Publié le 1er février 2012
« 370.000 bébés naissent chaque 24 h ! » Pour Jean-Claude Labit, Président d’Euralis-Coopéval, il est des chiffres qu’il est nécessaire de rappeler, même si l’accroissement de la population mondiale et ses implications sont désormais reconnus par tous. « Les conclusions du G20 n’ont fait que confirmer ce que nous disons déjà depuis longtemps », déclarait-il lors de l’Assemblée Générale de la coopérative, à Purpan, le 2 février dernier. « L’alimentation et la production agricole sont et seront au cœur des équilibres mondiaux. »
PAC sous influence
Avec l’augmentation de la demande, l’agriculture devrait donc être le centre de toutes les attentions et de tous les encouragements. Pourtant, de nombreux citoyens et politiques ne cessent de la stigmatiser au travers de la remise en cause de l’irrigation ou encore des nouvelles technologies. « Le problème est que la pression que font peser les associations environnementalistes sur l’agriculture trouve écho auprès de Bruxelles », déplore Jean-Claude Labit. « Entre les DPU uniques soumis à la conditionnalité et uniformes à l’échelle d’une région, voire d’un pays, ou encore le verdissement des aides avec son incompréhensible gel de surfaces à intérêt écologique, l’Union Européenne charge la barque des agriculteurs sans pour autant annoncer de mesures pour gérer la volatilité des cours, ni réguler un minimum les marchés. » Constat qui a été renforcé par l’intervention d’Yves Cresseveur, directeur du CER FRANCE 31, venu présenter les grandes lignes de la future réforme de la PAC. Même si beaucoup d’aspects sont loin d’être calés, l’incertitude même du maintien d’un budget équivalent laisse malheureusement présager une diminution des aides compensatoires et une augmentation des contraintes de production.
Monde agricole en mutation
« La restructuration du monde agricole est en cours et elle devra se faire y compris au sein de nos exploitations », rappelait Jean-Claude Labit. C’est la raison pour laquelle le Conseil d’Administration de la Coopéval avait décidé, dès 2007, de rejoindre Euralis. Et s’il reconnaissait que des éléments restent à améliorer, points sur lesquels professionnels et cadres de la coopérative travaillent activement, le Président d’Euralis Coopéval s’est déclaré totalement convaincu du bien-fondé de cette décision. Il a profité de cette Assemblée Générale pour présenter les grands axes de travail d’Euralis-Coopéval pour les mois à venir. Tout d’abord, faire évoluer la gouvernance en décentralisant les prises de décisions. « En créant des territoires définis, en y plaçant davantage de jeunes et en les formant aux enjeux locaux, nous souhaitons adapter nos stratégies aux différents terroirs couverts par Euralis », expliquait-il. « Nous souhaitons par ailleurs mettre en place des indicateurs économiques pour mesurer et estimer les actions mises en place. Nous y travaillons déjà avec l’école de Purpan et le CER FRANCE 31. » Deuxième axe : améliorer l’approche des exploitants adhérents. Pour cela, la coopérative veut individualiser l’accompagnement des projets de chacun par une meilleure compréhension de leurs attentes et l’établissement d’un contrat de progrès en fonction des objectifs à atteindre. Enfin, Jean-Claude Labit veut mettre la performance économique des exploitations au centre de la politique d’Euralis. « En travaillant dans la transparence et l’équité, nous devons optimiser l’utilisation de nos silos, toujours améliorer l’efficacité des « boites à outils » que nous mettons à disposition de nos adhérents et être le plus performant possible sur les appros », insistait-il. « En résumé, il faut innover, simplifier et baisser nos coûts. Nous nous devons d’être compétitifs car une coopérative performante est encore la meilleure solution contre le libéralisme économique. »
Une AG interactive
Pour Euralis, l’écoute de ses adhérents n’est pas qu’une simple notion. Pour preuve, la suite de l’Assemblée Générale a pris un tour inhabituel. Tous les participants se sont vus distribuer des petits boîtiers électroniques. Jean-Nicolas Simon, responsable de la communication d’Euralis, a alors proposé aux adhérents de répondre à un sondage d’une vingtaine de questions au moyen du boîtier de vote distribué. Les questions portaient sur les caractéristiques des exploitations des participants puis sur leur sentiments et projets sur plusieurs aspects stratégiques : attitude à l’égard de la réforme PAC et actions envisagées pour maintenir le revenu ; stratégies de commercialisation avec ou sans la coopérative, positions sur les différentes voies de diversification, attentes des adhérents sur l’alimentation des animaux ou encore détections des besoins d’accompagnement sur les circuits courts. Les réponses – anonymes – serviront de base à Euralis pour définir sa politique et les futures actions à mettre en place. « Nous avons testé ce mode de consultation sur la zone de Pau », précisait Jean-Nicolas Simon. « Devant les bons résultats de ce système, nous avons décidé d’étendre ce concept à toute la zone Euralis. »
« 2019 devrait signer la fin de la PAC », déclarait, en conclusion, Christian Péès, Président d’Euralis. « Face à cette échéance, notre coopérative doit travailler de concert avec ses adhérents pour mettre en place des outils et stratégies qui nous permettront de nous y préparer au mieux. Le maintien du revenu des agriculteurs sera notre principal travail pour les années à venir. La consultation de nos adhérents, comme aujourd’hui, n’est qu’un des outils que nous allons mettre en œuvre. »