Publié le 9 septembre 2011
À une semaine du coup d’envoi de la nouvelle année scolaire, Patrick Mignon, directeur de l’EPL d’Auzeville, avait déjà largement oublié ses vacances… Une rentrée est toujours une période chargée et intense, mais cette année s’ajoutent à cela la mise en route d’une équipe de direction remaniée et d’une nouvelle filière Bac S « écologie-agronomie et territoires ».
Réduction d’effectifs
Le tour de vis budgétaire n’a pas épargné l’enseignement agricole. Pour des questions d’économie, la DRAAF a revu les seuils de classe à la baisse pour certains BTS et Bac technique. « Ce sont malheureusement des classes pour lesquelles nous avons généralement beaucoup de demandes et sur lesquelles nous nous étions fortement orientés ces dernières années », regrette Patrick Mignon. « L’effectif global ayant diminué de 42 élèves, nous avons dû refuser plus de monde que d’habitude. Mais j’espère que ce n’est que conjoncturel et que nous pourrons revenir à notre effectif habituel l’an prochain. » Mais en attendant, l’heure est à l’accueil des 634 élèves et étudiants qui arriveront le 05 septembre auxquels s’ajoutent les 156 étudiants du lycée Ozenne et que le directeur entend bien mener vers les mêmes succès que ceux obtenus cette année encore. Pour ce faire, l’équipe de direction a été presque entièrement renouvelée. Éric Guibert est nommé Secrétaire Général, avec Jessica Fargue comme adjointe. Martine Colné rejoint l’équipe du LEGTA (lycée). Mathieu Kausz prend les rênes de l’exploitation agricole, en remplacement d’Éric Cazassus qui assure l’intérim à la direction du CFA et du CFPPA. « Avoir une personne issue de l’exploitation agricole à la tête des centres de formation est le meilleur moyen d’assurer une vraie cohérence entre le monde de l’enseignement et celui de la production », précise le proviseur.
Lier agriculture, écologie et territoire
Grande nouveauté de l’année, une licence professionnelle « Conseil en systèmes de cultures agroécologiques » (COSYCA). « C’était une des priorités que la Cité des Sciences Vertes s’était fixée en terme d’orientation », souligne Patrick Mignon. « Le but de cette formation est de permettre à des jeunes issus de BTS ou DUT d’intégrer des coopératives, entreprises ou organismes professionnels comme conseillers spécialisés sur la diminution des intrants dans les exploitations. » Dans la droite ligne du plan Écophyto 2018 et de la réforme de la PAC, Auzeville souhaite développer l’expérimentation de nouvelles techniques agronomiques, centrées autour du processus biologique et permettant d’améliorer à la fois la productivité et la protection de l’environnement. L’établissement travaille donc sur la réduction des pesticides, les choix de variétés en fonction des niveaux d’intrants et l’agriculture de précision. « Nous avons mis en place des partenariats universitaires et professionnels autour de ces thèmes », précise le directeur. « La licence pro COSYCA est par exemple portée par Auzeville, l’ENSAT et l’Université Paul Sabatier (UPS), avec le soutien de structures comme Maïsadour, Arterris, Agrodoc, l’Agence de l’Eau, la FRC2A, … »
L’établissement s’intéresse aussi de près à la « transition nutritionnelle ». Derrière ce terme un peu ampoulé se cache une évolution de notre société que rappelle Patrick Mignon : « Aujourd’hui, on ne mange plus uniquement pour se nourrir, mais aussi également pour se soigner et la qualité des aliments devient essentielle Il y a donc des perspectives d’évolution des aliments ou productions alimentaires que notre établissement se doit d’envisager. »
Pédagogie de l’innovation
Le projet pédagogique de l’EPL d’Auzeville est résolument tourné vers l’innovation et l’ouverture au monde. « Notre exploitation agricole est une vraie ferme en ville et se doit donc d’être à la fois un support d’expérimentation environnementale pour nos élèves et une vitrine de ce que sait faire l’agriculture moderne pour les riverains du secteur », insiste Patrick Mignon. « C’est pourquoi nous accentuons nos partenariats avec l’ENSAT, l’UPS ou AgriMip Innovation, par exemple, sur toutes les nouvelles technologies, les nouveaux process, nouveaux matériaux ou molécules, etc. » Le mode d’apprentissage se veut lui aussi moderne et adapté à son époque. Auzeville travaille particulièrement sur l’accompagnement personnalisé des jeunes. « L’idée est de faire évoluer les méthodes d’acquisition de connaissances et développer une approche « portefeuille de compétences » qui va au-delà de l’acquisition d’un diplôme », explique Patrick Mignon. « C’est vers ce principe que s’orientent les universités actuellement. Entre autre avec les crédits ECTS issus de la déclaration de Bologne »
Les agriculteurs et futurs agriculteurs font d’ailleurs partie des publics ciblés par Auzeville. Le CFPPA propose ainsi des formations courtes à leur intention, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture 31. Installation, commercialisation en circuit court, agriculture de précision, intégration paysagère, …, ce ne sont pas les thèmes qui manquent. À cela devraient aussi s’ajouter des journées thématiques sur les équipements paysagers ou encore le frelon asiatique.
Si la rentrée s’annonce chargée, on peut en dire autant du programme que s’est fixé Auzeville. L’année ne sera pas de tout repos mais les résultats sont à ce prix-là.