Publié le 4 septembre 2016
Sébastien Taupiac, 26 ans, a débuté son mandat sous les meilleurs auspices. Son arrivée à la tête du syndicat des producteurs d’ail violet de Cadours, en 2015, a coïncidé avec l’obtention tant attendue de l’AOC. Et sa première campagne d’Ail Violet en tant que Président se solde par une récolte de très haut niveau qualitatif, avec des prix en progression.
TUP : Comment se retrouve-t-on à la présidence d’un syndicat de producteurs, un an après son installation ?
Sébastien Taupiac : Par surprise ! Quand on a décidé d’arrêter l’élevage sur notre exploitation et de passer de 50 ares à 2 ha de production d’ail, j’ai dit à Lilian Bernard, l’ex Président du syndicat des producteurs d’ail, que j’étais prêt à m’investir dans la structure et ne pas seulement profiter de ses services. Je pensais que je rentrerais progressivement au bureau, mais absolument pas qu’on me proposerait de suite d’en être Président ! Mes expériences préalables en tant que salarié dans une entreprise et ma vision plus commerciale et économique que technique, correspondaient à l’orientation que le bureau souhaitait donner au syndicat. Et comme Lilian voulait passer la main une fois l’AOC obtenue, j’ai fini par accepter. La transition s’est bien passée, grâce à Laurence Espagnacq (Chambre d’Agriculture) et Stéphane Dargassies (Conseil Départemental) notamment, qui maîtrisent parfaitement les dossiers et m’ont bien accompagné.
TUP : L’AOC va-t-elle changer la façon de travailler des producteurs ?
S.T. : À part un tri des têtes plus qualitatif, le métier ne change pas beaucoup. L’AOC peut, par contre, encourager à moderniser les exploitations. Par exemple, l’interdiction d’utiliser désormais des anti-germinatifs va bousculer quelques habitudes. Avec un ail qui se conserve, de ce fait, un peu moins longtemps, la saison risque d’être plus courte, à moins de recourir à la mise au froid. Pour ceux qui ne sont pas équipés de chambres froides, c’est peut-être le moment d’y penser. Grâce à l’AOC, les producteurs peuvent maintenant prétendre à des aides pour ce type de matériel. On voit d’ailleurs que les investissements reprennent chez les producteurs d’ail depuis l’appellation, avec des dossiers de demande de subventions pour des arracheuses, des séchoirs, etc.
TUP : L’adhésion au syndicat est obligatoire pour vendre de l’ail AOC. Le nombre de vos adhérents a-t-il beaucoup augmenté ?
S.T. : En 2016, nous sommes 85 et nous avons une dizaine de demandes d’adhésion. Donc, on suscite de l’intérêt, c’est sûr. Plusieurs jeunes étudient de très près la diversification en Ail Violet pour sécuriser un revenu sur de petites surfaces. On estime que le syndicat regroupe 60 à 70% des producteurs de la zone des 106 communes de l’appellation. Mais il est difficile de connaître le nombre de producteurs, car il y a beaucoup de petites productions par des retraités. Par contre, il faut compter deux ans entre la demande d’adhésion et le droit de commercialisation, à cause de la déclaration à déposer à l’INAO, chaque 31 janvier. Ainsi, un producteur qui dépose un dossier en septembre 2016 aura un droit à plantation à partir de début 2017. La campagne démarre en octobre/novembre pour une récolte et un droit de commercialisation en juin 2018.
TUP : Qu’apporte concrètement le syndicat à ses adhérents ?
S.T. : L’adhésion coûte 130 €/ha et 100 € par ha supplémentaire. Elle permet de profiter de plusieurs services. Par exemple, nous avons négocié une convention avec Groupama sur l’assurance grêle. Habituellement, le coût de l’assurance équivaut à 10% du capital assuré. Nos adhérents ne paieront, eux, que 3,20 %, ce qui est loin d’être anodin. Nous bénéficions également de 5% de remise sur les achats de semences d’ail certifiées, ou encore de 10% de remise sur le matériel de récolte du constructeur Erme, etc.
TUP : Quels sont les dossiers qui attendent le syndicat ?
S.T. : Tout d’abord, obtenir l’Appellation d’Origine Protégée qui protègera l’Ail Violet de Cadours au niveau européen. Les démarches sont déjà en cours et devraient aboutir, selon l’administration, d’ici 18 à 24 mois. Ce dossier européen est pourtant quasiment identique au français. Il est donc presque complet. Ce qui va prendre du temps, c’est la traduction en plusieurs langues. Ensuite, nous travaillons sur nos outils de communication et de signalisation, ainsi que sur nos procédures de contrôles internes. Il y avait tout à créer de ce côté. On a bien avancé, mais on peut encore s’améliorer.
« Il aura fallu attendre la 40ème édition de la fête de l’ail de Cadours pour pouvoir affirmer que cet ail est unique et qu’il est reconnu comme tel. » C’est non sans satisfaction que le maire de la commune, Didier Laffont, a ouvert la dernière fête de l’Ail Violet, le 27 août dernier. Avec l’obtention de l’AOC, derrière laquelle le syndicat des producteurs (voir interview) courait depuis longtemps, c’est un virage qui s’opère dans l’histoire de cette production emblématique du secteur. Yvon Parayre et Georges Méric, Présidents de la Chambre d’Agriculture et du Conseil Départemental, ont tous deux salué l’engagement et la persévérance, aux cotés des producteurs, de Laurence Espagnacq et Stéphane Dargassies, les deux techniciens de leurs structures respectives. « Une appellation qui semble porter chance à l’Ail Violet », ajoutait Yvon Parayre. « La 1ère récolte sous AOC est en effet de grande qualité, avec une couleur et un calibre général parfaits. La plus-value constatée sur les marchés est de bon augure pour les producteurs et on peut se réjouir, dans un contexte où toutes les filières agricoles souffrent, de voir une production sortir la tête hors de l’eau. »
L’ambiance était donc au beau fixe tout le week-end, avec son lot d’animations dont le traditionnel concours d’œuvres artistiques réalisées à base d’ail. C’est encore Gilles Cayrel, producteur à Laréole, qui a remporté le 1er prix. Toujours aussi passionné et minutieux, il a, cette année, présenté une impressionnante reproduction de la mairie de Cadours, de plus d’1,50 m. de long.
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