Publié le 26 mai 2011
En tout juste 3 ans, AgriMip Innovation s’est hissé parmi les tous premiers pôles de compétitivité agroalimentaire de France. Ses 180 adhérents se répartissent en 133 entreprises, 22 laboratoires et centres de recherche et 25 institutionnels. « Nous sommes pourtant partis parmi les derniers », rappelait Alain Chatillon, son Président, lors de la dernière Assemblée Générale, le 12 mai dernier à Labège. « Mais la stratégie des Agro-Chaînes que nous avons mise en place s’est avéré payante. »
Mettre un territoire au service des consommateurs
Si l’idée de base est simple, sa réalisation l’est beaucoup moins. Tout part de l’analyse des attentes des consommateurs. Savoir anticiper puis travailler en commun avec les secteurs de la recherche, de l’industrie et de l’agriculture pour développer et proposer ce dont nous aurons tous besoin demain. « Si on part d’une production et qu’on se demande après ce qu’on peut en faire, on a tout faux », résume Alain Chatillon. « Trouver des concepts et des produits nouveaux et tirer tous dans le même sens pour réussir à les produire localement, c’est ça qui crée de la valeur ajoutée et des emplois dans nos régions. » AgriMip a déjà quelques beaux projets à son actif. Que ce soit Oléosol (un tournesol résistant à la sécheresse), Sativa Muris (la brique de chanvre monomur), Agri-Elec (une pile à combustible microbienne qui produit de l’électricité à partir de déchets agricoles) ou encore Neofertil (fertilisant à base de micro-organismes de bactérie et champignons), ces quelques exemples, parmi les 157 projets labellisés depuis 2007, témoignent du potentiel économique de la région. « N’oublions pas que ce sont les PME qui créent le plus d’emplois et non les grands groupes industriels », insistait Alain Chatillon. « Il faut absolument accompagner les PME locales et encourager la création d’entreprise dans notre région. Une étude récente auprès de 4.000 jeunes diplômés de grandes écoles du monde entier révélait que 84% des jeunes américains souhaitent créer leur entreprise après leur cursus. Les jeunes français étaient seulement 23%… Il faut dire que quand on voit qu’il faut 4 à 6 mois pour enregistrer une société en France, contre 15 jours en Allemagne et 3 jours aux USA, on comprend certaines réticences de nos concitoyens. C’est à ce problème que doivent répondre nos politiques. Quoi qu’on en dise, nous ne sommes pas aussi en retard que cela sur les biotechnologies vertes. Notre région a les cerveaux, les compétences, les conditions géographiques et météorologiques qu’il faut pour réaliser de grandes choses. Il faut juste un peu plus d’huile dans les rouages et oser prendre des risques… »
Jouer la carte de l’international
« Agrimip Innovation compte aujourd’hui deux fois plus de dossiers éligibles au FUI (Fonds Unique Interministériel*) que Végépolys, le pôle de compétitivité mondial, basé dans les Pays de la Loire », constatait Alain Chatillon. De là à parler de reconnaissance ou de dimension internationale du pôle de compétitivité, il n’y avait qu’un pas que son Président a franchi bien volontiers. « Il faut savoir aller chercher les idées et les partenaires là où ils se trouvent », déclarait-il. C’est pour cela qu’avec deux autres pôles de compétitivité agroalimentaire, Vitagora (Bourgogne Franche Comté) et Valorial (Bretagne), Agrimip a signé un accord de coopération avec un cluster bio japonais et s’est mis en réseau avec 16 clusters du monde entiers, dans le cadre du WoFIN (World Food Innovation Network). Agrimip compte également lancer prochainement l’opération « Tremplin jeunes chercheurs », qui permettra à ces derniers de participer aux congrès internationaux dans leurs domaines de recherche respectifs. Agrimip fait feu de tout bois pour s’imposer dans le paysage français, européen et mondial. Un choix stratégique, bien sûr, mais aussi une nécessité, si l’on en juge les récentes déclarations des Pouvoirs Publics, qui envisageraient de réduire le nombre des pôles de compétitivité nationaux et de centraliser leur fonctionnement. Une « théorie parisienne » qui ne tient pas debout, selon Alain Chatillon. « Un pôle s’appuie sur un territoire, avec son histoire et son dynamisme », martèle-t-il. « Vouloir les gérer nationalement, ça ne fera rien d’autre que de créer des usines à paperasse ! »
À bon entendeur…
* Le FUI soutient les projets collaboratifs entre les entreprises et les laboratoires de recherche à hauteur de 500.000 à 10 millions d’euros.