Auzeville : Tradition d’excellence

Publié le 22 septembre 2010

Patrick Mignon, proviseur du lycée d’Auzeville, était visiblement fier d’accueillir l’ensemble des équipes pédagogiques pour la prérentrée 2010, le 2 septembre dernier. « En dépit des difficultés financières et de la diminution du nombre de postes que connaît notre établissement, comme beaucoup d’autres, les taux de réussites aux différents examens sont excellents. » De fait, avec plus de 95% de réussite en moyenne, Auzeville n’a pas démérité de sa réputation d’excellence. Et le 100% réalisé par les 25 élèves du BTS ACSE* ne fait que confirmer la qualité de l’enseignement dispensé dans la « banlieue » toulousaine.

Ouvert sur la ville et sur la vie

Devant les quelques 220 personnes qui travaillent dans l’établissement, le proviseur a exposé les grandes orientations de l’établissement. En particulier, un affichage clair de la politique de l’établissement sur les volets Alimentation et Développement Durable. « Ce sont des domaines abordés par la Loi d’Orientation sur l’agriculture», rappelait-il, « sur lesquels Auzeville se doit de s’impliquer. En cela, l’exemple du Centre de Sélection Apicole de Midi Pyrénées que nous avons créé dans nos murs, en partenariat avec l’INRA et l’ADAM, doit continuer à nous servir de modèle. » L’exploitation du lycée témoigne par ailleurs de cette volonté politique et éducative. Éric Cazassus, le directeur d’exploitation, a ébauché les grandes lignes des actions dont la ferme sera le support. Pédagogique tout d’abord, avec les stages pratiques pour les élèves, technique ensuite, avec des essais en partenariat avec la Chambre d’Agriculture sur la problématique de réduction des intrants Écophyto 2018 ou avec l’INRA sur l’agriculture biologique. Support de communication enfin, par la mise en place du projet de ventes en circuit court : Ferme en Ville. « C’est un projet qui nous tient à chœur », soulignait Patrick Mignon. « Nous sommes en attente des derniers financements. C’est un outil précieux qui concrétise notre ouverture sur le monde extérieur et contribue à une meilleure connaissance de nos concitoyens de ce qu’est l’agriculture. »

S’il est un point sur lequel le proviseur insiste particulièrement, c’est sur le projet éducatif de l’établissement. « Nous ne sommes pas là uniquement pour transmettre des connaissances », plaide-t-il. « Au travers de nos formations, des diverses activités proposées, nous offrons aux jeunes la possibilité de faire des choix de vie par une information et un accompagnement les plus larges possible. »

Nouveau départ pour la formation des apprentis et des adultes

C’est une évolution importante que la Cité des Sciences Vertes a engagée cette année. Renaud Mansuy et son adjointe Isabelle Rohaut viennent d’arriver à Auzeville avec une mission bien particulière : harmoniser et mutualiser le fonctionnement des trois centres de formation professionnelle. En effet, à Auzeville se trouvent le CFA (centre de formation des apprentis) et le CFPPA (centre de formation professionnelle pour adultes), tandis qu’Auterive héberge un autre CFPPA. « Il y avait jusqu’alors deux directeurs pour le CFA et les CFPPA(S) », explique Renaud Mansuy, fraîchement arrivé de Cahors. « Et alors que tous deux travaillaient pour partie sur des domaines communs, il n’y avait pas vraiment de communication entre les trois centres constitutifs. » À l’occasion du départ de ces deux directeurs, l’EPLEFPA* d’Auzeville et la DRAAF ont donc demandé à Renaud Mansuy de relever le défi de gérer conjointement ces trois entités aux habitudes et cultures différentes. « J’ai accepté quand j’ai su qu’Isabelle Rohaut, que je connais bien de part son précédent poste dans le Tarn, avait été sollicitée. Nous accomplirons donc ce travail ensemble, en nous répartissant les tâches selon nos compétences et aptitudes respectives. » Cette nouvelle équipe semble sereine devant la tâche à accomplir et leur évidente complicité devrait contribuer pour beaucoup à y parvenir. « Ce nouveau départ est aussi un moyen de mettre l’accent sur l’engagement d’Auzeville sur l’activité paysagère », termine Patrick Mignon. « C’est une dominante dans nos formations professionnelles et nous comptons la renforcer, notamment au travers de la mise en place d’une plateforme Paysages sur l’établissement. » De fait, si les formations agricoles bénéficient de l’exploitation comme support pédagogique, il manquait son équivalent pour les formations paysagères. Ce sera bientôt chose faite puisque l’établissement va mettre à disposition la vingtaine d’hectare d’espaces verts pour les apprenants. Un bel outil pratique mais aussi un moyen d’offrir aux visiteurs un aperçu des compétences des élèves d’Auzeville.

Médailles de l’ordre du mérite agricole

Au début de l’été, le lycée d’Auzeville a tenu à distinguer deux de ses professeurs. Le 2 juillet, Christine Barfety et Gérard Vignals ont reçu la médaille de l’ordre du mérite agricole des mains d’Yvon PARAYRE Président du Conseil d’Administration de l’établissement et de la Chambre d’Agriculture Départementale de Haute Garonne et de Patrick Mignon, Directeur.

Christine Barfety, enseignante en microbiologie et biotechnologie, a mené toute sa carrière dans l’établissement. Après 20 ans dans les laboratoires avec les BTS mais aussi des élèves de 2nde et de 1^ère, cette pétillante quinquagénaire ne semble pas lassée le moins du monde. « Ce n’est pas le travail qui manque », sourit-elle. «  Les formations évoluent, mes responsabilités aussi et je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Mais quand on travaille dans un environnement aussi agréable, avec une équipe pédagogique soudée et des étudiants motivés et disciplinés, on ne voit pas le temps passer. » Si Christine Barfety apprécie beaucoup la reconnaissance de son travail par cette médaille, elle a eu sa plus belle récompense en janvier dernier, lors des 15 ans du BTS Anabiotec. Pour cet anniversaire, elle a reçu nombre de témoignages d’anciens élèves. « Avoir la reconnaissance de ses étudiants vaut toutes les médailles du monde », conclue-t-elle.

Pour Gérard Vignals, enseignant coordonnateur de la filière BTS ACSE, cette distinction se teinte d’un peu d’émotion : « Pendant que mon père était prisonnier de guerre, ma mère a géré seule la ferme de 25 ha pendant 5 ans. Pour cela, elle a reçu la médaille du mérite agricole en 1946. À 90 ans, elle est fière que je la reçoive à mon tour, même si je trouve qu’elle était autrement plus méritante que moi. » Heureux de cette reconnaissance, il s’avoue néanmoins un peu surpris. « J’ai juste essayé de bien faire mon boulot, que ce soit auprès des mes étudiants, ou plus largement dans le milieu agricole et auprès des agriculteurs qui, eux, mériteraient de l’avoir plus souvent. », confie-t-il. Quoiqu’il en soit, c’est une récompense bien méritée pour l’actuel secrétaire de l’association des anciens élèves d’Auzeville et l’initiateur de la licence professionnelle « Droit et gestion appliqués à l’agriculture », avec l’université Toulouse 1.