Publié le 18 janvier 2017
Ils étaient là pour concrétiser le travail d’une année. Le 16 décembre 2017, 85 élèves du lycée agricole et stagiaires du CFPPA d’Ondes se retrouvaient sur une parcelle de 3 ha de l’établissement pour planter 94 arbres. Objectif de l’opération : lancer une expérience d’agroforesterie sur une production de céréales. Résultat d’une réflexion entamée en 2015 par des élèves de 1ère STAV*, ce projet s’inscrit en droite ligne de la politique menée sur l’exploitation de l’école. « Depuis plusieurs années, nous sommes dans une dynamique de réduction des phytosanitaires », explique Aurélien Cartes, directeur de l’exploitation du lycée d’Ondes. « L’idée d’un essai en agroforesterie s’est donc faite logiquement. Après discussion avec l’équipe pédagogique et avec les conseils de l’association Arbres et Paysages d’Autan 31, nous avons opté pour un système de production combinée de bois d’œuvre et de céréales. »
Un choix de productions original
Alors que beaucoup de projets agroforestiers se tournent vers des arbres à rotation relativement courte, pour des usages type bois-énergie, Ondes a fait le choix d’essences au cycle long, destinées à la menuiserie. Neuf essences ont donc été plantées sur la parcelle : noyer, frêne, chêne pédonculé et pubescent, cormier, alisier torminal, érable plane et champêtre et merisier. Un choix inspiré par les essences présentes naturellement dans l’environnement de l’école.
L’autre élément original du projet concerne les céréales qui seront semées entre les arbres. Tout d’abord, les cultures seront conduites en agroécologie, pour rester cohérent avec l’orientation de l’exploitation. Pour que la couverture du sol soit permanente, les responsables du projet ont décidé de mener deux cultures de vente consécutivement sur la parcelle. Après un classique blé tendre, ils ont opté pour une production de sarrasin en dérobé. « C’est une culture qui vient en 90 jours », explique Aurélien Cartes. « Implantée en été, après la récolte du blé, elle est récoltée en octobre. Le sarrasin a, en outre, de faibles besoins en eau et en azote, puisque les reliquats azotés non utilisés par la culture de blé lui suffisent. Il ne nécessite pas, non plus, de désherbant car sa croissance très rapide étouffe les adventices. » Peu développé dans nos contrées, le sarrasin n’est pourtant pas dénué d’intérêts, loin de là. Son principal débouché est la fabrication des célèbres galettes bretonnes. Or, en raison de rendements assez faibles, les besoins en sarrasin ne sont pas couverts en France. La forte demande offre donc de belles opportunités de valorisation.
Bien réfléchir l’implantation
Si le chantier de plantation a été rapide, avec 85 volontaires, sa préparation a été soigneusement pensée. L’inter-rang a ainsi été choisi en fonction du matériel présent sur exploitation. Plantés tous les 7 mètres sur la ligne, les rangs sont distants de 21 mètres l’un de l’autre, ce qui permet le passage d’outils larges (pulvérisateur ou moissonneuse-batteuse). De même, avec une faune très abondante autour de cette parcelle en bordure de Garonne, il était nécessaire de prévoir une protection efficace des jeunes plants contre le grand gibier. Chacun d’eux est ainsi entouré d’un grillage d’1,20 m. de haut, maintenu par deux tuteurs. « Nous avons également déposé un paillage autour des plants », poursuit Aurélien Cartes. « Réalisé avec des reflux de compost qui ne passent pas dans un broyeur, ce paillage grossier a une odeur caractéristique qui repousse les sangliers.» Enfin, une bande de prairie naturelle a été conservée sur le rang. Constituée de graminées locales et bien adaptées au terrain, ces bandes serviront de zones tampons, pour limiter le lessivage des effluents et favoriser la biodiversité. Elles ne seront bien sûr pas désherbées mais broyées au moment opportun.
Comme la pédagogie fait partie de ses missions premières, le lancement de ce projet s’est doublé d’une conférence de 45 mn sur l’agroforesterie. Alexandra Désirée, animatrice de l’association Arbre et Paysage d’Autant 31, est intervenue devant 150 personnes, élèves, enseignants, techniciens et élus, avant la plantation. Ce chantier a enfin été pensé à des fins d’information et de vulgarisation scientifique du grand public. De fait, la parcelle ne sera pas clôturée et sera donc accessible par le sentier pédagogique inauguré il y a quelques mois. Longeant la Garonne, ce chemin est jalonné de panneaux explicatifs qui renseignent les promeneurs sur la faune, la flore et les cultures autochtones. Le lycée d’Ondes se dote ainsi d’un bel outil d’expérimentation et de communication qui sera assurément suivi de près.
* Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant
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