Publié le 29 janvier 2010
Le lycée agricole d’Ondes recevait, le 28 janvier dernier, l’Assemblée Générale de l’Association des Directeurs des Établissements Agricoles Publics.Venus de toute la France, une centaine de Directeurs, ainsi que leurs adjoints, s’est retrouvée pendant deux jours pour partager leurs expériences et faire le point sur le métier et les missions des directions d’établissement agricoles. Entretien avec Patricia Fromage, Directrice du lycée agricole de Saint Rémy de Provence et Présidente de l’association.
TUP : Quel est l’objet de votre association ?
Patricia Fromage : Cette association apolitique regroupe les représentants des différents syndicats et se veut un interlocuteur privilégié du ministère de l’agriculture, en ce qui concerne l’enseignement agricole, en lui apportant notre expertise de terrain. Nous nous retrouvons chaque année dans un lycée différent et depuis 3 ans, nous invitons également nos collègues Directeurs de CFA et CFPPA* à participer à nos travaux.
TUP : Quel est votre thème de réflexion, cette année ?
P.F. : Nous n’avons pas réellement de thème. Nous faisons la restitution d’une enquête menée cette année auprès de tous les chefs d’établissement. C’est une première dans l’enseignement agricole. Plus de 50% des Directeurs, adjoints, chefs d’exploitation d’établissement et responsables de l’enseignement continu, ont répondu à notre questionnaire. C’est suffisamment représentatif pour présenter au ministère de l’agriculture – et notamment à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) – le ressenti de notre profession sur le fonctionnement de l’enseignement agricole et leur proposer des orientations.
TUP : Quel est le moral des Directeurs en ce moment ?
P. F. : Il en ressort un paradoxe. D’un côté, les équipes de direction adorent leur travail. Ils en aiment la diversité, la richesse relationnelle et l’utilité profonde de leur mission. Dans leur grande majorité, ils croient en l’avenir de leurs établissements. Par contre, quand on parle de l’avenir de l’enseignement agricole public au sens large, ils sont beaucoup pessimistes. Tâches administratives de plus en plus lourdes et complexes, manque de temps, baisse des moyens, rémunérations à la traîne, …, sont pour eux autant de contraintes qui pèsent sur le métier et risquent de le rendre moins attractif.
TUP : Qu’est-ce que vous comptez faire de cette enquête ?
P. F. : Elle a 2 objectifs. D’abords, elle nous sert à faire un travail sur nous. Nous avons demandé à un chercheur en sociologie d’analyser les résultats de l’enquête. Cela pour nous aider à mieux comprendre nos motivations, nos freins, nos attentes. Comment les exprimer au mieux ou dépasser nos « angoisses ». Ensuite, c’est un excellent outil de dialogue avec notre hiérarchie. Elle montre notre attachement à l’enseignement agricole et notre motivation à en préserver la qualité.
TUP : Vous pensez qu’elle aura une vraie portée au niveau du ministère ?
P. F. : Je pense que l’étude intéresse la DGER. Pour preuve, Marion Zalay, sa Directrice Nationale, Jean-Pascal Fayol, son Directeur adjoint, Gérard Tendron, Président du Conseil Général du Génie Rural des Eaux et Forêts et Hervé Savy, Doyen de l’Inspection de l’enseignement agricole sont présents aujourd’hui. De plus, cette enquête tombe juste après les Assises de l’enseignement agricole, menées par le ministre de l’agriculture. Elle leur donne donc un éclairage complémentaire sur les attentes ou les réserves des Directeurs sur l’orientation de l’enseignement. Je veux enfin insister sur ce qui fait la particularité de l’enseignement agricole par rapport à l’éducation nationale : la proximité avec notre hiérarchie. Il y a un réel dialogue et une écoute mutuelle qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs. Quand le Directeur Général de l’Éducation Nationale vient sur terrain, tout le monde est au garde-à-vous… Avec la DGER, il y a une décontraction certaine. Nous nous connaissons très bien et la qualité de nos échanges en témoigne. Les tensions qui peuvent survenir tournent donc très rarement au conflit. C’est une chose qu’il nous faut absolument préserver.
N.B. : À l’issue de cette Assemblée Générale, Patricia Fromage a laissé sa place de Présidente de l’association après 4 ans de bons et loyaux services. C’est Gérard Parisot, Directeur du lycée d’Ondes, qui a été élu par ses pairs pour reprendre le flambeau. Le Trait d’Union Paysan lui adresse ses félicitations et lui souhaite bon courage pour cette nouvelle mission.