Publié le 30 juillet 2012
Patrick Davezac n’a pas le temps de s’ennuyer. Éleveur de limousines dans le canton du Fousseret, cet exploitant de 47 ans est également passionné de chevaux de trait, qu’il élève, entraîne et présente à de nombreux concours, chaque année. Ajoutez à cela des engagements dans plusieurs organismes (plateforme Produit sur son 31, syndicalisme, etc.) et vous obtenez des semaines bien remplies. On pourrait donc s’étonner de le voir trouver du temps pour s’occuper d’un apprenti. Et pourtant…
L’atout « apprenti »
Depuis septembre dernier, Ludovic Cousseau, bientôt 16 ans, vient passer une semaine sur deux, ainsi qu’une bonne partie des vacances scolaires sur l’exploitation de Patrick Davezac. « J’avais déjà l’habitude de prendre des stagiaires, de la 3ème au BTS », confie ce dernier. « C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai rencontré Ludovic. Quand il m’a demandé s’il pouvait faire les 2 ans d’apprentissage chez moi, pour son CAP Agricole, j’ai décidé de sauter le pas. C’est mon premier apprenti. » Pour un coup d’essai, Patrick Davezac est plutôt satisfait. Fils d’agriculteur, Ludovic Cousseau a très vite pris ses repères dans l’exploitation. Il soigne les vaches, effectue quelques travaux dans les champs, bref, il a un peu l’œil à tout. « J’ai de la chance », reconnaît le maître d’apprentissage. « L’agriculture, c’est vraiment son truc. Du coup, je sais que, quand il est là, je peux m’absenter de la ferme, l’esprit tranquille. Avec mes diverses occupations, je reconnais que c’est un réel avantage. »
Gagnant-Gagnant
À en croire Ludovic, l’avantage est réciproque. « Ça me permet d’aller moins à l’école », sourit-il, en exagérant à peine. « Mais surtout, comme je veux m’installer d’ici 2 à 4 ans, l’apprentissage me permet de me tester, de prendre confiance en moi et de me préparer à mon futur métier bien plus concrètement qu’avec une formation scolaire classique. » Disposant d’un contrat de travail équivalent à celui d’un salarié d’exploitation, Ludovic est également rémunéré durant sa formation. Mais le coût pour le maître d’apprentissage est dérisoire. « Selon son âge, un apprenti gagne entre 25 et 78 % du Smic », précise Patrick Davezac. « En moyenne, je paie Ludovic dans les 350 euros par mois. Cela varie en fonction de sa présence sur l’exploitation, qui va de 1 à 3 semaines par mois, suivant les périodes. Comme je suis exonéré de charges sociales, ce coût est largement compensé par le travail que Ludovic réalise chez moi. En tout cas, ce n’est pas l’aspect financier qui devrait faire hésiter un agriculteur à prendre un apprenti. »
Être maître d’apprentissage, ça se prépare
C’est justement pour faciliter les débuts d’un agriculteur et l’aider à mieux appréhender son rôle auprès de l’apprenti, que la Chambre d’Agriculture, la MSA et le CFA* dont dépend le jeune proposent une formation aux maîtres d’apprentissage. « Celle que j’ai suivie a duré 3 jours, au CFA de Saint Gaudens », explique Patrick Davezac. « On y a abordé la réglementation du travail, la gestion administrative d’un apprenti et la prévention des risques professionnels. Mais on a aussi étudié les questions de la communication et du transfert du savoir-faire à l’apprenti. J’y ai, pour ma part, appris pas mal de choses. C’est une formation très concrète et utile. » Sans compter que cette formation permet aussi aux agriculteurs à connaître les différents organismes sur lesquels ils pourront s’appuyer. De fait, la Chambre d’Agriculture rappelle que l’accompagnement ne se limite pas à cette formation initiale et qu’elle et ses partenaires restent à la disposition des maîtres d’apprentissage à n’importe quel moment. « Si on choisit de prendre un apprenti, c’est qu’on a envie d’accompagner un jeune vers un futur métier », conclut Patrick Davezac. « C’est l’aspect vraiment gratifiant de l’apprentissage. Mais pour que cela soit une bonne expérience pour les deux parties, il faut avoir quelques connaissances, des repères de base et enfin un réseau sur lequel s’appuyer en cas de besoins. »
* Centre de Formation Agricole
- être majeur,
- offrir toutes les garanties de moralité,
- remplir des conditions de compétences : Être titulaire d’un diplôme ou titre au moins équivalent à la qualification envisagée par le jeune + 2 ans d’expérience professionnelle. Sinon, justifier de plus de 3 ans d’expérience professionnelle en relation avec la qualification envisagée par le jeune, assorti d’une demande d’agrément auprès de l’Inspection de l’Apprentissage.
Chaque maître d’apprentissage (employeur ou salarié) peut accueillir simultanément : 2 apprentis ou élèves de classes préparatoires à l’apprentissage + 1 apprenti redoublant.