Publié le 18 septembre 2014
Pascal Laborde ne sera resté qu’une année à la tête de la Cité des Sciences Verte. Nommé Directeur Adjoint à la Communication du ministère de l’agriculture, il a confié les rênes de l’établissement à Antoine Santimaria, le 25 août 2014. Rencontre avec un proviseur chevronné au CV bien rempli…
Séduit par Auzeville
Bien qu’arrivant de Metz, en Moselle, Antoine Santimaria connaissait déjà son nouveau lycée d’affectation. Il a, de fait, effectué une partie de sa formation à l’ENFA (École Nationale de Formation Agronomique), située dans l’enceinte de l’établissement. « Et même si, à 60 ans, cela remonte à un certain nombre d’années pour moi, j’ai toujours suivi de loin l’évolution d’Auzeville », précise-t-il. « Il faut dire que l’établissement est connu et réputé dans le monde de l’enseignement agricole, pour la qualité de sa formation et son cadre. » Avec 3 jours pour donner une réponse, Antoine Santimaria n’aura pas hésité longtemps. D’autant plus qu’ayant fait la majeure partie de sa carrière dans le Sud-Est (Aix, Avignon…), l’idée de « redescendre » n’était pas pour lui déplaire… Avec une moyenne de 5 années passées dans chacun des établissements qu’il a dirigés, le nouveau proviseur arrive donc à Auzeville avec la ferme intention de ne pas déroger à cette règle et d’avoir ainsi le temps de travailler en profondeur à accompagner la Cité des Sciences Verte dans les évolutions qui l’attendent. « Il y a un potentiel incroyable, ici », estime-t-il. « Les gens sont fiers d’y étudier ou d’y enseigner. L’attractivité du site est énorme, avec des classes remplies et des résultats aux examens extraordinaires. Là où il faudra nous améliorer, c’est en ce qui concerne le recrutement en formation adultes et en apprentissage. Mais on y arrivera. L’équipe de direction du CFA/CFPPA a fait un travail remarquable depuis son arrivée, il y a un an, et je les appuierai au maximum pour continuer à progresser. »
Il compte également beaucoup sur l’exploitation du lycée et sa nouvelle directrice, Sophie Rousval, pour être un des moteurs de l’établissement. En poursuivant les actions d’expérimentation sur de nouveaux projets et de nouvelles techniques, il vise à faire de la ferme d’Auzeville le fer de lance, dans la région, de l’agro-écologie promue par le Gouvernement.
Un homme de dossiers
« Un proviseur de lycée agricole n’est pas un patron », déclare-t-il d’emblée. « Je vois davantage Auzeville comme une SCOP. C’est notre maison et nous en sommes tous « actionnaires ». Il est donc de notre intérêt de la développer. Je viens donc pour trouver des solutions à des problèmes qui existent, mais en y travaillant avec tous les acteurs. » Dès sa prise de fonction, Antoine Santimaria a rencontré les élus, les membres du personnel et leurs représentants, et il se dit satisfait de ces premiers contacts. Il reconnaît que l’établissement est dans une situation financière délicate, due à une trop grande confiance en la puissance de la structure, au cours des 6 dernières années. Il estime pour autant qu’il n’y a rien d’insurmontable. « Il s’agit maintenant de tous se retrousser les manches pour sortir de cette ornière au lieu de s’y enfoncer », résume-t-il. Mais la tache ne lui fait pas peur. Il faut dire qu’il a eu à faire face à des situations autrement plus compliquées. À Metz, il dirigeait ainsi deux lycées agricoles distants de 40 km l’un de l’autre. Sensés travailler en synergie, les deux établissements étaient plutôt en état de guerre ouverte lors de son arrivée, sur fonds de crise financière grave. 5 ans plus tard, la situation économique des deux entités était rétablie, grâce notamment à l’arrivée de 300 apprenants de plus gagnés sur cette période, et la méfiance entre les deux avait fait place à un vrai partenariat. « Je travaillerai de la même manière ici », déclare-t-il. « En prenant tous les avis en compte et en partageant avec les équipes le résultat des diagnostics réalisés et les décisions à prendre pour résoudre les problèmes rencontrés. »
Antoine Santimaria plaide enfin pour redonner à l’enseignement agricole la place qu’il mérite dans le paysage éducatif français. La modernisation des équipements informatiques, des bâtiments ou du matériel agricole est pour lui vitale. Mais la balle est dans le camp du Conseil Régional, propriétaire des murs, et du ministère. « Investir dans un établissement comme le nôtre, qui a des élèves et des perspectives, ce n’est pas à fonds perdus », insiste-t-il. « Nous sommes quand même un pôle scientifique de première grandeur, avec des partenaires comme l’INRA ou l’ENSAT, qui contribue à la création d’emplois, de valeur ajoutée et d’intelligence. L’agriculture et tous les métiers qui en découlent sont des atouts pour le pays et je vois une grande noblesse à l’enseigner à nos jeunes. » Un message qu’on espère tous qu’il soit entendu…