Publié le 14 mars 2019
À la ferme des Moulères, à Saint-Frajou, la Tarasconnaise est reine. L’élevage de brebis a servi de support à la transmission d’une exploitation et a permis l’installation de deux jeunes. Avec en prime la création de deux ateliers de diversification. Belle illustration d’une agriculture à taille humaine qui dynamise les territoires ruraux.
Dans la famille Loisil, il y a le père, Pascal, ancien plombier, devenu éleveur ovin voilà neuf ans et aujourd’hui retraité (actif), qui continue d’avoir une cinquantaine de brebis. Sa femme, Sylvie, qui vient d’arrêter son activité de table et chambre d’hôtes à Saint-Frajou. Dans la famille Loisil, il y a aussi leur fils, Robin. Après huit ans d’expérience comme berger d’estive, « dans toute la France et jusqu’en Suisse », il a choisi de se sédentariser à quelques kilomètres de la ferme familiale. C’est dans la même commune qu’il s’est installé sur sa propre structure, pour créer un atelier de porcs noirs. La ferme initiale, ce n’est pas lui qui la reprise, « par choix » mais son beau-frère, Benoît Castaing. Celui-ci arrive du monde associatif et culturel. Ce passionné d’apiculteur a choisi de professionnaliser l’atelier, tout en restant à taille humaine avec 40 ruches. Ensemble, les deux jeunes viennent de créer le Gaec des deux coteaux au sein duquel ils développent chacun leur activité et poursuivent le travail auprès du troupeau ovin. « Nous arrivons de deux univers complètement différents. Cette complémentarité de compétences et de connaissances est précieuse », assure Benoît Castaing.
« L’idée a fait son chemin petit à petit. Au départ, nous pensions nous installer chacun de notre côté. Dans notre famille, nous avons souvent recours à l’entraide, ce fut bientôt une évidence de travailler sous forme sociétaire », complète Robin Loisil. Pour laisser la place à leurs enfants, Pascal et Sylvie Loisil ont acheté une exploitation à Lilhac, commune à proximité immédiate de Saint-Frajou. Ils ont entamé une transition vers la retraite. Une façon pour eux de laisser la place aux jeunes et de lever le pied tout en se gardant la possibilité de rester actifs et de donner la main à leurs successeurs quand ceux-ci en expriment le besoin. « Laisser sa maison d’habitation est un point important pour réussir sa transmission », avance Sylvie Loisil. Son mari poursuit avec un autre facteur-clé : « L’installation des jeunes a été facilité par la location de tous les outils de production et par le fait que j’avais gardé un outil à taille humaine. Il est plus facile de transmettre 31 hectares et un troupeau de 200 brebis que 150 ha. »
Valoriser la production
Afin d’anticiper l’installation des deux jeunes éleveurs, Pascal a augmenté son troupeau de brebis tarasconnaises en production biologique pour atteindre 320 têtes.
Féru de génétique depuis le départ, il travaillait la race en pur, privilégiant la prolificité et la valeur lait. Et même s’il s’est gardé 50 brebis pour continuer à la retraite, les mères qu’il a laissées aux membres du Gaec présentent des indexations très honorables. Le duo de jeunes éleveurs démarre ainsi avec un troupeau à haute valeur génétique.