Publié le 17 décembre 2012
La Haute Garonne est le 1er département français à avoir mis en place une commission départementale pour la gestion des dégâts de petits gibiers. Le 10 décembre dernier, cette commission s’est réunie sous l’égide des Présidents de la Chambre d’Agriculture, Yvon Parayre, et de la Fédération des Chasseurs 31, Jean-Bernard Portet.
Limiter l’impact sur les cultures
Les dégâts sont aléatoires d’une année sur l’autre. Si un exploitant agricole possédant le permis de chasse peut souvent gérer rapidement le problème et en diminuer fortement les impacts sur ses productions, la forte diminution des agriculteurs-chasseurs explique en grande partie cette hausse des dégâts. Les principales espèces mises en cause sont les lapins, les pigeons de village et les palombes.
Afin d’identifier le problème en amont et le plus tôt possible, Chambre d’Agriculture et Fédération des Chasseurs ont demandé aux exploitants concernés d’informer les responsables des sociétés de chasse locales (ACCA) en précisant le lieu, l’espèce et la périodicité des dégâts. Après que ces dernières aient fait suivre cette information aux deux organismes, la FDC31 enverra aux chasseurs une fiche « Enquête protection des cultures » à remplir avec l’agriculteur, qui déterminera le choix du matériel le plus adapté à la situation.
Pour l’heure, les moyens de protection identifiés sont les suivants :
Lièvre | Lapin | Palombe |
Répulsif
Produit : « Stop gibier » en diffus sur le champ,
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Filet électrifié
À disposer entre le champ et les garennes. Prévoir un poste électrique sur batterie. En dehors des zones où le lapin est classé nuisible, prêt de filets aux détenteurs de droit de chasse, durant les périodes de semis. |
Effaroucheur visuel
À tester sur des parcelles à forte sensibilité (zone à fort potentiel nicheur)
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Effaroucheur visuel
À tester en 2013 sur des parcelles à forte sensibilité
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Répulsif
Produit : « Stop gibier » en localisé ou diffus entre le champ et les garennes |
Effaroucheur sonore
Prêt aux détenteurs de droit de chasse |
Effaroucheur sonore
Prêt aux détenteurs de droit de chasse |
Effaroucheur visuel
À tester en 2013 sur des parcelles à forte sensibilité (réserve et trame grise SNCF, VNF, ASF). |
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Si ces moyens de protection ne fonctionnent pas, il sera nécessaire de mettre en place d’autres moyens pour diminuer la pression du petit gibier sur les cultures.
La chasse comme moyen de régulation
La chasse permet, au fil des saisons, de gérer efficacement les espèces de petit gibier sédentaire. Pour cela, les chasseurs adoptent et adaptent leurs prélèvements en fonction de la population locale.
Pour le lièvre, les détenteurs de droit de chasse font varier le nombre de bracelets en fonction des Indices Kilométriques d’Abondance (IKA). On s’aperçoit au fil du temps que les problèmes de dégâts sont souvent liés aux zones où le lièvre a progressé en fonction de la gestion cynégétique locale. Aujourd’hui, les chasseurs visent à obtenir un équilibre agro-cynégétique. De son côté, la chasse du lapin est en augmentation depuis plusieurs années. Le cas de la palombe est plus problématique. En effet, la gestion de cette espèce est impossible au vu de son statut phénologique* qui permet d’observer 3 populations distinctes sur notre département.
– Reproductrices : population qui séjourne sur un site uniquement en période de reproduction puis part dans un autre secteur pour l’hivernage
– Hivernantes : population qui séjourne dans des zones plus au nord et qui passe l’hiver dans notre département (population estimée à 4.000 individus sur l’ensemble du département).
– Sédentaires : population présente toute l’année sur notre département. Difficile à quantifier entre les autres.
La chasse à la palombe en début de saison est un phénomène qui attire quelques adeptes. À ce jour, les carnets de prélèvements font apparaître 2,25 palombes prélevées par chasseur dès septembre. La chasse en hiver se cantonne aux secteurs où la palombe hiverne (Comminges).
Les moyens de limitation par la chasse ne peuvent donc s’appliquer qu’aux lièvres et lapins. Le tableau ci-dessous présente la chronologie des actions qui peuvent tout de même être entreprises pour répondre rapidement à une demande d’agriculteurs ayant des soucis de dégâts avérés de petit gibier.
Corneilles, ragondins et blaireaux commencent à faire parler d’eux
Depuis quelques temps, des témoignages font avis de dégâts aux cultures dus à d’autres espèces que celles habituellement observées. C’est le cas pour la corneille noire, qui s’attaque de plus en plus aux semis de maïs et de tournesol et, depuis peu, aux élevages de volailles. Le ragondin et le blaireau créent également un préjudice non négligeable sur des cultures et ce, tout au long de l’année. Des dispositifs de régulation pourraient limiter les pertes engendrées par ces espèces. Le classement nuisible des ragondins et corneilles noires sur l’ensemble du territoire pourra limiter leurs impacts, si les moyens pour les réguler sont appliqués. Concernant le blaireau, des moyens de régulation administratifs sont déjà applicables et semblent efficaces. Pour ces espèces, deux méthodes sont possibles pour restreindre les dégâts. Le piégeage, très efficace grâce à des cages de 1ère catégorie, impose l’obligation d’être piégeur agréé (sauf pour le ragondin). Le tir de régulation est, lui, très efficace pendant la période des semis. Notamment pour la corneille, qui est une espèce très méfiante mais aussi très défensive de son territoire. Rappelons qu’il est possible d’utiliser des appelants artificiels (formes et hiboux).
La Fédération des Chasseurs s’emploie à sensibiliser les chasseurs à la gestion agro-cynégétique (réserve et prélèvements). Elle les informe des requêtes des agriculteurs concernant les dégâts occasionnés. De son côté, la Chambre d’Agriculture Haute-Garonne travaille à mieux faire accepter aux agriculteurs la présence de gibiers sur les parcelles agricoles, en informant les propriétaires sur les droits de chasse dévolus aux ACCA.
Mais dans tous les cas, il est nécessaire de récolter des informations. C’est pourquoi la Chambre d’Agriculture et la Fédération des Chasseurs appellent les agriculteurs à leur retourner la déclaration de dégâts aux cultures et aux élevages, qu’elles ont rédigée conjointement. Celle-ci est disponible sur leurs sites internet et sur celui du Trait d’Union Paysan. C’est par le nombre de retour de cette fiche enquête qu’elles pourront mettre en œuvre des méthodes pouvant limiter les dégâts de petit gibier.
* Phénologie : étude du rôle joué par les climats dans certains phénomènes végétaux et animaux liés aux saisons (migration, hibernation, mue, apparition et chute des feuilles, des fleurs, etc.).