritaires et contribuer à leur essor. Au-delà du caractère patrimonial de la démarche, le projet vise un objectif économique. Il s’agit de conférer aux entreprises un avantage concurrentiel qui contribuera à améliorer leur compétitivité, notamment sur les marchés à l’exportation, et à maintenir un dynamisme économique et social dans les territoires ruraux concernés par le projet.
Marc Penavayre, du Domaine Plaisance, à Vacquiers, n’a pas attendu le projet Valovitis pour introduire un cépage « oublié» dans sa gamme. Convaincu que le « Sud-Ouest a une carte intéressante à jouer par la diversité de ses cépages », il a planté quelques pieds de Négret Pounjut, complété au fur et à mesure pour atteindre aujourd’hui 40 ares.