Publié le 12 juin 2015
Depuis le 31 mars dernier, Nicolas Langevin a pris la suite d’Yvon Malard à la direction de la caisse régionale de Crédit Agricole Toulouse 31. À sa prise de fonction, le Directeur Général a reçu les médias du département et de la région. L’occasion pour le Trait d’Union Paysan de faire connaissance avec le nouveau directeur et de l’interroger sur sa vision de la banque et de l’agriculture.
TUP : Vous arrivez à une période où d’autres banques prennent pied dans le monde agricole et rognent des parts de marché à la « banque verte ». Comment abordez-vous cette question de la concurrence ?
Nicolas Langevin : Quand on est leader, avec 90% des exploitations de France ayant un compte au Crédit Agricole, il y a obligatoirement plus de risques de perdre des parts de marché que d’en gagner… On sait aussi que quand une entreprise veut attaquer un nouveau marché, comme le font ces banques sur l’agriculture, elle le fait souvent par des prix attractifs et à grand renfort de communication médias et terrain. De part son assise historique, le Crédit Agricole est loin de cette étape de « séduction ». Mais il est vrai que cela peut nous rendre moins visible que la concurrence dans les médias. Mais je reste serein. Il y a peut-être une érosion, mais en aucun cas une chute libre. Nous disposons toujours de compétences et d’une expérience que n’ont pas les banques non agricoles. Je rappelle que nous accompagnons plus de 80% des installations de ce département. Même s’il ne faut pas que nous nous endormions sur nos lauriers.
TUP : Le métier d’agriculteur est devenu très complexe et certains d’entre eux disent regretter le temps des conseillers bancaires qui maîtrisaient ce sujet et comprenaient mieux, ou plus vite, leurs besoins. À l’heure de la diversification du Crédit Agricole dans l’immobilier, l’assurance, la gestion de patrimoine et, plus largement, vers un public urbain, qu’en est-il de la spécificité agricole de la banque verte ?
N.L. : Depuis 5 ans, nous avons vu partir toute une génération de collaborateurs arrivés dans les années 70, qui connaissaient l’agriculture sur le bout des doigts. Pendant un temps, nous avions aussi mis en place des conseillers mixtes qui traitent à la fois les dossiers de particuliers et ceux d’agriculteurs. Mais nous en sommes revenus. L’agriculture est trop spécifique et les récentes évolutions du métier d’agriculteur trop importantes et complexes pour être appréhendables par un conseiller non spécialisé. Or, le Crédit Agricole ne peut pas se permettre d’être en rupture de compétences sur ces profils. Mais un bon conseiller agricole ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, pas plus qu’il ne se forme pas du jour au lendemain. C’est pourquoi nous sommes rapprochés d’écoles comme l’ENSAT ou Purpan pour allons chercher des compétences dans les domaines les plus pointus et pouvoir ainsi proposer à nos clients un conseil et un accompagnement de haut niveau.
Nous restons donc très vigilants sur les évolutions de l’agriculture et essayons de les anticiper au mieux dans notre conseil. Car nous sommes et nous resterons la banque des agriculteurs.
Propos recueillis par S.G.