Publié le 18 juin 2014
Le lycée agricole d’Auzeville et son exploitation poursuivent leurs expérimentations. Dans le cadre des journées Portes ouvertes Écophyto, les élèves et enseignants présentaient aux agriculteurs du département les résultats des essais menés au cours de la campagne.
Forte affluence
Preuve de l’intérêt grandissant pour les techniques de réduction d’intrants, plus de 150 personnes se retrouvaient dans les parcelles de l’exploitation d’Auzeville, le 23 mai dernier. Parmi elles, près de 90 agriculteurs ont ainsi assisté aux restitutions par les élèves de BTS APV (Agronomie – Production Végétale) du lycée. Celles-ci portaient sur trois ateliers menés de front durant l’année écoulée : un sur le désherbage, un sur les couverts végétaux, ainsi qu’un pôle d’essais sur la santé et la nutrition des végétaux. « Nous n’avons pas voulu nous limiter aux seuls phytosanitaires », précisait en préambule Frédéric Robert, leur professeur d’agronomie. « La réduction d’intrants peut passer par une approche globale, liée à la nature des sols, aux conditions climatiques, etc. C’est pourquoi nous intégrons aussi dans nos essais les bio-stimulants sols et foliaires qui peuvent permettre d’éviter des traitements phytosanitaires. »
Concernant justement ce pôle Santé des végétaux, s’il est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions sur les essais sur les éliciteurs (ou stimulateurs de défense naturelle), notamment sur les activateurs de sols, les bio-stimulants foliaires ont donné des résultats intéressants en maïs et blé, qui restent à confirmer. Les essais « désherbages » portaient sur l’impact des adjuvants, les différents volumes de traitement, les liants et les adoucisseurs d’eau. Il ressort que, dans le cas de désherbage mixte, le type d’huile utilisée a un rôle important dans l’efficacité des traitements, notamment sur blé. Quant aux essais à bas volumes, il apparaît que si la réduction des volumes peut fonctionner, le choix du produit reste primordial pour avoir une efficacité satisfaisante. Enfin, les essais sur les couverts ont fait apparaître un manque de références, tant sur le choix du type de couvert en fonction de la région et des cultures, que sur la biomasse qu’on peut espérer en tirer ou encore sur les techniques de destruction les plus appropriées.
La technologie au service des économies d’intrants
Après un copieux repas dans l’atelier de mécanique de l’exploitation du lycée, l’après-midi était dédiée aux nouveautés techniques, avec trois ateliers de démonstration. Premier à ouvrir le bal, la bineuse de précision à haute vitesse pour grandes cultures, du constructeur Garford, a suscité pas mal d’intérêt de la part des céréaliers présents. Équipée du système de guidage vidéo Robocrop, elle permet de travailler jusqu’à 16 km/h avec une précision de 15 mm dans tous les types de céréales, de 12 à 90 cm d’inter-rangs. Pouvant fonctionner la nuit, cet outil pourrait être une bonne alternative au désherbage chimique.
L’atelier suivant concernait la pulvérisation. La société Spray Concept présentait un système d’injection directe de produits phytos, sans passer par la cuve principale qui ne contient alors que de l’eau claire. Ce système baptisé SP-ID LP peut s’installer sur n’importe quel pulvérisateur. Grâce à des minimum-cuves de 30 à 110 l., il permet d’injecter et de mélanger simultanément, pendant la pulvérisation, jusqu’à 5 produits différents qu’ils soient solides ou liquides. Un GPS intégré au calculateur permet également de moduler les doses en fonction des données géoréférencées, autorisant ainsi de substantielles économies de produit.
La journée s’est achevée avec la présentation d’un drone, proposé par la société GéoFalco pour acquérir des images aériennes de très haute précision (3 cm au sol par pixel). Outre des coûts de prises de vue très inférieurs par rapport aux photos par avion, satellite, ballon ou ULM, la précision de ces données permet des calculs de surfaces et de volumes au décimètre près. En agriculture, cette technologie sert à évaluer la variabilité intra-parcellaire, les indices de végétation, la localisation de mauvaises herbes, le décompte de ceps de vignes ou encore un suivi « multi-dates » de l’ensemble de l’exploitation. Capable de couvrir 50 ha/h en fonction des conditions avec son drone, la société livre les données traitées entre 48 et 72h après leur capture.
Au terme d’une journée riche d’enseignement, Pascal Laborde, proviseur de la Cité des Sciences Verte, a tenu à féliciter les étudiants pour leur sérieux et leur implication dans des essais dont les agriculteurs de la région ont besoin pour relever les enjeux auxquels ils ont à faire face. Rendez-vous l’année prochaine !
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